Après le Kadiogo, le Boulkiemdé
et le Boulgou, le Bam vient d'être touché par le choléra.
L'épidémie s'est déclenchée à Momené,
village du département de Zimtenga situé à 38 km au
Nord de Kongoussi. A la date du 08 septembre 2005, sept (07) cas ont été
notifiés dont quatre (04) confirmés par le laboratoire du
Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHUYO).
C'est dans la semaine du 24 au 31 août que l'alerte a été
donnée. Selon nos investigations, le premier cas est survenu dans
une famille qui a accueilli un parent venu du quartier Nonsin (secteur n°19)
de Ouagadougou. C'était un bébé de deux (02) ans. Ce
cas a failli échapper à l'agent de santé du CSPS de
Momené compte tenu du fait que les diarrhées et les vomissements
sont fréquents chez les bébés. C'est quand la mère
a commencé à présenter les mêmes signes cliniques
que la "machine" de détection a été très
vite mise en place.
Des cas confirmés au laboratoire
Informé, le médecin-chef du district sanitaire de Kongoussi,
le Docteur Cyriac Da a, à son tour, saisi la direction régionale
de la Santé du Centre- Nord. Très vite, des prélèvements
ont été effectués chez la patiente et transmis au laboratoire
du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHUYO) de
Ouagadougou. Ce cas sera confirmé par ledit laboratoire le 1er septembre.
A la date du 08 septembre 2005, sept (07) cas, tous enregistrés à
Momené, ont été officiellement notifiés dont
quatre (04) confirmés après analyses de prélèvements
au laboratoire du CHUYO.
Les mesures prises
Avant même que les cas ne soient signalés et confirmés,
eu égard à la situation nationale, le District sanitaire de
Kongoussi était sur le "pied de guerre ". Il y a eu des
sorties de supervision et de renforcement des connaissances des agents de
Santé opérant dans les différentes formations sanitaires
du Bam et la sensibilisation des populations. Avec la confirmation, les
mesures ont été renforcées. Les 7 malades de choléra,
tous du village de Momené et provenant de trois familles, ont été
pris en charge gratuitement. Pour circonscrire l'épidémie,
les patients ont été isolés et les lieux fréquentés,
désinfectés. Les infirmiers traitants et les accompagnateurs
des malades se sont vu administrer des comprimés préventifs
et prier de respecter de façon stricte, les conditions d'hygiène
et les consignes de sécurité. La sensibilisation a été
intensifiée. Surtout à Momené et dans les villages
environnants. Un plan d'actions d'urgences a été élaboré
par le district sanitaire de Kongoussi et transmis au niveau supérieur.
Face à la situation, les autorités provinciales du Bam ne
sont pas restées les bras croisés. Chaque sortie est une occasion
de sensibilisation, d'appel à la mobilisation. Le mercredi 07 septembre
2005, le haut-commissaire, M. Siaka Ouattara a convié les préfets,
les directeurs provinciaux et les représentants des services techniques
à une rencontre qui s'est tenue à la salle de réunions
du CMA de Kongoussi. Les échanges avec la trentaine de participants
ont porté sur les mesures idoines à prendre pour faire face
à la situation. A l'issue des échanges, un comité provincial
de gestion de l'épidémie a été mis en place.
Présidé par le haut-commissaire lui-même, il a comme
vice-président le médecin-chef du district sanitaire de Kongoussi.
Les difficultés
Mais il ne faut pas se leurrer, le choléra une fois déclenché,
a la vie dure dans les pays en voie de développement. Pauvreté
engendrant un manque d'hygiène appropriée oblige. L'inaccessibilité
à l'information juste ou la désinformation ne font que compliquer
davantage la situation et la tâche des agents de santé. C'est
le cas au Bam où malgré la sensibilisation, les mesures d'hygiène
individuelle et collective ne sont pas satisfaisantes. Exemple, sur 22 vendeurs(ses)
d'aliments que nous avons rencontrés à Kongoussi, 17 affirment
être au courant de l'épidémie de choléra et seulement
3 disent utiliser le savon et l'eau de Javel pour désinfecter les
aliments. C'est pourquoi à la rencontre du 07 septembre, il a été
suggéré une large campagne de proximité pour bouter
"la maladie des mains sales" hors du Bam.
