Actualités de la santé
en Afrique
Novembre 2004

Au sommaire de cette semaine :

Burkina Faso :
© Prostate et ménopause : La solution du SAW PALMETTO

Cameroun :
© Sida : les pistes de recherche au Cameroun
© Gastro-entérologie : combler les lacunes
© Le service de psychiatrie au grand jour

Gabon :
© Recherches médicales : Le CIRMF désormais un outil de développement

RD Congo :
© Assainissement du milieu médical à Kinshasa
© Kinshasa sous la psychose de la fièvre typhoïde

Sénégal :
© Contre l'avancée du diabète : Issa Mbaye Samb plaide pour de nouvelles mesures

Togo :
© Sida : le Togo touché de plein fouet

Cette revue de presse est faite par nos services en accord avec les sources.
Seuls ces journaux détiennent les droits de reproduction de ces articles.
Si vous souhaitez exploiter autrement que pour votre propre usage, l'une des informations de cette rubrique, nous vous demandons de bien vouloir vous mettre en relation aves les responsables afin de solliciter leur autorisation.
Chaque article reproduit comporte le lien vers la page d'accueil du journal ainsi qu'un lien vers l'article original.
Merci de votre compréhension.

Nous vous souhaitons d'agréables moments sur
Santé Tropicale

Santetropicale.com
Page d'accueil de Santetropicale.com La Bibliothèque de Santé tropicale Le Kiosque des revues médicales africaines Dictionnaire Internet Africain des Médicaments Web médical africain Annuaire de la santé en Afrique Qui contacter ?

L'actualité de la santé en Afrique - Novembre 2004

Kinshasa sous la psychose de la fièvre typhoïde - Digitalcongo - RD Congo - 27/11/2004

Cette fois la fièvre typhoïde a dépassé le seuil du tolérable où elle se faisait chasser par le chloramphénicol, parce qu’elle provoque déjà un phénomène de morbidité marqué par la perforation des intestins du malade
La semaine écoulée, la ville de Kinshasa, sans s’être remise du choc des bulldozers et de l’insécurité récurrente et surtout sans avoir digéré les témoignages poignants de notre dossier sur le diabète, s’est retrouvée, comme dans un cauchemar, confrontée à une nouvelle calamité. Il s’agit de la fièvre typhoïde que les conditions misérables de la population ont élevée au rang de la "péritonite".
Ainsi alerté, une descente sur le terrain a permis d’en avoir le cœur net. Ci-dessous, les résultats de l’enquête. Les patients ou leurs proches, le personnel soignant, les gestionnaires et manufacturiers de l’eau, ce liquide vital, les scientifiques et les représentants du gouvernement ont donné de la voix à ce chapitre.
Effet, la sonnette d’alarme a été donnée depuis le 18 novembre par le Dr Diabeno, président de l’Ordre des médecins et chirurgien à l’Hôpital général de Kinshasa (ex-Mama Yemo). Lui et son équipe ont eu à opérer quelques cas dus à la complication de cette fièvre typhoïde, Ils ont appelé cela "péritonite". Ils s’en sont même dits débordés devant l’affluence des cas nouveaux à leur institution hospitalière. Des cas en réalité mal pris en charge ailleurs et qui se sont aggravés.

Réaction du gouvernement
Après le communiqué annonçant l’existence de l’épidémie, le gouvernement a réagi après quelques heures. Mme Anastasie Moleko, ministre de la Santé, s’est adressée à son tour à la population presque en ces termes : "Une infection perforatrice des intestins fait ravage dans la population. Les compatriotes des banlieues en sont le plus touchés. Les centres médicaux sont débordés. Le gouvernement de la République a mis des médicaments à leur disposition. Le peuple doit veiller au grain. En cas de fièvre, des douleurs abdominales et des selles liquides, il faut voir un médecin avant que n’arrive l’état de la perforation des intestins au bout de 21 jours. Ainsi, comme précaution, l’observance de nos vieilles règles d’hygiène est recommandée. Se laver les mains avant le repas et après les selles demeure indispensable. L’eau doit être bouillie avant sa consommation. Les repas doivent être pris quand ils sont chauds".
Voilà en substance la déclaration pleine d’enseignements et de volonté de vaincre le fléau. En dépit de la clarté de ce message, la population paniquée s’est livrée à des spéculations au point de provoquer l’aversion de consommer certains aliments pourtant vitaux sur le marché. Une vieille dame, après avoir suivi un journal télévisé, a éclaté en sanglots, ces mots suspendus à ses lèvres : "Que boirons-nous ? Que mangerons- nous ? N’est-ce pas la fin du monde ?"

