Les
populations de Némanding, village-carrefour de forte tradition
dans le département de Foundiougne, ont accueilli, mercredi dernier,
le réseau des parlementaires sénégalais sur la population
et le développement, engagé depuis quelques mois dans la
mise en oeuvre d'un programme de sensibilisation sur les effets néfastes
des mutilations génitales. D'ailleurs, ce programme est intitulé
: "les parlementaires du Sahel se mobilisent dans la lutte transfrontalière
contre les mutilations génitales féminines au Sénégal,
en Gambie et en Guinée-Bissau". Après Kaboa (région
de Kolda) et Kambadio (Guinée-Bissau), une séance publique
de sensibilisation contre ces pratiques néfastes à la santé
de l'enfant, notamment les mutilations génitales féminines,
a été organisée dans ce village de Toubacouta. Elle
a été présidée par le directeur de Cabinet
du ministre de la Famille et de la Petite Enfance, Amadou Yoro Ndiaye,
en présence du préfet de Foundiougne, Léopold Wade,
des parlementaires sénégalais et gambiens, des partenaires
au développement (ONG Tostan, FNUAP, UNICEF, Equilibre et Population
de Paris, Réseau "Islam et Population") et les populations
du Niombato, fortement mobilisées.
Au nom des femmes de Némanding, Mme Fatou Sarr a salué l'initiative
du réseau des parlementaires de venir sensibiliser les populations
sur les questions de santé, notamment sur l'excision, qui a été
abandonnée dans ce village. Aussi, devait-elle magnifier les multiples
actions de l'ONG Tostan qui intervient dans leur terroir dans les domaines
de la santé, de l'assainissement, de l'éducation
Préserver la santé de la femme
et de l'enfant
Le coordonnateur national du réseau des parlementaires sur la population
et le développement, M. Famara Sarr, estime que c'est "une
rencontre de dialogue, d'échanges avec les populations sur les
questions de santé". Il a précisé que cette
rencontre est importante, parce que c'est l'ensemble des pays du monde
réunis au Caire, en 1999, qui avaient pris cette décision
de travailler à la préservation de la santé de la
mère et de l'enfant". "Et le Sénégal, a-t-il
ajouté, s'est assigné, à travers une lettre de politique
de population, des objectifs dans le même sens du respect de ses
engagements". Les parlementaires, avec leurs partenaires au développement,
le ministère de la Famille, le ministère de la Santé
et de la Prévention sont unis dans cette dynamique de discuter
avec les populations. "Les questions de santé et de population
ne sont pas seulement techniques, mais c'est d'abord une question de compréhension
et de comportements.
Il faut que les populations comprennent ce qu'est la santé et qu'elles
veuillent bien adhérer à des dispositions utiles pour préserver
cette santé. Il a ajouté que le choix de Némanding
se justifie par le fait qu'il est un village-carrefour et cosmopolite
"où le message délivré va faire le tour de la
zone et même au-delà".
Législation contre les MGF
Le taux de prévalence des mutilations génitales féminines
est de 20% au Sénégal, 80% en Gambie et 50% en Guinée-Bissau.
Compte tenu du flux migratoire des populations transfrontalières,
comment faire régresser ce taux au Sénégal ?
Le coordonnateur des réseaux "Sahel sur la population et le
développement", M. Momar Lô, est d'avis qu'il faut nécessairement
harmoniser la législation sur le plan régional, puisque
le Sénégal a adopté, depuis toujours, des textes
pour pénaliser la pratique de la mutilation génitale féminine.
"En revanche, a-t-il noté, des pays de la sous-région,
comme la Gambie, la Guinée-Bissau, le Mali et tant d'autres ne
sont pas encore arrivés à ce stade législatif. "Nous
avons constaté que les populations qui veulent toujours pratiquer
l'excision vont dans les pays frontaliers pour faire cette pratique et
revenir tout tranquillement au Sénégal", soutient-il.
"Nous avons compris à travers cela, soutient-il, que cette
situation diminue l'efficacité de la loi". "C'est pourquoi,
dira-t-il, à côté de l'effectivité de la loi,
les parlementaires du Sahel s'organisent pour amener, d'une part, les
pouvoirs publics à réfléchir sur cette question,
afin de diminuer le taux de prévalence. D'autre part, il s'agit
pour eux de sensibiliser les populations, afin qu'elles se disciplinent
par rapport au respect dû à la loi.
Violation
des droits de l'homme
Selon lui, "l'essentiel est que les mutilations constituent des violations
des droits de l'homme, ce qui déteint sur le statut de la femme
et aussi aggrave certains fléaux comme le VIH/SIDA.
Présidant la cérémonie, le directeur de Cabinet du
ministre de la Famille et de la Petite Enfance a rappelé que tout
ce qui touche à l'intégrité physique des populations
constitue une préoccupation majeure pour les autorités de
ce pays. Il a ajouté que "La nouvelle Constitution accorde
une place de choix à la femme. Il a ajouté l'obligation
de préserver l'intégrité physique de la femme par
l'éducation, la formation, la sensibilisation et la mobilisation
autour de l'amélioration du statut de la femme".
Pour M. Amadou Yoro Ndiaye, "le Sénégal ne pourra mener
victorieusement ce combat qu'avec tous les pays de la sous-région
et en première ligne avec les pays voisins et frères de
Gambie et de Guinée-Bissau. Aussi, devait-il remercier les parlementaires
pour la qualité de leur engagement aux côtés du gouvernement.
Lire l'article original : http://fr.allafrica.com/stories/200211050064.html
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