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Le soleil | Sénégal | 12/01/2013 | Lire l'article original
Entre les mets très salés et/ou très sucrés, la consommation excessive de graisse, la sédentarité, presque toutes les conditions sont réunies pour l’installation et le développement d’une pathologie chronique qui n’a pour remède qu’un suivi médical régulier et un régime alimentaire équilibré. Focus sur une maladie qui prend des proportions alarmantes au Sénégal et dans le monde en général.
Les populations la désignent sous le terme générique de tension. Mais, l’expression médicale appropriée est bien Hypertension artérielle (Hta). Cette maladie traduit l’augmentation de la pression du sang dans les artères. Sa meilleure connaissance nécessite de comprendre le mode de fonctionnement du cœur et des artères qui sont des tuyaux connectés au cœur, explique le Pr. Abdoul Kane, professeur de Cardiologie et chef du Service Cardiologie de l’Hôpital Général de Grand Yoff. «La circulation du sang dans l’organisme, c’est comme un système de pompe qui irrigue un certain nombre de champs. Le cœur est une véritable pompe qui se contracte et se relâche. Quand le cœur se contracte, on dit qu’il est en systole et lorsqu’il se décontracte, on dit qu’il est en diastole», renseigne le Pr. Kane. Concrètement, poursuit-il : «Le sang passe de façon cyclique dans les tuyaux d’irrigation. Il apporte l’oxygène, les nutriments pour faire vivre tous les organes. Lorsque le cœur se contracte, il produit une forte pression qui va diffuser dans les différentes artères. Il faut que la pression soit bonne pour que les organes reçoivent du sang».
Mais, «il faut que cela soit juste raisonnable», souligne-t-il, avant de préciser : «Il ne faut pas que la pression soit trop basse ou trop élevée, si non, il va se produire une inondation et une détérioration des tuyaux que sont les artères». Car, commente le Pr. Abdoul Kane, «s’il y a une forte pression, à la longue, les artères vont s’effriter et vont, progressivement, s’altérer et se boucher. Il y a ce temps de contraction (systole) qui doit amener une pression. Et, lorsque le cœur se repose, les artères, aussi, se reposent et là on parle de diastole. Cela veut dire que, dans les artères, il y a deux niveaux de pression. Il y a une pression haute pendant la systole et une pression basse pendant la diastole». Mais, «certains ont, aussi bien en systole qu’en diastole, un niveau de pression qui reste, anormalement, élevé», fait remarquer le cardiologue. Selon lui, on parle d’Hypertension artérielle «lorsque la pression qui règne dans les artères, aussi bien en systole qu’en diastole, augmente». Poursuivant son explication, le Professeur agrégé de Cardiologie rappelle que la tension artérielle est déclinée en 2 chiffres. Celui du haut renvoie à la pression systolique ou maxima, tandis que le chiffre situé en bas est la pression diastolique ou minima. Et, on est hypertendu lorsque la systolique et la diastolique dépassent la norme. C’est exactement quand la systolique atteint 140 millilitres de mercure ou 14 comme on le dit habituellement et que la diastolique est à 90 millilitres de mercure ou 9.
Détérioration des artères
Pour le Pr. Abdoul Kane, toute personne âgée de 18 ans et plus doit être considérée comme hypertendue si la systolique dépasse 140 millilitres de mercure et la diastolique 90 millilitres de mercure. Soit 14/9. «Si on a 130 pour la systolique, la tension est normale. Elle est, également, normale si la diastolique est à 80. Mais, si l’un d’entre eux dépasse cette fourchette, on est hypertendu», relève-t-il avant de faire savoir que l’Hypertension artérielle va accélérer la détérioration des artères. Elle peut avoir deux grandes conséquences : soit il y a une rupture des artères, soit ces dernières se bouchent. De l’avis du cardiologue Kane, la pression peut être si forte qu’il y a une rupture de l’artère ou d’une partie de l’artère. Et d’expliquer : «L’exemple le plus caractéristique, c’est dans le cerveau. Il a l’air sain, quelqu’un qui a 250 millilitres de mercure et qui se promène avec. Mais, 250 c’est excessif. Les artères du cerveau, par moments, s’inonde complètement. Le sang en sort. La personne peut avoir une paralysie et peut entrer dans le coma et mourir».
De l’avis du spécialiste, «on peut avoir, de façon progressive, une altération de l’artère qui s’épaissit et s’accule du cholestérol, des dépôts de calcaire et l’artère se bouche, c’est ce qu’on appelle l’athérosclérose». Cette dernière a comme facteur de risque un certain nombre d’éléments comme l’Hypertension artérielle, le diabète, le cholestérol et le tabac. «L’hypertension est un puissant facteur d’athérosclérose», renseigne le patron du service Cardiologie de l’Hôpital Général de Grand Yoff soulignant que la prévalence oscille au Sénégal entre 25 et 30%.
Près de 3.000.000 d’hypertendus au Sénégal
Ainsi, l’Hta explose dans notre pays, en ce sens que près de 3.000.000 de personnes sont touchés par ce mal. «Au Sénégal, comme dans les pays au sud du Sahara, 25 à 30% de la population sont hypertendus. Ce qui montre, d’ailleurs, une augmentation de la prévalence. Une étude réalisée dans les années 70, montrait des prévalences très faibles de l’ordre de la moitié de celle que nous avons aujourd’hui», révèle le Pr. Abdoul Kane, cardiologue, chef du service Cardiologie de l’Hôpital général de Grand Yoff (Hoggy).
Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts entre les années 70 et aujourd’hui. La déstructuration des comportements alimentaires dans les zones rurales a eu des conséquences sur l’augmentation du nombre de cas. «On considère, habituellement, que l’hypertension artérielle est plus fréquente en zone urbaine qu’en zone rurale. Ceci est une règle qui reste vraie dans la plupart des cas», relève le professeur Kane. Mais, pour le cas du Sénégal, une telle règle reste invalide. «Il faudra, probablement, nuancer cette affirmation, puisque les études que nous avions menées, en milieu rural, montrent une prévalence identique à celle retrouvée en milieu urbain, c’est-à-dire une prévalence qui dépasse 20%. Il est possible au Sénégal que le milieu rural ne soit plus ce qu’il était», estime le Professeur Kane qui lie l’augmentation de la prévalence dans la zone rurale avec le changement de régime. «Les comportements alimentaires dans ces milieux exposent à la survenue de l’hypertension artérielle. A cela s’ajoutent les phénomènes de migration. Ces populations ne sont présentes, dans leurs villages, que durant une partie de l’année. Les chiffres que nous avons peuvent être confirmés dans nos études futures», analyse le cardiologue.
Forte prévalence : l’hérédité et les comportements alimentaires, deux facteurs de risque
La génétique contribue pour beaucoup dans la survenue de l’hypertension artérielle. Mais, elle ne justifie pas la propension de ce mal sournois causé en grande partie par nos comportements alimentaires.
La forte prévalence de l’hypertension artérielle au Sénégal requiert une radioscopie des causes. Pour le cardiologue Abdoul Kane, l’hérédité a une part non négligeable dans sa survenue. «On peut considérer que l’hypertension artérielle est due principalement à deux facteurs de risque. La première, c’est la génétique. Cela veut dire qu’on peut avoir un risque familial de développer l’Hta. L’hérédité joue un rôle important. L’hérédité compte pour environ 40%. Mais, elle n’explique pas l’augmentation de l’hypertension artérielle», clarifie le chef du service Cardiologie de l’Hoggy. Ce sont surtout les comportements alimentaires qui déterminent, aujourd’hui, dans une certaine mesure, les proportions alarmantes de cette affection au Sénégal.
La consommation d’aliments salés, sucrés et gras est déconseillée. L’accumulation du sucre ou du sel dans le sang expose le sujet. «Si vous avez une population qui consomme de façon exagérée du sel ou du sucre et qui est devenue sédentaire, vous allez vous retrouvez avec environ 30% d’hypertendus. Ce que je dis est d’ailleurs une réalité», certifie-t-il avant de faire part d’études corroborant la part de l’alimentation dans la survenue de l’Hta. «Des études ont démontré une prévalence élevée chez les noirs américains et un taux très bas chez certaines ethnies du Kenya qui ont gardé un mode alimentaire très traditionnel», justifie le Pr. Abdoul Kane.
Toutefois, il est important de faire la part des choses entre les causes et les facteurs de risque. La personne peut être exposée aux facteurs de risque comme la consommation exagérée de sel ou de sucre, la sédentarité et avoir la chance de ne pas contracter l’hypertension. «L’excès de consommation de sel, le manque d’exercice physique, l’excès de poids, le diabète, la consommation excessive d’alcool, constituent des facteurs de risque, c’est-à-dire des facteurs qui vous prédisposent à devenir, plus fréquemment, hypertendu», avance le Pr. Abdoul Kane qui fait remarquer qu’au Sénégal, il n’y a pas de différence par sexe pour ce qui concerne la prévalence de l’Hta. On retrouve les mêmes proportions aussi bien chez les femmes que chez les hommes. «Il n’y a pas de différence significative entre les hommes et les femmes. Les personnes âgées sont des sujets à risque.
Car, l’âge augmente les facteurs de risque. La tendance que nous observons jusqu’à l’âge de la ménopause est en défaveur des hommes. Après la ménopause, c’est un peu plus chez les femmes, mais de façon globale, la fréquence est la même chez les femmes que chez les hommes, d’après les études que nous avons menées au Sénégal. Les maladies cardiovasculaires comme la crise cardiaque sont plus fréquentes chez l’homme que chez la femme», argumente le chef du Service Cardiologie de l’Hôpital Général Grand-Yoff.
Une maladie extrêmement sournoise
Des milliers de Sénégalais sont hypertendus, mais ne le savent pas. C’est pourquoi, d’une minute à l’autre, ils peuvent plonger dans le coma… Surtout que les signes avant coureurs comme les maux de tête, les bourdonnements d’oreille, entre autres, ne sont pas spécifiques à l’hypertension artérielle.
L’hypertension artérielle gagne du terrain de façon silencieuse. Plusieurs Sénégalais sont des porteurs ignorants de cette affection qui se manifeste par les bourdonnements des oreilles, la sensation de flou, les maux de tête, les vertiges, entre autres. Ce sont les signes les plus connus des Sénégalais. Toutefois, le professeur Abdoul Kane précise : «Il est important de faire comprendre aux gens qu’il n’y a pas forcément de liens entre l’hypertension sévère et des manifestations quelles qu’elles soient. L’hypertension est une maladie extrêmement sournoise. On a l’habitude de l’appeler le tueur silencieux. Dans la plupart des cas, elle ne se manifeste pas du tout», indique le professeur agrégé. Les personnes apparemment bien portantes qui passent d’une minute à l’autre à une paralysie ou dans le coma sont atteintes d’hypertension artérielle. «On peut donc avoir une hypertension artérielle qui peut même dans la seconde ou la minute qui suit entraîner un Accident vasculaire cérébral (Avc) très grave, une paralysie, sans que l’on ne ressente rien auparavant.
