Le
monde entier a choisi pour thème de campagne de lutte contre le Sida 2002-2003
"stigmatisation et discrimination". Le Burkina Faso célèbre le 1er décembre
2002 à Banfora, la journée anti-Sida.
En prélude à cette journée, Mme Brigitte Thiombiano , présidente de la
Clinique pour la promotion de la santé familiale (CPSF) dans cet entretien,
nous présente tout d'abord sa structure avant de nous situer sur le pourquoi
de ce thème.
Sidwaya
:
Parlez-nous de la Clinique pour la promotion de la santé familiale (CPSF).
Brigitte Tiombiano : La Clinique pour
la promotion de la santé familiale s'occupe de tout ce qui concourt à
la santé de la famille. Nous recevons les jeunes pour leur expliquer entre
autres, les organes génitaux féminin et masculin, les cycles menstruels.
Nous donnons des services gynécologiques des consultations prénatales
et postnatales et la planification familiale. Nous disposons d'une gamme
variée de méthodes contraceptives. Nous distribuons des pilules contraceptives.
En outre, nous disposons d'un laboratoire de dépistage du VIH. Dans le
domaine du Sida, nous avons commencé la sensibilisation depuis belle lurette.
En planification familiale, nous avons intégré l'aspect maladies sexuellement
transmissibles. Nous avons fait de la formation et de la sensibilisation
des agents sociaux, des médecins... Nous assurons par ailleurs la formation
de toute association qui le désire. Nous intervenons dans le domaine genre-VIH/Sida.
Nous avons initié, en collaboration avec l'association Alaavi, la prévention
de la transmission mère-enfant (PTME). Toute femme enceinte qui se présente
dans nos structures de santé a la possibilité d'avoir des informations
concernant les moyens de dépistage à sa portée. Elle est informée de la
possibilité d'une prise en charge psychologique et médicale. L'administration
d'un antirétroviral permet de réduire la transmission du VIH de la mère
à l'enfant de 50% donc, la possibilité de sauver l'enfant.
Sidwaya
:
En tant que structure de lutte contre le Sida, qu'est-ce que votre association
prévoit comme activités pour la campagne 2002-2003 ?
Brigitte Tiombiano : Nous mettons
un accent particulier sur les femmes, les filles et les enfants. Ils constituent
une frange plus vulnérable et plus exposée. C'est également la frange
qui n'a pas les moyens de se prendre en charge en matière de VIH/Sida.
Nous prévoyons au cours de cette campagne dans un premier temps, la sensibilisation
au sein de nos structures de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso. Par ailleurs,
tous ceux que nous avons formés en tant qu'acteurs potentiels dans la
lutte contre le Sida, seront mobilisés au cours de cette campagne. Ils
doivent surtout amener la population à faire le dépistage. Sans le dépistage,
nous ignorons tout de notre sérologie. Amener la population à faire le
dépistage Il faut se départir de la peur. Le dépistage est un mal nécessaire.
Il est un passage obligatoire. La discrimination, la stigmatisation sont
toutes des points sombres de cette infection. Ainsi du 29 novembre au
6 décembre 2002, nous allons faire dans nos structures, un dépistage gratuit
pour tous ceux qui sont intéressés. Nous mettrons le maximum pour rassurer
et convaincre les gens de la nécessité du dépistage. Nous garantissons
après le dépistage, la prise en charge psychologique et sociale. Le dépistage
reste et demeure le point de départ dans toute action de lutte contre
le Sida. Nous entendons également au cours de cette campagne, organiser
des jeux radiophoniques afin d'amener le public à mieux connaître la Clinique
et l'amener à connaître le mode de contamination, les moyens de prévention,
et des structures des PVVIH. Il est aussi prévu de primer un poème qui
aura retenu l'attention du public. Les poèmes devront respecter les termes
de référence donnés pour la promotion de sa santé familiale.
Sidwaya
:
"Stigmatisation et discrimination" est le thème de la campagne mondiale
contre le Sida 2002-2003. Quelle est votre appréciation ?
Brigitte Tiombiano : Le slogan choisi
pour cette campagne est '"vivre et laisser vivre avec le Sida". Qu'on
soit affecté ou pas, séropositif ou pas, l'essentiel est de faire le maximum
pour vivre et de permettre également aux autres de vivre sainement. Stigmatisation
et discrimination pourquoi ? Depuis le début de cette pandémie, tous ceux
qui étaient infectés souffrent de la marginalisation. Ils n'avaient pas
accès à certains égards de la communauté. Ils étaient mis à l'écart de
tout programme de développement et de toute considération humaine. Ils
étaient délaissés et montrés du doigt comme des parias, des indésirables.
Ils sont des êtres humains, ils ont des droits . Il est donc normal qu'ils
aient la considération et le respect de toute la communauté. Ils ont besoin
de toute la communauté. Ils ont besoin de soutiens psychologiques, physiques
et matérielles. La stigmatisation et la discrimination bafouent la dignité
de l'homme. A la limite, elles peuvent engendrer le suicide. C'est ce
que nous décrions. Qu'il n'y ait plus de stigmatisation et de discrimination
envers les Personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Personne n'en est à l'abri.
Nous devons solidairement effacer la stigmatisation et la discrimination
des PVVIH. Nous devons considérer le Sida comme un mal afin que ce monde
soit beaucoup plus humain.
Sidwaya
: Comment
voyez-vous l'avenir de la lutte contre le Sida au Burkina Faso ?
Brigitte Tiombiano : Si tout le monde
s'y met, nous le vaincrons.
Sidwaya
:
Avez-vous un appel à lancer ?
Brigitte Tiombiano : J'invite tous
les futurs couples à faire le dépistage. J'invite également les couples
déjà constitués à le faire. Cela ne veut pas dire que nous voulons insinuer
le manque de confiance au sein des couples. Mais sait-on jamais ? N'étant
pas des saints, nous devons accepter marquer une halte pour le dépistage.
Enfin j'invite, tout le monde à se faire dépister pour qu'ensemble, nous
éradiquions la pandémie du VIH/Sida.
Entretien
réalisé par Charles OUEDRAOGO
Lire
l'article original :
http://www.sidwaya.bf/sitesidwaya/sidawaya_quotidiens/sid2002_11_28/societe_4.htm
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