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L'actualité de la santé en Afrique

Sida : le danger qui vient du gibier. Des chercheurs américains et camerounais ont découvert sur des Camerounais un virus apparenté au VIH et transmis par des singes - Cameroon tribune - Cameroun - 01/11/2004

Il serait donc possible d’attraper le sida, ou une nouvelle maladie aux manifestations similaires, en manipulant de la viande de brousse. Notamment la chair des grands singes (gorilles, mandrills et autres cercopithèques). C’est une nouvelle qui circule en réalité depuis le mois de mars dernier dans les milieux scientifiques internationaux, après sa publication dans la revue américaine "The Lancet" et sur divers sites Internet. Elle ne vient que de s’ébruiter au Cameroun et en Afrique centrale, dans les aires géographiques les plus directement concernées.
Mais le fait est là. Des chercheurs américains, conduits par Nathan Wolfe de l’université John Hopkins de Baltimore (Maryland), et des Camerounais, sous la direction du médecin colonel Eitel Mpoudi Ngole de l’hôpital militaire de Yaoundé ont récemment fait ensemble, cette découverte qui pourrait compliquer davantage la recherche d’un médicament contre le sida. Elle apporte en tout cas, des arguments nouveaux au sujet de l’origine animale du VIH.
Selon des propos de Nathan Wolfe, le chef d’équipe, publiés dans la revue "New scientist", "la transmission des rétrovirus entre l’homme et le singe est un phénomène courant qui mérite d’être pris au sérieux." Pour le cas d’espèce, une enquête a été menée au sein d’une dizaine de communautés rurales du Cameroun. Elle révèle que sur 1800 personnes examinées, 1100 avaient été en contact avec du sang et d’autres liquides organiques issus de singes. Et sur ces 1.100 personnes, 10 présentaient des anticorps à une famille de virus appelés les "spumavirus", ou en anglais : Simian foamy virus (SFV). Des virus de la même famille que le VIH, qui jusqu’ici n’étaient connus que chez les singes.
Les personnes infectées au Cameroun avaient été en contact avec trois espèces de primates (gorilles, mandrills et cercopithèques de Brazza). Un contact qui aurait été établi par la manipulation de carcasses d’animaux abattus, ou à la suite d’une morsure par des animaux blessés. D’après les articles, ces personnes présentaient des signes d’infection au VIH, mais les tests se sont avérés négatifs aussi bien au VIH qu’au SIV, son équivalent chez les singes.
Nouvelle souche du VIH, ou nouvelle épidémie en perspective ? Les scientifiques ne s’accordent pas encore. Connaissant la longue période d’incubation de cette famille de virus, il est peut-être encore trop tôt pour tirer les conclusions. Mais la vigilance s’impose. Les consommateurs de viande de brousse et surtout les chasseurs sont donc avertis. A l’hôpital militaire de Yaoundé, une campagne de sensibilisation a été lancée depuis quelques mois par l’équipe du colonel Mpoudi Ngole. Mais peut-être faut-il des actions plus visibles pour faire connaître les risques réels qui existent pour tous ceux qui vivent auprès des singes.

Yves ATANGA

Lire l'article original : http://207.234.159.34/article.php?lang=Fr&oled=j02112004&idart=20239&olarch=j01112004&ph=y

 

"Peut-être une nouvelle souche", l’éclairage du Dr. Léopold Zekeng, secrétaire permanent du Comité national de lutte contre le sida- Cameroon tribune - Cameroun - 01/11/2004

Cameroon tribune : Les autorités camerounaises ont-elles été informées des travaux de l’équipe de chercheurs américains ?

Docteur Léopold Zekeng : Le ministère de la Santé publique et le Comité national de lutte contre le sida ont reçu ces travaux quelque temps avant leur publication officielle. Les chercheurs ont effectivement réservé la primeur aux autorités camerounaises. Et nous avons donné notre accord par rapport à la publication.

Cameroon tribune : Au vu des conclusions, le lien entre le SFV et le VIH est-il clairement démontré dans cette étude ?

Docteur Léopold Zekeng : Ces virus font tous partie de la même famille. L’article auquel vous faites allusion montre effectivement qu’on retrouve chez les hommes des anticorps dirigés contre le SFV. Mais pour l’instant, ces personnes-là sont encore asymptomatiques. Il va falloir les suivre pour voir dans le temps, comment ils vont évoluer par rapport à leur immunologie, par rapport à la pathologie. C’est là l’intérêt : rechercher de façon globale si ces gens n’ont pas des anticorps dirigés contre ce virus, mais aussi les suivre au plan clinique pour voir s’ils arrivent à développer la maladie. Et au cas où ils la développeraient, voir s’ils sont sensibles aux différents antirétroviraux qui sont actuellement utilisés. Et pour l’instant, ils ne développent pas de maladie.

Cameroon tribune : Quelle est l’ampleur de ce type de transmission aujourd’hui ?