Donc, la première manifestation, c’est qu’elle est silencieuse», insiste le chef du service Cardiologie de l’Hôpital Général de Grand Yoff. Les bourdonnements d’oreilles, les vertiges, la sensation de flou ne sont pas uniquement des manifestations atypiques de l’hypertension artérielle. Ils peuvent être des signes de l’hypotension ou d’autres affections. «Les maux de tête, les bourdonnements des oreilles, la sensation de flou ne sont pas constants ni spécifiques à l’hypertension artérielle. Cela veut dire que ces manifestations peuvent être l’hypotension, un coup de fatigue ou l’anémie», fait remarquer le professeur Abdoul Kane. Il insiste sur le caractère sournois de cette affection qui doit être bien comprise par les populations. Cela d’autant que «beaucoup de patients pensent que lorsqu’ils n’ont pas de vertige, de maux de tête, de bourdonnements d’oreilles, il n’y a pas encore d’hypertension artérielle ou que leur tension est stable. Or, c’est une maladie sournoise qui peut ne pas se manifester, mais qui va détruire les reins, le cœur, le cerveau, etc.», informe le chef du service Cardiologie de l’Hôpital Général de Grand Yoff.
C’est pourquoi, «une personne qui n’a jamais rien ressenti peut se réveiller un beau jour avec une insuffisance rénale et on lui fait une dialyse. C’est un traumatisme extraordinaire. Parfois, elle n’y croit pas. Souvent c’est un déni. Elle refuse d’y croire, parce qu’elle considère qu’elle était saine. Or, nous avons affaire à des maladies sournoises. C’est le cas du diabète, du cholestérol qui sont asymptomatiques», explique le Pr. Abdoul Kane.
Préjugé favorable pour le thé
Contrairement à une idée très répandue, le thé n’a pas de conséquences néfastes sur la santé de la personne hypertendue, même si elle entraîne des palpitations. «Il est vrai que le thé que nous consommons au Sénégal est assez fort, mais le thé n’est pas nocif pour l’hypertendu. Le thé infusé pourrait même être bénéfique, tout comme le Kinkéliba», rapporte le professeur de Cardiologie Abdoul Kane qui fait savoir que la nocivité du thé sur la santé de la personne hypertendue n’est pas encore prouvée. «La preuve scientifique n’est pas encore prouvée. Donc, il n y a aucun risque à consommer du thé. Au contraire, le thé a un préjugé favorable. C’est pareil pour le café. Il ne faut pas l’interdire à l’hypertendu. Ce n’est pas quelque chose qui est nocif pour l’hypertension artérielle», éclaire-t-il.
A Saint-Louis, 46 % de la population sont touchés
Une enquête sur les facteurs de risques cardio-vasculaires en milieu urbain à Saint-Louis révèle une prévalence de 46% de l’hypertension artérielle. Plus alarmant, la moitié des hypertendus ignore ce statut.
Une équipe pluridisciplinaire composée de cardiologues, diabétologues et tabacologues a réalisé une étude sur les facteurs de risques cardio-vasculaires en milieu urbain dans la ville de Saint-Louis. L’enquête a concerné au total 1424 personnes issues de différents quartiers. Cet échantillon est constitué de 69% de femmes. L’âge moyen est 43,4 ans, la tranche d’âge est comprise entre 15 ans et 96 ans. «Nous avions l’habitude de réaliser des études dans les hôpitaux. Nous laissions une frange importante de la population en rade. Dans le cadre de cette étude, nous avons trouvé les personnes chez-elles. L’enquête donne une idée plus exacte de la prévalence des risques cardiovasculaires dans ce milieu», soutient le Pr. Abdoul Kane, chef du service Cardiologie de l’Hôpital général de Grand Yoff.
Les conclusions de l’étude sont inquiétantes. Il est apparu une prévalence de 46% de l’hypertension artérielle. «Cette étude a révélé qu’il y a une augmentation de la prévalence de l’hypertension artérielle. En général, on situait la prévalence à environ 25%. Or, à Saint-Louis, la fréquence de l’hypertension artérielle a atteint 46% et la moitié des hypertendus ne savait pas qu’elle était malade», indique le Pr. Kane. De plus, ajoute-t-il, le tiers des hypertendus connus n’était pas traité, alors que la moitié des malades qui étaient sous traitement ne suivaient pas, de façon régulière, les prescriptions médicales. «Seuls 19,8% des sujets hypertendus connus étaient équilibrés», ajoute le professeur titulaire de Cardiologie.
L’étude révèle également une proportion élevée de mauvais cholestérol chez une frange importante des habitants de Saint-Louis. «L’hypercholestérolémie (cholestérol supérieur à 2 g/l était retrouvée chez 36,3% de la population, un taux de mauvais cholestérol était constaté dans 20,6% des cas», renseigne l’étude qui révèle que l’obésité touche 30,8% des femmes contre 4,3% des hommes. Les enquêteurs ont conclu à une fréquence de l’hypertension artérielle, de diabète, des dyslipidémies dépassant les estimations faites jusqu’ici au Sénégal. L’enquête qui a concerné des maladies comme le diabète, le tabagisme, l’alcoolisme dans cette ville recommande le renforcement de l’information et l’éducation des populations pour la culture des comportements à moindre risque.
Prise en charge : le primat des mesures d’hygiène sur les médicaments
En cas d’hypertension artérielle, les mesures hygiéno-diététiques doivent être respectées, même si le malade prend des médicaments pour alléger sa souffrance.
«Aucun médicament au monde ne peut dispenser une personne hypertendue de respecter les mesures hygiéno-diététiques», lance Abdoul Kane, professeur de Cardiologie, par ailleurs chef du Service Cardiologie de l’Hôpital Général de Grand Yoff. A son avis, si un médecin ou un tradipraticien dit qu’il donne un médicament qui permet à la personne hypertendue de fumer ou de prendre du sel, «cela ne marche pas !», tranche-t-il. «Il faut impérativement suivre les mesures hygiéno-diététiques», insiste le cardiologue révélant d’ailleurs que «les mesures d’hygiène peuvent même suffire». Et d’ajouter : «Je peux même donner des médicaments à tous les hypertendus. Mais, s’ils diminuent le sel, ils perdent du poids et si je trouve que la tension revient à 13, je ne vais pas leur prescrire un médicament. Donc, ces mesures sont incontournables».
