Les médicaments sont chers. Ils coûteront
Rs 1,6 milliard aux Mauriciens cette année. La solution est l’utilisation
des génériques, moins coûteux mais tout aussi efficaces.
Les Mauriciens sortent souvent des pharmacies plus malades que lorsqu’ils
y sont entrés. Cause du malaise : le prix des médicaments.
Cette année, ils devraient dépenser plus de Rs 1,6 milliard
dans les pharmacies, soit une moyenne annuelle de Rs 1 300 par tête
d’habitant. La facture s’alourdit à chaque visite chez
le pharmacien. Il ne reste plus qu’un seul remède contre le
mal de tête des patients et de l’Etat : les médicaments
génériques.
Le prix d’un médicament en pharmacie est influencé par
une série de facteurs : son coût à sa sortie du laboratoire
(plus on achète, moins cela coûte), l’évolution
du taux de change, le fret ainsi que la marge de profits des importateurs
et pharmaciens locaux. Si le gouvernement peut contrôler les marges,
il sait bien que freiner la baisse de la roupie par rapport aux principales
devises serait suicidaire pour les exportations mauriciennes. Par contre,
il est impuissant face aux prix des fabricants et les transitaires. La seule
marge de manœuvre pour faire baisser les prix est de revoir l’approvisionnement.
Le poids du marketing
Le marché mondial des produits pharmaceutiques est partagé
entre les marques et les génériques. Quand un laboratoire
découvre un nouveau remède, il le brevette. Ce qui l’autorise
à commercialiser ce médicament de manière exclusive
pendant une période qui varie entre 12 et 25 ans. Ce délai
passé, les autres laboratoires peuvent fabriquer le même remède.
Ils imposent alors le nom générique du médicament,
ou une autre marque, sur leurs produits. Par exemple, le médicament
Ibruprofène est commercialisé sous diverses marques : Nurofen,
Brufen ou Anadin. Ces comprimés contiennent le même ingrédient
actif et ont le même effet sur les patients. Seuls les excipients
– substances neutres dans lesquelles on incorpore un médicament
pour permettre son absorption – varient.
La différence majeure se situe au niveau du prix : les génériques
coûtent jusqu’à 80 % moins cher. Les grands laboratoires,
qui ne produisent que les marques, estiment que les prix élevés
sont justifiés. Ils disent investir massivement dans la recherche
et le développement, même s’ils ne révèlent
jamais le montant. Le revers de la médaille est hallucinant. Les
grands laboratoires dépensent beaucoup plus dans le marketing (Rs
800 milliards rien qu’aux Etats-Unis) et réalisent des profits
records.
Les médicaments génériques ont longtemps souffert d’idées
reçues. Les patients croyaient qu’ils étaient de qualité
inférieure aux produits griffés. Beaucoup de médecins,
qui bénéficiaient du gros budget marketing des laboratoires,
ont contribué à propager ce mythe. Le dicton veut que “les
médecins signent les ordonnances et les multinationales signent les
chèques”.
Considérés jusqu’ici comme les parents pauvres de l’industrie
pharmaceutique, les génériques ont aujourd’hui le vent
en poupe. Les gouvernements européens encouragent activement leur
utilisation afin de mieux contrôler les dépenses de santé,
tandis qu’aux États-Unis, plusieurs médicaments vedettes
tombent dans le domaine public.
Les gouvernements, les autorités de tutelle et les patients ont réussi
à découvrir ce qui fonctionne et l’accumulation des
preuves que les génériques sont sûrs et rentables signifie
que le vent souffle désormais fortement en leur faveur. Résultat
: la croissance de l’industrie pharmaceutique sera tirée par
les génériques au cours des cinq prochaines années.
En France seulement, le marché des “copies” croît
d’environ 60 % par an contre 10 % pour l’ensemble de l’industrie.
Nouvelle attitude envers les “copies”
Si le chiffre d’affaires des médicaments génériques
représente 12 % du marché mondial, ceux-ci représentent
déjà 25 % des volumes consommés : on prévoit
qu’en 2010, le marché des génériques pourrait
représenter 20 % de la valeur et 50 % des volumes consommés.
Autrement dit, un client d’une pharmacie sur deux recevra un produit
générique.
Le marché mondial des médicaments dépassera 600 milliards
de dollars cette année. L’industrie pharmaceutique continuera
à connaître une croissance à deux chiffres au cours
des prochaines années. Les principaux bénéficiaires
seront toutefois les fabricants de génériques. Les ventes
mondiales de médicaments génériques vont augmenter
chaque année de plus de 20 % pour atteindre 80 milliards de dollars
d’ici 2008.
Le monde a changé d’attitude envers les “copies”.
Il est grand temps que les Mauriciens en fassent de même. Les factures
allégées guériront les maux de tête.
Ryan
COOPAMAH
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