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Hypertension artérielle : le mal géniteur du pire

Le quotidien | Sénégal | 14/02/2012 | Lire l'article original

Il est rare de voir un sujet hypertendu suivre un seul traitement. C’est parce que dans la plupart des cas, le patient traîne aussi d’autres pathologies qui, si elles ne sont pas beaucoup plus graves, le sont à égal degré. Voilà un autre visage de l’hypertension artérielle décrit par le docteur Abdoul B, chef du service Cardiologie de l’hôpital Aristide Le Dantec, lors d’une discussion sur le sujet, à l’initiative de la Fondation Sonatel.

Les femmes ont sursis à leur tontine des après-midi et autres activités favorites, les hommes à leur rencontre autour du damier et des jeux de cartes à la grande place publique. D’autres n’ont pas répondu à l’appel à la prière du muezzin à la mosquée. Dans d’au­tres circonstances, ils n’auraient raté, pour rien au monde, ces occupations si importantes pour certaines personnes du troisième âge. Mais pour cet après-midi la raison en valait la peine, car c’est de leur santé dont il s’est agi. En effet, dans le cadre des ses après-midi de sensibilisation contre les maladies chroniques, la Fondation Sonatel a organisé une conférence-débat autour de l’Hypertension artérielle (Hta). Une maladie qui aujourd’hui hante le sommeil de bon nombre de pères, mères ou tout simplement de familles entières.

Venus nombreux des quatre coins de Dakar, ces hommes et femmes d’un certain âge, tels des enfants en classe d’initiation, ont suivi de façon attentive la leçon du «maître» du jour, le docteur Ab­doul Ba, chef du service Car­dio­logie de l’hôpital Aristide Le Dan­tec. Le vent glacial qui soufflait dans le jardin de la Fondation Sonatel sis sur la route de Ouakam, qui a abrité la rencontre, n’a pas fait frémir ces personnes, pour la majorité du troisième âge. Telle­ment elles étaient intéressées par le sujet. Les commentaires en sourdine qui caractérisent les rencontres des femmes se sont même tus, laissant place à des grimaces en signe de désolation à la vue des images qui apparaissent sur les écrans, relatant le processus de destruction de l’organisme par la maladie. C’est la stratégie utilisée par Docteur Ba pour mieux faire comprendre à son assistance l’ampleur, la gravité et le pouvoir destructeur de cette maladie appelée «tueur silencieux».

Hypertension, Avc et arrêt cardiaque : une mort à coup sûr

L’hypertension est une maladie due à une pression artérielle trop élevée. Selon Docteur Ba, toute personne dont la tension dépasse les 14-9 est considérée comme hypertendue. Le patient manifeste des signes allant de troubles respiratoires, de toux, d’essoufflement jusqu’aux pieds enflés. Mais elle serait moins critique si l’effet secondaire se limitait à des anomalies, car l’hypertension artérielle entraîne avec elle un lot de ma­ladies aussi destructrices. Avec un brin d’humeur qui n’affecte en rien la qualité de son message, le cardiologue revient sur ces maladies engendrées par l’hypertension. On peut citer l’insuffisance cardiaque, due selon Docteur Ba à une fatigue du cœur. Celui-ci est gêné par des artères bouchées dans sa mission de pomper le sang. C’est d’ailleurs ce qui est à l’origine des infarctus ou arrêt cardiaque qui conduisent souvent à la mort du sujet. Ce procédé peut aussi être observé au niveau du cerveau. Les artères étant bouchées, le sang ne peut plus circuler de façon correcte. Dans ce cas, on parle d’Accident vasculaire cérébrale ou Avc. Il peut être un Avc stérique qui entraîne une paralysie d’une partie du corps ou un Avc hémorragique qui se solde le plus souvent par un coma qui se termine par la mort.

Avec l’énumération de toutes ces maladies qui guettent l’hypertendu, la peur pouvait se lire sur les visages du public. Mais elle a été plus perceptible chez les femmes qui certainement ne sont pas affectées par la maladie lorsque le docteur a annoncé que la raison du mal est inconnue. «Dans 95% des cas d’hypertension les causes ne sont pas identifiées», fait noter le spécialiste. Ce qui fait de l’hypertension une maladie dont le traitement est très long. «C’est logique qu’une maladie dont les causes ne sont pas totalement connues, que son traitement soit aussi difficile.»

La prévention, le seul remède

Mais certaines caractéristiques poussent les spécialistes de la question à lui relier des facteurs. Il s’agit selon Docteur Ba de la vieillesse, du stress ou encore de la nourriture souvent trop salée. Des éléments qui tous rythment le quotidien des Sénégalais. Donc de quoi pousser certains à écarquiller les yeux en se demandant que faire. C’est alors là que le médecin sert la ponction magique qui, à coup sûr, éloigne en tout cas dans la majeure partie des cas, la ma­ladie. Il s’agit de la prévention, seule solution pour y échapper.

Les femmes sont alors interpellées surtout concernant les mesures hygiéno-diététiques. «Il faut éviter de manger salé ou trop huilé», conseille Dr Ba. L’attention des hommes a aussi été attirée : «Il faut éviter de tomber dans le piège des femmes qui vous font manger», car prévient le médecin, «l’obésité abdominale est facteur de risque d’hypertension». De même que certains médicaments comme les anti-inflammatoires, les corticoïdes et les pilules contraceptives.

Mais ils ne sont rien comparés à la cigarette. «C’est un scandale», dit-il. Pour cette raison, il invite les parents à faire de la prévention au niveau familial, leur affaire. «La prévention doit commencer dès le bas âge en rompant avec les mauvaises habitudes alimentaires des enfants qui influent souvent sur leur obésité». Cela est d’autant plus important que selon le spécialiste, ces sujets jeunes ne sont pas épargnés par la maladie. Docteur Ba exhorte aussi les personnes âgées à faire des activités physiques comme la marche, et les femmes enceintes à faire preuve de plus de vigilance. Selon Dr Ba, cette étape de la vie d’une femme est aussi un facteur à risques ; d’où l’importance des visites prénatales.

Écrit par Diacounda Sène

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