Malheureusement, le professeur agrégé de cardiologie estime qu’il faut donner des médicaments. Car, dans la majorité des cas, les mesures hygiéno-diététiques ne suffisent pas. «On sait que 15 à 20% des hypertendus ont besoin, au moins, de deux médicaments», affirme-t-il évoquant également les résistances qui peuvent être notées dans la prise des médicaments. «Un médicament peut marcher pendant un certain temps et puis, à un moment, il devient moins efficace, parce que, lorsque je donne un médicament contre la tension, je lutte contre un certain nombre de paramètres et les médicaments agissent. Mais, à un moment, l’organisme réagit en annihilant les effets du médicament». Donc, conclut le cardiologue, «chez certaines personnes, les médicaments peuvent marcher à un certain moment et puis ils ne sont plus efficaces». Selon lui, tous les médicaments du monde doivent être surveillés. Car, «il n y a aucun médicament qui ne soit inoffensif. Par contre, il faut que les gens comprennent que les médicaments ne sont pas nocifs, ils ont une sécurité d’emploi», rassure le chef du service Cardiologie de l’Hoggy.
Ensuite, il suggère au médecin ayant prescrit les médicaments de bien expliquer au malade les effets. A son tour, «le malade doit alerter à chaque fois qu’il sent qu’il y a une chose qui lui paraît anormale et le médecin peut surveiller certains effets indésirables du médicament en examinant le malade et en lui faisant faire des analyses biologiques pour savoir si son médicament est bien toléré, c’est-à-dire que le malade ne ressent pas de symptômes et lorsqu’on le réexamine qu’il se porte bien», explique le Pr. Abdoul Kane qui renseigne que «la prise de médicaments est, a priori, à vie . Mais, «il ne faut pas que les gens s’inquiètent par rapport à cela. On peut prendre 50 ans de médicaments dans son existence. Il faut simplement que cela soit surveillé et cela ne peut que faire du bien», modère-t-il.
Sur le coût des médicaments contre l’hypertension artérielle, le Pr. Abdoul Kane soutient qu’il oscille entre 800 et 30.000 F Cfa. «Mais, précise-t-il, le médicament qui coûte 300 F Cfa a la même efficacité que celui de 30.000 F Cfa». Et de plaider pour qu’on adapte le bon médicament au profil du patient.
Avc, insuffisance cardiaque, crise cardiaque, insuffisance rénale… : ces maladies causées par l’hypertension artérielle
Le cerveau, le cœur, les reins sont, entre autres, des organes pouvant être affectés en cas d’hypertension artérielle. Ainsi, il est conseillé aux malades d’adopter des mesures hygièno-diététiques pour freiner la survenue de complications comme les accidents vasculaires cérébraux (Avc), l’insuffisance cardiaque ou rénale, la crise cardiaque, etc.
«L’hypertension artérielle entraîne deux grandes conséquences. L’une est due à l’augmentation de la pression et à une rupture des artères. La deuxième elle va participer à boucher les artères», soutient le cardiologue Abdoul Kane. Et d’expliquer : «les artères étant des tuyaux qui irriguent l’organisme, si le tuyau est bouché, une partie du cerveau ne répond plus, alors que c’est mon cerveau qui commande ma parole, mes mouvements».
Le Pr. Abdoul Kane d’étayer ses propos par cet exemple : «Je me lève pour prier, mais je ne peux pas sortir une sourate». Quand l’attaque survient au niveau du cerveau, il s’agit d’un Accident vasculaire cérébral (Avc) avec comme corollaire le coma ou la paralysie. D’ailleurs, le chef du service Cardiologie de l’Hoggy ne manque pas de soutenir, avec force, que «l’hypertension artérielle est de loin la première cause d’Avc. Elle augmente par 3 ou 4 le risque de faire un Accident vasculaire cérébral».
Poursuivant, le Pr. Kane fait savoir que quand l’hypertension artérielle agit sur le cœur, deux possibilités peuvent se présenter. L’individu peut être victime d’une insuffisance cardiaque ou d’une crise cardiaque. «Si le système de pression est très important, mon cœur ne travaille plus. Plus mon cœur travaille, plus il va se fatiguer, plus un cœur travaille de façon normale, plus il va essayer de muscler. Mais, après il va s’épuiser, ce qu’on appelle l’insuffisance cardiaque», argumente-t-il. Et d’expliquer : «Si vous avez l’insuffisance cardiaque, le cœur ne peut plus chasser le sang dans les organes, le sang va stagner en amont du cœur, une inondation va se produire en amont où se trouvent le poumon et le foie. Si le poumon est engorgé d’eau, la personne marche un peu et s’essouffle, ou alors elle vous dit que même si elle se couche, elle est obligée de se lever 4 fois la nuit, parce qu’elle étouffe ou alors qu’elle crache de la mousse, de l’eau. Quand c’est le foie qui est engorgé, la personne commence à enfler, à avoir des œdèmes, le ventre enfle, c’est ce qu’on appelle l’insuffisance cardiaque». Quant à la crise cardiaque, elle peut également survenir quand les artères sont bouchées. Dans ce cas, le sang n’arrive plus au cœur. L’alerte de la crise cardiaque est, selon le Pr. Abdoul Kane, l’angor ou l’angine de la poitrine. «On le sent souvent lors de la marche. Dès que vous marchez, vous manquez d’oxygène. La principale manifestation, c’est la douleur. Malheureusement, il y a des gens dont la principale manifestation, c’est la crise cardiaque», regrette le professeur agrégé de Cardiologie. Puisque la douleur s’est calmée, la personne va se promener, croyant que c’est fini. Malheureusement, indique-t-il : «On peut faire une première, une deuxième ou une troisième fois un accident qui entraîne une désorganisation de l’activité du cœur. Ce sont des personnes, des collègues de bureau avec qui on discute ou un parent avec qui on a discuté, qui rentrent, qui ont dormis et qui ne se sont pas réveillés. Le cœur peut être complètement désorganisé. Lorsque l’activité du cœur est désorganisée, si pendant 5 minutes aucun organe ne reçoit du sang, c’est la mort», prévient le chef du service Cardiologie de l’Hoggy. Le troisième organe pouvant être touché en cas d’hypertension artérielle est le rein. «Là aussi, il n y a aucune manifestation. Car, on peut avoir l’insuffisance rénale pendant 10 ans sans rien ressentir. Et la première cause d’insuffisance rénale, c’est l’hypertension artérielle», renseigne le Pr. Abdoul Kane. Cela veut dire, selon lui, que les reins peuvent être complètement détruits du jour au lendemain, alors qu’ils constituent les organes épurateurs. «Si les reins sont détruits, vous ne pouvez plus éliminer les déchets de l’organisme. Les déchets toxiques restent dans l’organisme et la personne peut mourir. Lorsque les reins sont détruits, il y a deux possibilités, soit l’hémodialyse, soit la transplantation rénale», indique le cardiologue.