Une famille dans la tourmente
A Kimbanseke, la famille de feu Badimani Kilubuya, résidant sur avenue Ebengo, N° 71 bis du quartier Mikondo, vit dans une grande tourmente. Le père ayant rendu l’âme ce 18 novembre, ses enfants sont contaminés par la maladie.
Leur source d’infection n’est pas à chercher ailleurs. Badimani Junior, l’adolescent orphelin qui accuse déjà des signes cliniques de la maladie, s’est confié au Potentiel en ces mots : "nous avons commencé à boire l’eau de la Regideso depuis ce 15 novembre.
Depuis toujours, nous nous alimentons en l’eau des puits qui ne sont pas loin d’ici. On voulait s’épargner de difficultés qu’il y a à payer les factures..."
Cette famille minée par la pauvreté espère néanmoins être prise en charge par les Ong philanthropiques. Et peut-être par l’Etat, le garant de la vie sociale de son peuple.
Des cas semblables à celui de la famille du pauvre Badimani sont légion dans ces cités dortoirs de Masina, Kimbansenke, Nsele (Mikonga et Mpasa) où les borne-fontaines installées çà et là par quelques Ong charitables sont numériquement insignifiantes. L’envahissement de ces coins par les plus démunis, à bout de souffle du loyer, nécessite l’alimentation de ces quartiers en eau courante et électricité. Le troisième millénaire doit être porteur d’espoir pour tous.

Point de vue d’un médecin
Le Dr. Kabamba Mbwebwe, chirurgien à l’Hôpital général de Kinshasa, a accepté de nous recevoir malgré le volume du travail en cette période de crise. La quintessence de l’entretien que nous avons voulu sobre a été centrée sur les mesures d’hygiène qui doivent être renforcées quand on sait le laisser-aller qui caractérise le Congolais. Et de manière concomitante sur des mesures politiques sévères qui devraient être envisagées pour contenir le fléau. En effet, le docteur ne voit pas comment faire face à cette maladie rien qu’avec les médicaments, du reste insuffisants et les interventions chirurgicales. "Mieux vaut prévenir que guérir". L’adage est connu de tous. Le mal s’il faut bien l’attaquer, a dit le Dr. Kabamba, c’est en commençant le boulot en amont.
Sur ce point précis, le gouvernement, bien que s’étant dédouané par l’apport des médicaments dans les centres de santé tries sur le volet — ce qui est de son devoir légitime et qui devait être accompli sans attendre l’épidémie — doit avoir le courage de :

  • s’attaquer aux centres de santé gérés par un personnel douteux ;
  • de contrôler systématiquement les fabricants d’eau dite "pure"à quoi il manque le petit phonème ‘i’ pour devenir "pire";
  • de supprimer les restaurants de fortune installés à tout coin de rue ;
  • d’interdire la vente de l’eau en sachets dont le conditionnement et la conservation posent problème.

Bien avant ces dispositifs, le Dr. Kabamba a remarqué que l’épidémie ne date pas d’aujourd’hui. C’est depuis avril de cette année que les malades se sont manifestés. Au départ, c’était des cas isolés, puis 12 à 15 patients par semaine se sont présentés à l’Hgk.
La seule période du 1er octobre au 15 novembre, a connu l’arrivée d’une centaine de cas. Voila qui a sonné le déclic.
Le malheur dans tout cela n’est pas seulement le déficit des médicaments et de la logistique nécessaire pour la chirurgie, mais c’est surtout la venue tardive des malades à l’hôpital, s’est encore plaint le médecin. La population doit être éduquée pour mieux s’orienter, voir le médecin et non les charlatans.
Certes, la culture et la connaissance ne suffisent pas. Le docteur devrait le savoir aussi parce que l’on ne va pas voir le médecin comme l’on va voir le pasteur du coin. Tant que la gestion transparente des finances publiques et la lutte contre la pauvreté ne se limiteront qu’au niveau de débat dans les salons huppés de nos gouvernants, la population n’aura jamais de beaux jours devant elle. L’enfer s’installera.
Et la fièvre typhoïde, loin d’être appelée la maladie des mains sales, sera dite banalement « maladie d’une ville sale » et incapable d’étancher la soif de ses habitants.

Le Potentiel/Hilaire Kayembre

Lire l'article original : http://www.digitalcongo.net/fullstory.php?id=45641

Retour au sommaire de l'actualité de cette semaine

Copyright © 2004 NG COM Santé tropicale. Tous droits réservés. Site réalisé et développé par NG COM Santé tropicale