Docteur Léopold Zekeng : D’abord, on pense que la prévalence chez les singes est relativement faible. Ensuite, ce n’est pas une transmission qui arrive tous les jours. De façon globale, on sait que le VIH, qui est le virus de l’immunodéficience humaine, fait partie d’un groupe de virus qu’on appelle les rétrovirus. Chez les primates, notamment les singes, on trouve des virus de la même famille qu’on appelle les SIV (Soamian inmunodeficency virus). Les VIH, les SIV et une autre catégorie de virus sont responsables de l’immunodéficience. Si un individu est contaminé par le VIH, à un moment donné, son système de défense va être attaqué. En revanche, chez les primates, les singes en particulier, 15 à 20% vont héberger un SIV qui leur est propre. Chaque espèce héberge ainsi un rétrovirus avec lequel il vit en équilibre, sans jamais développer la maladie. Mais si l’on prend le SIV du singe vert pour l’inoculer au chimpanzé, ou vice-versa, dans une période de deux à trois semaines, ce changement d’hôte va développer un syndrome équivalent à l’immunodéficience, un sida comme celui qu’on voit chez l’Homme.

Cameroon tribune : A quel moment l’Homme intervient-il ?

Docteur Léopold Zekeng : C’est de là qu’est partie l’hypothèse de ce qu’on appelle aujourd’hui la transmission inter espèces. On pense très sincèrement que ce qu’on voit chez l’Homme aujourd’hui s’est passé il y a plusieurs centaines de millions d’années chez les singes. Le virus chez le singe serait passé, non pas une fois, mais environ cinq à sept fois du singe à l’Homme, pour développer ce qu’on appelle immunodéficience humaine. Cela amène donc à montrer l’origine animale du sida. Des études récentes l’ont démontré : quand on regarde un HIV, groupe N, que nous ne trouvons qu’au Cameroun, on se rend compte que ce virus a des morceaux de virus humains et des morceaux de virus qu’on retrouve chez les singes. On se rend compte aussi que les virus SIV qu’on identifie chez les chimpanzés sont très proches du HIV, avec une homologie de près de 95%. De même, les virus qu’on rencontre chez le singe vert sont très proches du HIV 2, qu’on retrouve en Afrique de l’Ouest. Ce sont ces éléments qui nous permettent aujourd’hui, sur la base de la transmission inter espèces, de penser que le VIH a une origine, non pas de manipulation bactérienne, mais plutôt simienne. Toute la communauté scientifique s’accorde là-dessus.

Cameroon tribune : Au cours de cette recherche, les personnes infectées par le SFV étaient séronégatives aux tests VIH et SIV. Cela ne compliquerait-il pas le traitement, au cas où le lien avec le sida était finalement établi ?

Docteur Léopold Zekeng : Quand on observe les rétrovirus, ils sont d’une très grande variabilité. Ils mutent beaucoup. Même au sein d’un individu qui est infecté, si vous isolez son virus dans le temps, vous vous rendrez compte que cinq ou dix ans après, il n’est plus exactement le même. La deuxième caractéristique de ce virus, c’est qu’il est très recombigène. C’est-à-dire, qu’il a la possibilité de développer ce qu’on appelle des recombinants. On peut donc y trouver un morceau qui appartient à ce groupe et un qui appartient à un autre groupe. La conséquence est que cela peut effectivement compliquer les problèmes de diagnostic. Il peut très bien arriver dans tout ce processus de mutation une nouvelle souche virale, que malheureusement les tests actuels ne détectent pas. C’est une hypothèse. On peut imaginer aussi que ces virus arrivent à muter au point où les antirétroviraux actuellement utilisés n’arrivent plus à agir contre eux. Mais la preuve n’a pas encore été apportée à ce sujet.

Cameroon tribune : Aujourd’hui, quelles sont les premières mesures qui vont être prises ?

Docteur Léopold Zekeng : Les implications de santé publique seraient de dire aux gens d’arrêter de chasser et de braconner. Mais avons-nous mis en place des solutions éducatives, pour effectivement informer les gens ? Avons-nous mis en place des solutions économiques ? N’oublions pas que ce commerce-là est très lucratif. Vous voyez tout ce que cette chasse du gibier rapporte de façon globale. Si l’on veut véritablement aborder cette problématique, il faut à la fois éduquer les populations sur les risques que cela comporte, et envisager des solutions économiques. Si les gens ne vont plus chasser, qu’ils aient des activités de compensation, qu’ils aient d’autres sources de protéines. Certaines parties de ces animaux-là sont également utilisées à but thérapeutique. Il faut faire de la prévention, mais c’est une prévention qui implique à la fois le CNLS, les ministères de l’Elevage, de l’Environnement et des Forêts. Il s’agit d’éduquer, d’informer la population sur les risques encourus quand on vit avec ces animaux ou quand on les chasse. Mais c’est une solution qui n’est pas simple. La transmission inter espèces est aujourd’hui démontrée. On sait comment le sida est passé du singe à l’Homme. Plusieurs enquêtes et études l’ont prouvé. Mais comme je le dis, il y a des dimensions économique et culturelle qu’il ne faut pas négliger.

Yves ATANGA

Lire l'article original : http://207.234.159.34/article.php?lang=Fr&oled=j02112004&idart=20221&olarch=j01112004&ph=y


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