Pour éviter d’en arriver à ses situations dramatiques, le Professeur agrégé de Cardiologie suggère lorsque la tension est élevée, d’aller voir un médecin. Car, selon lui, la tension peut augmenter en cas de fatigue. Donc, l’hypertension artérielle ne peut être confirmée qu’à l’issue d’une consultation médicale. Et si c’est le cas, insiste le Pr. Abdoul Kane, il y a une chose essentielle que tous les hypertendus doivent respecter à savoir les mesures hygiéno-diététiques, c’est-à-dire l’amélioration du style de vie». A partir de cet instant, «il faut diminuer la consommation de sel, car c’est l’un des facteurs. Il faut également faire une activité physique régulière, au moins 3 fois par semaine. La marche, le footing, la natation, le vélo, etc.», conseille le spécialiste.
Réduire la consommation de graisse et de sucre est aussi conseillé, «parce que la consommation de graisse et de sucre augmente le poids et augmenter de poids, c’est signe de tension», prévient le Pr. Kane. D’autre part, «augmenter sa consommation de sucre et de graisse, c’est augmenter son cholestérol et augmenter son risque de faire un diabète. Et, lorsque le cholestérol et le diabète viennent rejoindre l’hypertension, la situation devient à risque, parce qu’on risque de voir toutes les complications augmenter de façon foudroyante», déclare-t-il.
Eclairages sur la prise régulière de l’aspirine
Tous les hypertendus ne doivent pas prendre de l’aspirine. Ce médicament est recommandé pour les hypertendus qui ont le diabète et les maladies cardiovasculaires.
L’aspirine à faible dose est recommandée pour se protéger contre les maladies cardiovasculaires. Par rapprochement, certains hypertendus font recours à ce médicament. «Ce mode de prise de l’aspirine pour les hypertendus n’est plus exact. L’aspirine même à faible dose n’est pas un médicament inoffensif, parce qu’elle peut atteindre l’estomac», prévient le cardiologue. L’aspirine modifie la coagulation. Elle est recommandée pour les malades qui ont une artère bouchée. «C’est une faute grave pour nous les cardiologues de ne pas donner de l’aspirine à une personne qui a une crise cardiaque. Le patient qui a une artère bouchée doit prendre de l’aspirine à vie», soutient le Professeur Abdoul Kane.
Toutefois, l’hypertendu peut prendre l’aspirine s’il fume et s’il a des complications cardiaques. «Il faut de l’aspirine chez les hypertendus qui ont déjà fait une complication cardiaque ou qui ont le diabète associé à d’autres pathologies. Il est conseillé d’attendre que la tension soit contrôlée pour donner de l’aspirine», précise le spécialiste en Cardiologie.
Un alimentation saine et équilibrée pour être en bonne santé
Eviter de manger trop salé ! Telle est la principale recommandation faite par le cardiologue Abdoul Kane pour prévenir l’hypertension artérielle.
«Si on est hypertendu ou avant qu’on ne le soit, les réactions doivent être les mêmes chez l’individu. Il faut qu’il évite de manger trop salé», conseille le Pr. Abdoul Kane. «Malheureusement, nous avons une alimentation plus salée que de raison au Sénégal», regrette le spécialiste. Il indexe les arômes et bouillons alimentaires ajoutés à volonté dans les repas, indépendamment du fait même que l’alimentation est assez salée. «Cela a contribué à l’explosion de l’hypertension artérielle au Sénégal», regrette le Professeur des universités Abdoul Kane. Selon lui, si on ne veut pas que les enfants deviennent des hypertendus, il faut qu’on les habitue à ne pas manger des aliments très salés.
Le deuxième conseil qu’il donne, pour une alimentation de qualité, aussi bien pour les personnes hypertendues que pour les autres, est relatif aux mauvaises graisses trouvées principalement dans l’huile de palme, le beurre et les graisses animales (viandes grasses, abats, jaune d’œuf). Les repas riches en sucre comme les pâtisseries (riches en sucre et en matières grasses) sont également fortement déconseillées. Car, relève le spécialiste, le fait de consommer gras et sucré augmente le poids. Et, lorsqu’on augmente de poids, on augmente sa pression artérielle.
