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Revue de presse de santé tropicale

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Pr. Abdarrahmane Dia doyen de la Faculté de Médecine sur le concours d’agrégation du Cames : « Nous avons eu 18 majors et le Prix du meilleur candidat »

Le soleil | Sénégal | 20/11/2012 | Lire l'article original

Le Sénégal a marqué de son empreinte le 16è concours d’agrégation du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (Cames) tenu à Libreville, au Gabon. Sur les 44 candidats présentés par la faculté, 35 ont été déclarés admis. 18 sont sortis majors, c’est-à-dire premiers dans leurs disciplines respectives. Dakar a aussi obtenu le Prix André Gouaze, celui du meilleur candidat. Dans cet entretien, le doyen de la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odonto-Stomatologie, le Pr. Abdarrahmane Dia, revient sur ce succès.

Vous revenez du 16è concours d’agrégation du Cames en médecine avec 35 admis sur 44. Quelle lecture faites-vous de cette participation ?

Effectivement ; nous sommes rentrés avant-hier (ndlr : jeudi dernier) matin du concours d’agrégation de médecine, pharmacie, odontologie, médecine vétérinaire et productions animales. Le concours s’est tenu, du 4 au 13 novembre 2012, à Libreville, au Gabon. Il a regroupé 180 candidats, dont 44 Sénégalais, dans toutes les disciplines. Nous avons eu, comme vous l’aviez annoncé, 35 admis sur 44 candidats présentés, soit un taux de 79,54 %. Ce concours a été un grand succès pour nous, puisqu’au-delà de ce nombre important d’admis, nous avons eu 18 majors dans leurs jurys et le Prix André Gouaze du concours du Cames, c’est-à-dire le meilleur candidat. C’est la 2è fois, de façon consécutive, que la faculté remporte ce prix depuis 2010, année de sa création. C’est dire que globalement, c’était très satisfaisant. Mais la satisfaction vient du fait que le concours a été bien préparé non seulement sur le plan pédagogique, avec l’encadrement de la faculté à travers la commission d’encadrement et de préparation des candidats, mais surtout avec l’accompagnement au plan administratif. Le rectorat et la faculté ont fourni d’énormes efforts, cela, sous le couvert du ministère de l’Enseignement supérieur qui a mis les moyens, parce que 44 candidats, ce n’est pas une mince affaire. Je pense que les moyens ont été à la hauteur des résultats attendus. Je rappelle qu’il y a eu 22 Sénégalais parmi les 145 membres de jurys. Le Cames compte 19 pays.

Malgré tout, il y a eu 9 recalés, n’est-ce pas beaucoup ?

Oui, on aurait bien voulu que ce soit 100 %. C’est beaucoup, car notre objectif, c’est d’avoir beaucoup plus que cela. Mais, c’est un concours avec ces aléas. Ils sont recalés, mais cela ne veut pas dire qu’ils sont mauvais. C’est simplement un problème de conjoncture. Il ne faut surtout pas se décourager. Il faut se remettre au travail et se dire que la prochaine fois sera la bonne, et j’en suis convaincu.

Selon vous, qu’est-ce qui n’a vraiment pas marché pour ces gens ?

Vous savez, il y avait 145 jurys. C’est beaucoup. Ces jurys sont internationaux, c’est-à-dire qu’il y a des Africains, des Européens, des Canadiens, etc. Chaque jury juge selon des critères préalablement définis et selon aussi une certaine autonomie. Pour savoir ce qui s’est réellement passé, il faudrait interroger chaque jury. D’ailleurs, c’est ce qui a été fait. Car, après échec, le jury reçoit le candidat malheureux pour lui expliquer ce qui n’a pas marché. Ainsi il évitera de retomber dans les mêmes erreurs.

Vous le disiez tantôt, il y a un encadrement préalable au niveau de la faculté. Est-ce à dire que ces candidats n’ont pas été bien pris en charge ?

Ils ont bien été pris en charge, puisqu’ils ont préparé avec les autres. Il ne faut pas oublier que le concours d’agrégation est extrêmement stressant et difficile. Il faut que le candidat arrive à gérer son stress. Evidemment, ils sont préparés à cela également. Mais, le jour du concours, c’est autre chose. Il y a une part individuelle du candidat qui doit pouvoir s’adapter à la situation.

Vous êtes le président de la Cidmef. Quelle est la part de cette structure dans l’encadrement des candidats ?

En tant que président de la Conférence internationale des doyens de facultés de médecine d’expression française (Cidmef), j’ai eu à prononcer un discours. La Cidmef est la francophonie médicale car elle regroupe actuellement 40 pays et 135 facultés de médecine réparties sur 4 continents (Afrique, Asie, Amérique, Europe). Elle participe à la préparation des candidats comme la Conférence internationale des doyens de pharmacie et celle de médecine dentaire. Elle donne des moyens pour la préparation des candidats. Je rappelle que Dakar est un centre Cidmef de la préparation au concours d’agrégation. La Cidmef offre des bourses. Elle donne aussi du matériel pédagogique. Elle met en place et continue de mettre en place des centres de préparation, particulièrement en Afrique centrale, parce qu’en Afrique de l’Ouest, nous en avons 2 et il est question d’en rajouter vu que le nombre de candidats augmente. La Cidmef est très sensible aux besoins de formation des pays du sud.

