Appelée
hier en consultation à la présidence de la République,
la conservation du Pr. Awa Marie Coll Seck au poste de ministre de la
Santé et de la Prévention dans le nouveau gouvernement du
Premier ministre Idrissa Seck, est, si elle se confirme, révélatrice
d'un fait précis. Cette Femme est à sa place.
Si on revisite l'histoire, de 1960, à l'avènement de Mamadou
Diop (entre 1978 et 1984), de l'occupation de ce poste ministériel
(qui détient, il faut le rappeler, avec celui de l'Education nationale,
la plus grande part de la demande sociale), les médecins comme
le Pr. Awa Marie Coll Seck, notamment les Drs Daouda Sow, Makhtar Ndiaye,
Abdoulaye Ly, Amadou Cissé Dia (rappelé à Dieu récemment)
et autres, n'ont pas eu à agir comme précurseur, sur la
promotion du statut des personnels de santé.
Une planification réelle du développement de la santé
n'a vu le jour qu'avec Mamadou Diop, qui a eu à asseoir durablement
l'implication municipale dans ce secteur et le démarrage de programme
sanitaire. Suivront Assane Diop et Ousmane Ngom, qui ont eu à leur
tour respectif à faire avancer les choses à travers les
programmes départementaux et régionaux de développement
sanitaire, puis, en octobre 1997, la grande et ambitieuse planification
sanitaire par la mise en oeuvre du PDIS, premier plan quinquennal du Plan
national de développement sanitaire (1998-2007).
Ce sont Abdou Fall, et jusqu'à ce jour, le Pr. Awa Marie Coll Seck
qui ont fait franchir des pas sérieux et fermes à ce secteur,
embourbé dans des grèves innombrables et une longue rétention
des informations sanitaires activée par les syndicats de la Santé.
Il est vrai que les 4500 agents environ que compte le secteur de la santé
a vu la dissipation de leurs frustrations suscitées par le manque
de motivation et la non-obtention d'accords sur des primes diverses.
Les difficultés avaient été campées par les
assises nationales sur la santé, organisées par Abdou Fall.
Le secteur sortait ainsi petit à petit d'une "torpeur".
La venue à sa tête d'une des siennes, le Pr. Awa Marie Coll
Seck, médecin et syndicaliste, qui s'est longtemps battue pour
les mêmes revendications citées plus haut, a permis d'asseoir
un dialogue social permanent.
Si on devait énumérer les réalisations de Awa Marie
Coll Seck, on citerait, outre ce dialogue social permanent, la mise en
place d'un plan de recrutement dans le cadre du développement des
ressources humaines, d'une étude pour la motivation des personnels
de santé, les avancées sur le statut des personnels de santé,
la détermination de l'implication des ONG et des collectivités
locales, la démocratisation de l'accès aux soins et la participation
des personnels de santé à la gestion des structures de santé,
notamment au sein des conseils de gestion qui devrait faire oublier l'opacité
dans laquelle évoluaient les comités de santé. D'autres
mesures, déjà mises en route, méritent aussi d'être
citées, comme celles concernant la contractualisation grâce
à laquelle des dizaines de postes de santé restées
des mois voire des années fermés ont pu être (r)ouvertes,
les mutuelles de santé, la visibilité dans les programmes
et projet de santé, la décentralisation des ressources avec
le choix de comptables régionaux, la considération des écoles
de formation privées des futurs agents de santé, la carte
sanitaire, le développement de l'approche communautaire, l'accès
facile aux médicaments, notamment par les personnes défavorisées
et du troisième âge, la promotion des médicaments
génériques, etc.
La récente épidémie de fièvre jaune a un peu
déteint sur ces avancées méthodiques effectuées
peu à peu dans ce secteur réputé très difficile.
La capacité de réaction du système de santé,
reconnu d'ailleurs dans la sous-région, a permis encore une fois
de contenir cette flambée épidémique, qui aurait
pu être fort dommageable pour le Sénégal. Il reste
que d'autres chantiers restent et des urgences pointent le nez. Les chantiers
sont : la surveillance épidémiologique, la poursuite de
la construction d'une forte, large et durable politique de prévention
contre les maladies transmissibles et celles non transmissibles chez lesquelles
on observe, depuis ces dernières années, une recrudescence
exacerbée par la pauvreté, la promiscuité, la non-observance
des règles élémentaires d'hygiène, etc.
Cette prévention est chère au chef de l'Etat, qui l'a d'ailleurs
rappelé récemment, lors des assises à Dakar des gynécologues
et obstétriciens. Il reste à mettre en place un plan national
d'IEC, puis à maîtriser durablement les canaux de communication
idoines pour la mise en oeuvre de ce plan, sur la base des réalités
socioculturelles, démographiques, linguistiques, urbaines et rurales.
La diversité des médiats peut y apporter une grande contribution.
La capacité reconnue du Pr. Awa Marie Coll Seck dans le plaidoyer
devrait pousser plus loin encore le développement sanitaire national,
surtout dans l'organisation des secours médicalisés pré-hospitalières,
le contrôle (interministériel) des produits alimentaires
et des médicaments importés ou locaux, la promotion des
médecines traditionnelles, la transparence dans la gestion des
ressources, la médecine scolaire, la santé des enfants et
des femmes, la coopération internationale bilatérale ou
multilatérale, l'accès aux soins des populations des zones
périphériques et surtout enclavées.
Lire l'article original : http://fr.allafrica.com/stories/200211060254.html
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