Préférence pour le poisson et la volaille
Par contre, il appelle à privilégier le poisson et la volaille plutôt que la viande rouge. «Mais il faut éviter la peau de la volaille qui est riche en graisse», déclare-t-il. Si la consommation à outrance de viande rouge est interdite, c’est parce qu’elle renferme des graisses qui comportent du mauvais cholestérol. Si on consomme cette graisse animale, elle va directement dans les artères. «Donc, la graisse animale, telle qu’on la voit dans la viande rouge, c’est de la mauvaise graisse. C’est ce que nous appelons le Ldl cholestérol ou le mauvais cholestérol. Celui-là est dangereux», reconnait le Pr. Abdoul Kane qui suggère de prendre de l’huile d’olive ou de l’huile de colza.
Par contre, il y a une graisse que l’on retrouve chez les végétaux qui comporte du bon cholestérol. «C’est de la bonne graisse», indique le chef du Service Cardiologie de l’Hoggy. Il plaide pour que les fruits et les légumes soient consommés en grande quantité. «Il a été démontré que si vous avez une bonne hygiène alimentaire, que vous arrêtez de fumer et que vous avez une activité physique régulière, vous diminuez vos risques d’hypertension, de maladies cardiovasculaires», renseigne-t-il. Il est aussi établi que les risques de développer un cancer sont diminués. «Maintenant, on a compris que toutes ces maladies ont des connexions extraordinaires et finalement dans une population, les mêmes mesures d’hygiène sont préconisées pour prévenir le risque de crise cardiaque, d’Avc et de cancer. Il faut que tout le monde s’habitue à cela, particulièrement les enfants».
Première cause d’urgence
Si le spécialiste en Cardiologie insiste sur la cible enfant, c’est parce que, selon lui, «la crise cardiaque survient lorsqu’on est âgé. Mais, à l’âge de 15 ans ou 10 ans, si à la maison on mange gras ou salé, si on regarde les artères, on voit des dépôts. Cela veut dire qu’à l’âge de 45 ans, ces enfants feront des crises cardiaques, ou alors plus tôt d’ailleurs». Malheureusement, constate-t-il : «On voit des enfants, des jeunes de moins de 40 ans faire des crises cardiaques, parce qu’on a changé d’alimentation. Ce qui s’est passé lorsqu’on est enfant, c’est un processus qui prend des années. Si on commence à manger gras à l’âge de 10 ans, il ne faut pas s’étonner qu’on ait des crises à l’âge de 30 ans. Et, c’est ce qu’on voit. C’est un drame».
Pour attester de la montée en flèche de la crise cardiaque, le Pr. Abdoul Kane n’hésite pas à relater son expérience dans la prise en charge de cette affection. «Lorsque j’ai commencé la cardiologie, on comptait le nombre de crise cardiaque. C’était une curiosité. Mais, maintenant dans mon service, c’est la première cause d’urgence. Lorsqu’une personne vient pour les urgences, c’est la crise cardiaque».
L’huile de palme à consommer avec modération
Concernant l’huile de palme très consommée au Sénégal, le Pr. Abdoul Kane soutient : «l’interdit n’est pas formel», à condition que «l’alimentation soit équilibrée». «On doit consommer une certaine quantité de calories. Mais, il faut qu’elles soient équilibrées». Car, c’est la qualité qui est importante. «Cela veut dire que si vous n’êtes pas à risque, que vous ayez un plat par semaine où vous avez de l’huile de palme en quantité modérée, ce n’est pas interdit. Ce n’est pas un interdit formel». Il conseille aussi de préférer la viande de bœuf à la viande de mouton, parce qu’on retrouve plus de mauvaise graisse dans la viande de mouton.
Régime alimentaire : L’hypertendu peut bien prendre ses trois repas quotidiens, mais…
L’hypertendu peut respecter ses trois repas. Il lui suffit d’avoir une quantité journalière très réduite. Il est souhaitable qu’il respecte ses trois repas, explique le cardiologue. Selon lui, l’interdiction de ne pas manger la nuit repose sur une approche pédagogique.
Un hypertendu est autorisé à manger aussi bien le jour que la nuit. Mais, à la seule condition de consommer une quantité égale à celle d’un seul repas. «Il est difficile de dire à un Sénégalais de ne pas manger du riz à midi. C’est pour cela que les médecins disent aux hypertendus de ne pas manger la nuit. Cela ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas manger aussi bien à midi que la nuit. La vérité, c’est d’arriver à diminuer la consommation de sel», argumente le cardiologue Abdoul Kane.
La réduction de la consommation de sel est à la base de l’instauration de cette approche pédagogique qui est ancrée dans les habitudes des malades. «Si vous arrivez à manger une quantité modérée de sel à midi et le soir, tant mieux si l’on peut arriver à réduire la quantité journalière et avoir les trois repas. Maintenant, les gens extrapolent en pensant qu’il ne faut pas manger le soir. Cela n’a rien à voir avec le régime d’un hypertendu», précise le cardiologue.
L’idéal pour un hypertendu est de respecter ses trois repas. Pour lui, les malades pourraient s’organiser pour réduire de façon sensible la consommation de sel et prendre les trois repas quotidiens. «Ne pas prendre les trois repas n’est pas souhaitable dans le cadre d’un régime. Un diabétique doit avoir ses trois repas et ses collations. Quelqu’un qui a un excès de poids doit avoir ses trois repas. Il faudrait mieux manger la même quantité de sel sur trois repas que de manger la même quantité sur un repas», conseille le professeur plaidant pour que les gens s’organisent pour avoir des plats qui sont assez agréables, mais pas salés. «On peut avoir ses trois repas quotidiens. C’est d’ailleurs un mythe d’interdire aux hypertendus de manger le soir», déclare-t-il.
Et surtout ne pas médicaliser le traitement de l’hypotension !
Autant il faut prendre au sérieux l’hypertension artérielle, autant il faut éviter la médicalisation du traitement de l’hypotension. C’est la recommandation du chef de service de Cardiologie de l’Hôpital Général de Grand Yoff.