L'appel des autorités
Pour vaincre le choléra, il faudra une grande mobilisation et des
moyens appropriés. Une prise en charge efficace des personnes infectées,
de leurs accompagnateurs ainsi que la désinfection immédiate
du matériel utilisé et des lieux fréquentés
par ces derniers s'imposent. Il faut également mener une campagne
de sensibilisation de sorte à atteindre toute la province qui compte
plus de 255 000 habitants. Le district sanitaire à lui seul ne peut
donc le réussir. C'est pourquoi le haut-commissaire Siaka Ouattara
et le MCD/Kongoussi, le Docteur Cyriac Da qui ont conduit une mission à
Momené le 08 septembre ont lancé un appel à la population
et aux partenaires à appuyer les efforts du gouvernement burkinabè.
Car avec cette épidémie de choléra, c'est un second
front de bataille qui vient de s'ouvrir après celui de la famine.
M. Mahamoudou Sawadogo, responsable du C.I.S.S.E/Kongoussi
: "Le C.I.S.S.E, Centre d'Information Sanitaire et de Surveillance
Epidémiologique du district sanitaire de Kongoussi centralise les
informations et assure la surveillance de toutes les maladies à caractère
épidémique. A cet effet, nous signalons tous les cas suspects
en vue d'investigations approfondies et de la prise de mesures appropriées.
Et c'est ce que nous avons fait et très vite dans le cas de l'épidémie
de choléra qui s'est déclenchée à Momené.
Pendant que les personnes infectées sont soignées nous luttons
pour circonscrire l'épidémie, nous assurons la surveillance
des autres localités. Nous lançons un appel à la population
pour que tout cas suspect de diarrhée et de vomissement nous soit
signalé et le plus tôt possible ".
M. Ali Tarnagda, infirmier, chef de poste du C.S.P.S/Momené
: "Nous avons hospitalisé sept (07) malades du choléra
depuis le déclenchement de l'épidémie le 25 août
2005. On s'y est pris tôt. C'est pourquoi d'ailleurs on ne déplore
aucune perte en vie humaine. Six (06) des sept (07) personnes infectées
sont déjà guéries. Avec l'appui du district sanitaire,
les mesures de santé ont été renforcées : ravitaillement
en médicaments et consommables médicaux, renfort en personnel,
sensibilisation, désinfection des lieux à risque et des points
d'eau. Avec le soutien du comité de gestion du C.S.P.S et de celui
des leaders d'opinion, nous continuons la sensibilisation pour l'adoption
de mesures d'hygiène appropriées".
Dr Cyriac Da, MCD/Kongoussi : "A la date du 08 septembre
2005, sept (07) cas de choléra ont été enregistrés
dans le village de Momené. Les quatre (04) premiers cas ont été
confirmés après des analyses de prélèvements
par le laboratoire du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo.
Avant même ces cas, nous avons entamé une campagne de supervision
et de renforcement des connaissances des agents de santé depuis le
23 août. Il y a également la sensibilisation à grande
échelle que mène le service d'information, d'éducation,
de communication et d'assainissement (S.I.E.C.A) du district. Avec la confirmation
des cas suspects, les mesures ont été renforcées. Nous
avons pris en charge les personnes infectées. Nous nous battons pour
circonscrire l'épidémie. Dans cette lutte, nous avons le soutien
de nos supérieurs hiérarchiques : la direction régionale
de la Santé, les autorités provinciales du Bam, le ministère
de la Santé et l'ensemble du gouvernement de notre pays. Nous lançons
un appel à la population pour qu'elle renforce les mesures d'hygiène
individuelle et collective car le manque d'hygiène est la principale
cause de contamination. Nous invitons la population à rester solidaire
et vigilante. Notre souhait le plus ardent est que toute personne qui a
connaissance d'un cas suspect le signale systématiquement à
la formation sanitaire la plus proche pour que toutes les mesures appropriées
soient prises »
Propos recueillis par Loro Rigobert MALO
Lire
l'article original : http://www.sidwaya.bf/sitesidwaya/sidwaya_quotidiens/sid2005_12_09/sidwaya.htm