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Les cancers de foie pullulent au Sénégal : les spécialistes dépassés par le nombre et le dénuement

Le quotidien | Sénégal | 12/02/2010 | Lire l'article original

En prélude à la célébration après demain, de la journée mondiale contre le cancer au Sénégal, l’Institut du cancer de l’Hôpital Aristide Le Dantec a fait l’état des lieux de ces tumeurs dans le pays, tout en tirant la sonnette d’alarme sur l’ampleur du cancer du foie. Le nombre de cas de cancer du foie au Sénégal inquiète les spécialistes. Cette forme de cancer, qui se développe dans ce pays pose encore le problème de la mauvaise préservation des produits alimentaires. Même s’il n’a pu donner des chiffres précis sur l’ampleur de ce mal au Sénégal, le Pr Mamadou Diop, qui a fait face à la presse hier, indique que les cas de cancer du foie prennent des proportions insoupçonnées. En plus d’être plus fréquents sur le tableau des consultations, il tue pratiquement toutes ses victimes. Cette situation est due, selon Pr Diop, aux consultations tardives des patients qui trainent souvent le mal pendant de longs mois.

Cependant, précise le praticien, il n’est pas prouvé scientifiquement que l’huile ou un autre quelconque produit alimentaire donne le cancer du foie. Seulement, il a mis en index les conditions de conservation de l’arachide et des céréales, qui favorisent l’immixtion de l’aflatoxine dans le produit, le gangrénant de fait. C’est cet aflatoxine qui est cancérigène, éclaircit le Pr Diop qui en appelle au ministère de la Santé ainsi qu’à celui de l’Agriculture, pour travailler en étroite collaboration afin de sensibiliser les consommateurs sur le danger de la mauvaise conservation de certains produits. Dans cette veine, le spécialiste du cancer à l’Institut du Cancer de l’Hôpital Aristide le Dantec de Dakar, soulève des interrogations en rapport avec les conditions de fabrication de l’huile au Sénégal, et propose une surveillance accrue par les autorités compétentes pour mieux assurer la sécurité du produit au Sénégal.

En guise de prévention de ce mal, le Pr Diop insiste sur la nécessité de vacciner les enfants contre le virus de l’Hépatite A et B.
Derrière le foie, les cas de cancer du col de l’utérus et du sein suivent et posent également un réel problème aux spécialistes. Ces deux formes de cancer font légion et toujours, c’est le dépistage tardif qui met en péril le traitement. Des estimations font état de 75 à 80% des consultations qui arrivent à un stade très avancé du cancer, alors qu’un dépistage précoce permettrait un traitement rapide et à moindre coût. Pour prévenir le cancer du col, le Pr Mamadou Diop promeut le vaccin qui existe, mais avertit que dès injection, il est impératif de suivre le dépistage. Pour le cancer du sein, le spécialiste conseille l’auto-examen fréquent des seins, tout en plaidant pour un équipement progressif des districts en mammographie et en laboratoire de cytopathologie. Mieux, pour circonscrire le mal, il faut impliquer tous les radiologues et pathologistes.

Tout ce paquet de la prise en charge des cas de cancer est pourtant inclus dans le Programme national de contrôle du cancer, qui peine à être mis en œuvre. Non seulement le Pr Diop demande l’augmentation du budget de ce programme, mais réclame aussi son déroulement, pour sauver encore ce qui peut l’être. Ce, en attendant l’arrivée du Programme «Pact» de l’Agence internationale à l’énergie atomique qui a choisi d’aider le Sénégal, parmi d’autres pays en développement, à mieux traiter ses cas de cancer, qui sont globalement estimés entre 10 et 12.000 par an. Mais l’Institut du cancer ne reçoit lui, que 1000 cas par an, s’empresse d’ajouter le Pr Diop.
Par ailleurs, le spécialiste souligne l’insuffisance du personnel médical évoluant dans le cadre du cancer. Aujourd’hui, le Sénégal ne compte qu’un seul médecin oncologue, qui, d’ailleurs, est toujours en formation. Il n’existe également qu’un pathologiste, 3 chirurgiens oncologues, 2 radiothérapeutes et 5 techniciens de radiothérapie. Pour combler le gap, le Pr Mamadou Diop encourage l’octroi des bourses aux étudiants pour leur permettre de s’imprégner davantage du cancer et le combattre à l’image de ce qui se fait dans les pays du Maghreb.

Par Aly FALL

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