L’hypotension n’est pas aussi grave que l’hypertension artérielle. Selon le professeur Abdoul Kane, chef du Service Cardiologie de l’Hôpital Général de Grand Yoff, une personne peut bien vivre avec une tension basse de 9 ou 10, si le sang circule normalement. «Autant il faut prendre l’hypertension artérielle au sérieux, autant il faut éviter de médicaliser l’hypotension», conseille le professeur qui fait la typologie de l’hypotension.
La forme grave de celle-ci due à une hémorragie, à une diarrhée, aux vomissements requiert une prise en charge médicale. «Ce sont des malades qui arrivent avec une hémorragie, un paludisme grave ou un cœur qui ne marche pas. Cette hypotension est une urgence médicale. Il faut hospitaliser le malade. Ce sont des cas exceptionnels», avance l’agrégé en Cardiologie.
Le professeur souhaite même que les médecins rassurent les hypotendus et surtout les invitent à ne pas administrer un traitement médical. «On peut parfaitement vivre avec 9 ou 10 de tension. Si la pression est faible et que le débit marche, il n’y a pas de problème. Si vos organes reçoivent du sang, il ne faut pas s’en plaindre, donc, ce n’est pas un problème», rassure le professeur. Selon lui, ceux qui ont une tension de 9 ont une probabilité très faible de faire un Avc que ceux qui ont une tension de 13,5 ou 14. «Les hypotendus ont un risque cardiovasculaire statistiquement plus faible en principe. Maintenant, les malades vous disent qu’ils sentent quelque chose comme les vertiges, la fatigue, etc. Dans ce cas, il faut qu’on soit sûr que c’est l’hypotension qui produit de tels effets, d’une part et d’autre part que le malade n’ait pas d’autres tares», indique le professeur.
Le travail intellectuel intense, la sédentarité, l’absence d’activité physique, le stress sont, en général, à l’origine de l’hypotension. «Il serait souhaitable que les médecins expliquent aux hypotendus qu’ils n’ont pas une maladie. Au contraire, c’est un état de fait qui est même bénéfique pour eux à long terme», avance le cardiologue. L’administration d’un traitement médical s’explique par la nécessité de rassurer le malade qui est parfois perturbé. «De façon générale, ce n’est pas une vraie maladie qu’il faut soigner avec des médicaments, seulement, les médecins sont obligés de répondre à une demande. Mais, on peut se passer des médicaments dans la majorité des cas», ajoute le professeur Abdoul Kane.
Information, sensibilisation : plus de la moitié des hypertendus ignore leur statut
Du fait de l’insuffisance du dépistage de l’hypertension artérielle, plus de la moitié des personnes affectées ne savent pas qu’elles sont hypertendues. C’est le cas de la majorité des Sénégalais qui vivent avec cette affection chronique.
Les populations sont-elles suffisamment sensibilisées sur l’hypertension artérielle ? En guise de réponse, le cardiologue Abdoul Kane déclare : «C’est une maladie qui est assez connue par les populations. Mais, les informations que les populations ont vis-à-vis de cette maladie ne sont pas généralement bonnes». En effet, explique-t-il : «On pense en vérité que, dans nos pays, plus de 50% des hypertendus ne savent pas du tout qu’ils sont hypertendus. Cela veut dire que si on prend la tension de 100 adultes et qu’on découvre que les 25% sont hypertendus, il y aura au moins plus de la moitié qui sera étonnée, puisqu’elle dira qu’elle n’a pas été informée».
Le professeur de Cardiologie lie cette situation à l’insuffisance du dépistage de l’hypertension artérielle. «Le traitement est très insuffisant. La majorité des hypertendus ne suit pas le traitement, les prescriptions, le respect du régime alimentaire. Les personnes ne font pas le footing, parce qu’ils n’ont ni le temps, ni la conscience de l’intérêt de faire du sport», regrette le spécialiste qui fait remarquer que «la prise en charge n’est pas optimale». Et d’ajouter : «même si les gens connaissent l’hypertension, ils n’ont pas toujours la bonne information sur sa prise en charge. A cela s’ajoute le problème des moyens, parce que beaucoup de Sénégalais nous disent que le régime est difficile à assurer à cause du coût et que les médicaments sont difficiles à acheter, parce qu’ils coûtent cher».
Pourtant, concernant le régime, il pense que les Sénégalais ont suffisamment de matières pour pouvoir bien le suivre. «Si je dis à un Sénégalais de manger des fruits et légumes, cela peut avoir un coût. Il faut adapter le régime à ses moyens. Il y a des poissons qui sont accessibles. Tout dépend de comment on les cuisine». Pour cette raison, il plaide pour rendre aux populations l’accès à l’information. «Nous devons adapter les messages aux réalités sénégalaises. Il faut dire aux hypertendus, à ceux qui ont le cholestérol, aux diabétiques que vous pouvez avoir un régime sain avec un coût abordable», indique le chef du service Cardiologie de l’Hoggy.
A son avis, les aliments à consommer en abondance et sans modération, sont les fruits, les légumes, le poisson. «Ils diminuent la fréquence de l’hypertension et des maladies cardiovasculaires», fait-il remarquer soulignant que «cette alimentation est associée à une espérance de vie élevée». Concernant les aliments à consommer avec modération, le spécialiste cite ceux qui sont riches en graisse. «Ce sont les sucreries», indique-t-il. La consommation d’alcool et l’usage du tabac sont prohibés. Car, témoigne le spécialise des maladies cardiovasculaires, «fumer 3 ou 4 cigarettes par jour multiplie par 1,5 voire 2 le risque de faire une crise cardiaque». Donc, «arrêter de fumer doit être une mesure radicale, parce que le tabac bouche les artères. Il y a un compagnonnage entre le tabac et l’hypertension. Il faut aussi limiter la consommation de l’alcool», préconise le professeur agrégé de Cardiologie.