79,54 %, 18 majors, un prix. En tant que doyen, que ressentez-vous ?

Je suis particulièrement fier et content pour ces candidats. Cette joie et cette fierté sont également ressenties par la communauté, en particulier les collègues de la Faculté de médecine comme des autres universités, car nous formons une même communauté. Le succès de l’un est celui de l’autre. Cela veut dire que des efforts ont été faits et qu’il faut continuer à travailler. Seul le travail paie. Je félicite l’ensemble des collègues qui se sont investis et qui ont permis d’obtenir de pareils résultats.

La renommée de votre faculté est connue, que fait-elle pour maintenir toujours le cap ?

La Faculté de médecine est vieille. Elle est héritière de l’ancienne Ecole de médecine et de pharmacie qui date de 1916. Et depuis lors, sans discontinuer, elle a formé et continue de former. Ce sont des traditions, surtout avec l’institution de l’internat des hôpitaux qui constitue, jusque-là, l’un des meilleurs moyens pour former des spécialistes et des médecins de qualité. Ce sont ces traditions qui font qu’à chaque fois, et avec l’implication des uns et des autres, il y a un plus qui vient. Il s’y ajoute le respect des maîtres, l’émulation et la mise en place des commissions pédagogiques, dont je parlais tantôt et qui sont chargées de prendre en charge la préparation pédagogique des enseignants, c’est-à-dire dès l’étape d’assistant. Mais l’entrainement commence déjà au niveau de l’internat. L’interne des hôpitaux est pris en charge par ses patrons. Il s’y ajoute l’appui des autorités rectorales et étatiques. Ces derniers ne lésinent pas sur les moyens qui nous permettent d’engranger de très bons résultats.

A l’Ucad, votre faculté est qualifiée de structure «gâtée» : plus d’enseignants, moins d’étudiants, un gros budget. Qu’en dites-vous ?

Gâtée ! Je ne pense pas. C’est peut-être la rigueur, parce qu’il ne faut pas oublier que la Fmpos est une école qui travaille sur un matériel spécifique : l’humain. D’où la sévérité de la sélection. Ce qui est important aussi, c’est l’encadrement au niveau hospitalier, puisque la grande partie de la formation se passe dans les structures de santé. Donc, il faut un taux d’encadrement adéquat. On ne peut pas se permettre une pléthore. Cela risque de rejaillir sur la qualité de la formation. La médecine demande non seulement des connaissances scientifiques mais aussi un certain comportement, une certaine attitude conforme au métier de médecine. Lequel s’adresse à l’homme qui est quand même quelque chose de sacrée. Certes, on est peut-être gâtée, mais c’est aussi la rançon de l’effort. Chacun, en ce qui le concerne, fait tout pour que les choses aillent mieux.

Le Sénégal a lancé une vaste réforme pour améliorer la santé des populations. En tant que faculté, êtes-vous partie prenante ?

La Faculté de médecine a pour partenaire essentiel et obligé le ministère de la Santé et de l’Action sociale puisque nous formons pour ce ministère. C’est pourquoi nous sommes très impliqués dans ces réformes. Au-delà de la formation, la faculté assure un volet très important : celui des soins. Il y aura un relèvement du plateau technique dans les grandes villes, comme Dakar, et dans les régions, avec l’implantation des Ufr Santé dans les universités qui y sont installées. C’est dire que la qualité des soins va s’en ressentir. Raison pour laquelle nous travaillons avec le ministère qui nous associe à tout ce qui touche à la politique de santé du pays.

Qu’en est-il des concertations sur la santé ?

Nous sommes tout à fait partie prenante. Et n’oubliez pas que nos collègues sont les conseillers du ministère de la Santé. Nous travaillons véritablement en synergie.

Vous êtes à Le Dantec. Dans nos hôpitaux, les patients se plaignent de la prise en charge et surtout de l’accueil. En tant que praticien, que répondez-vous à cela ?

Vous savez, la prise en charge est complexe. Il y a plusieurs structures qui sont chargées de prendre en charge la santé des patients. L’autorité de l’hôpital relève d’une direction. Nous travaillons tous en synergie. Je peux dire qu’il y a des efforts à Le Dantec, où je suis dans l’accueil des patients. Un personnel a été formé pour accueillir et orienter les patients. Vous n’ignorez pas que Le Dantec constitue une véritable usine. Nous avons quelque 17.000 fréquentations par jour. Il faut une certaine logistique pour gérer tout cela. Le Dantec, qui est en train de fêter son centenaire, a l’ambition de devenir un hôpital de niveau 4. Un projet d’établissement est en train d’être finalisé. Je pense qu’avec l’équipement nécessaire et un parc technique extrêmement moderne, il va sans dire que l’accueil sera encore amélioré.

Entretien réalisé par Daouda MANE

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