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Revue de presse de santé tropicale

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Pr. Baye Assane Diagne, responsable de la chaire d’urologie à l’Ucad : « Le cancer de la prostate risque de devenir la première cause de mortalité chez l’homme »

Le soleil | Sénégal | 03/02/2012 | Lire l'article original

Le Pr. Baye Assane Diagne est le responsable de la chaire d’urologie à la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontostomatologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. En marge de la conférence organisée par l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (Ansts), le Pr. Diagne tire la sonnette d’alarme sur l’augmentation fulgurante de la prévalence, au Sénégal, au cours de ces dernières années.

Dans votre communication, vous signalez que le cancer de la prostate est un gros problème. Qu’est-ce qui peut justifier une telle assertion ?

Le cancer de la prostate, à la lumière de nos travaux et de notre expérience hospitalière, est devenu le premier cancer en urologie au Sénégal. Avec l’accroissement de la population des sujets âgés et avec le fait qu’il y a des gènes de susceptibilité et de prédisposition chez les noirs, il risque d’être la première cause de mortalité chez l’homme.

Est-ce que, lorsqu’on a un parent qui a le cancer de la prostate, on est un sujet à risque ?

Il y a des formes familiales du cancer de la prostate. Lorsqu’on a un parent qui a un cancer de la prostate, il y a des chaînes. Il y a un substrat qui est génétique. La transmission génétique ne se fait pas obligatoirement. Autrement dit, le fait d’avoir un parent atteint du cancer de la prostate ne veut pas dire qu’on sera obligatoirement atteint par la maladie. Mais, si l’on reçoit des gènes, on est plus exposé que celui qui ne les a pas reçus. Si bien que celui qui a un parent qui a un problème de prostate, même si nous n’avons pas la certitude qu’il est plus exposé, il doit commencer à faire des explorations à partir de 45 ans pour pouvoir détecter la maladie tôt et, en cas de besoin, être traité précocement.

On constate que la maladie touche certains jeunes. Quelle est l’explication à cela ?

Le cancer de la prostate survient normalement chez le sujet âgé. Chez le noir, du fait de ces problèmes génétiques, on peut voir des cas chez les sujets beaucoup plus jeunes qu’ailleurs.

Peut-on guérir du cancer de la prostate ?

Oui ! On peut guérir du cancer, à condition qu’il soit diagnostiqué à une phase où il est encore localisé. Lorsqu’il est localisé, le traitement permet de guérir définitivement du cancer.

Ne faudrait-il pas organiser une campagne nationale de dépistage ?

Le dépistage national va, d’abord, poser le problème du nombre de malades qu’on va dépister. Parce que le cancer de la prostate, au début, n’a presque pas de manifestation. On découvrira un nombre impressionnant de cancers de la prostate et nous n’avons pas les moyens de les prendre en charge, ni sur le plan humain, ni sur le plan matériel, ni sur le plan financier. La plupart des pays riches ne font pas un dépistage national. Par contre, il faut faire un dépistage individuel. Il faut sensibiliser les populations sur ce problème. Ceux qui ont les moyens doivent aller en consultation à partir de 50 ans, une fois par an. S’ils ont un parent qui avait un cancer de la prostate, ils doivent le faire à partir de 45 ans. Le deuxième problème est que si nous faisons un dépistage à grande échelle, nous allons faire un sur-diagnostic, c’est-à-dire qu’on découvrira les cancers de la prostate qui ne se manifesteraient jamais. Et l’individu aurait vécu, jusqu’à la fin de sa vie, sans problème, alors que si le cancer a été découvert, on se mettrait à lui administrer les traitements agressifs.

Est-ce que la circoncision précoce est protectrice contre le cancer de la verge ?

Ce sont des données statistiques. Il n’y a pas de véritables explications scientifiques basées sur une expérimentation. Mais, ce que nous savons de façon statistique, partout dans le monde, les sujets qui sont circoncis tôt ne contractent pas le cancer de la verge. Depuis plus de 50 ans, nous n’avons pas constaté de cancer chez les ethnies qui pratiquent la circoncision à bas âge. En revanche, ce sont les sujets circoncis tardivement qui risquent de développer le cancer de la verge. Mais, une fois de plus, il n’y a pas de raison scientifique pour le justifier.
Toutefois, il y a un peu une explication scientifique. Car, lorsqu’on n’est pas circoncis, le liquide blanc qui est secrété au niveau de la verge est agressif contre la verge. En plus, il y a des infections qui sont plus fréquentes chez les sujets non circoncis qui peuvent favoriser le cancer de la verge. Il faut savoir que la circoncision a, aujourd’hui, une autre vertu, c’est de protéger contre l’infection VIH/Sida.

Propos recueillis par I. SANE et Maguette Guèye Diédhiou

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