La consommation de lait entier n’est pas non plus souhaitable. «Mais nous savons que dans ce lait, il y a du calcium», précise le Pr. Abdoul Kane. En fin de compte, «ce qui est important, c’est de privilégier les aliments recommandés et de manger les autres avec modération», conseille-t-il.
Adaptation à un régime de vie : Les malades, du refus à l’acceptation de leur statut
La confirmation de l’hypertension artérielle provoque chez certains patients une dénégation de leur maladie, au début. Ainsi, ils refusent de se conformer à la prise de médicaments, à un régime moins salé. Malheureusement, ils se rendent à l’évidence après la survenue de complications.
Un couloir de 2 mètres de largeur. 9 heures 43 mn au service de Cardiologie de l’Hôpital général de Grand-Yoff. Les malades sont assis sur 4 bancs. Les cheveux blancs des hommes donnent une idée sur leur âge. Les malades de ce service sont, en général, âgés. Les agents entrent et ressortent des salles de consultation en Cardiologie ou de la salle d’électrocardiogramme. Le couloir est noir de monde. Certains malades sont debout. Ils ont les yeux suspendus sur l’écran plat accroché au-dessus de la porte du couloir perpendiculaire. Ils suivent en direct les conseils des professeurs. «Le diabète et le cholestérol augmentent les risques de crise cardiaque», «mangez beaucoup de fruits et légumes», «évitez le tabac». Ces messages défilent sur l’écran. Ils captent l’attention des malades. La forme de communication compense le déficit d’information et complète, par ricochet, le travail des praticiens de la santé. Un à un, les malades entrent dans le bureau des médecins. Ils en ressortent avec des ordonnances. Certains se dirigent vers la secrétaire pour d’autres rendez-vous. Pape Ahmadou Ndiaye n’a pas besoin d’un rendez-vous. Il dégage la forme dans son grand boubou bleu bien repassé. Cet homme hypertendu de grande taille et de teint clair habite les Hlm Patte d’oie. Il porte bien sa maladie. Il a contracté cette affection depuis 1985. Pape Ahmadou Ndiaye a nargué l’hypertension jusqu’en 1989. «Au début, je trichais. Je ne respectais pas le régime alimentaire. Je mangeais comme une personne qui n’avait rien. A partir de 1989, j’ai commencé à avoir des complications. Le cholestérol a bouché mes artères. J’avais toutes les complications de circulation du sang. Je suis passé à côté de la mort», raconte cet ancien contrôleur des impôts et domaines.
Le non-respect de l’hygiène alimentaire expose l’hypertendu à beaucoup de complications qui peuvent lui être fatales à tout moment. N’importe où. Le contrôleur des impôts et domaines à la retraite conseille à tout hypertendu de se conformer aux prescriptions des médecins. «La meilleure façon de vivre avec l’hypertension, c’est de respecter son régime alimentaire. L’hygiène alimentaire doit être de vigueur. Je respecte mon régime et je viens pour mon rendez-vous une fois sur 3 mois. Ce qui n’était pas le cas auparavant où toutes les semaines, j’étais obligé de venir à l’hôpital», confie M. Ndiaye. Il consacre au sport trois séances dans la semaine pour se maintenir en forme et se conformer aux conseils des médecins. Il semble prendre sa revanche sur la maladie.
Retour au couloir. L’impatience est ambiante. Une vieille dame engoncée dans une longue robe vert olive sort d’un bureau. Elle se dirige vers la sortie du côté du parking. Son chauffeur démarre et vient à sa rencontre. Elle est réticente. Elle ne veut pas parler. «L’hypertension n’est pas si grave que cela. Il faut juste respecter son régime», glisse-t-elle avant de s’engouffrer dans sa voiture. Comme au service Cardiologie de l’hôpital général de Grand Yoff, le couloir du service de consultations de la clinique de Chirurgie thoracique et cardiovasculaire de l’Hôpital de Fann est noir de monde. Il n y a plus de place. Parmi les malades, Cheikh Tidiane Gadiaga. Il est diabétique. Il suit régulièrement ses consultations. L’homme de taille moyenne coiffé d’un bonnet qui laisse entrevoir une chevelure poivre sel est très inquiet, pas pour son état de santé, mais de la prévalence des maladies chroniques comme l’hypertension artérielle. «De nos jours, partout dans la rue, on entend les personnes dire que tout le monde est malade. Cela est une réalité. Le manque d’informations et de sensibilisation explique la forte prévalence. Il nous faut une réelle politique de prévention», exige le malade.
Une dame plus jeune, enveloppée d’un wax, prête une oreille attentive à notre conversation. Elle se confie dans l’anonymat. «Lorsque ma tension est élevée, je suis obligée de laisser toutes mes activités pour me reposer. C’est une grande perte de temps. Je ne parle même pas des maux de tête. Mais, il faut s’en remettre à Dieu», confesse la dame. Chez les insuffisants rénaux qui souffrent d’hypertension artérielle, la situation est plus dramatique. «Le grand combat, aujourd’hui, c’est de prévenir l’hypertension. Les insuffisants rénaux sont obligés de prendre des médicaments pour faire baisser l’hypertension et d’autres pour l’insuffisance rénale», relève le secrétaire général de l’Association des insuffisants rénaux du Sénégal, Pape Ibrahima Diaw.
HOPITAL DE FANN : une équipe sénégalaise spécialisée dans la chirurgie thoracique et cardiovasculaire
Les malades du cœur peuvent être opérés au Sénégal, précisément au niveau du Service de Chirurgie thoracique et cardiovasculaire de l’Hôpital de Fann où l’expertise locale fait des merveilles.
Avec l’ouverture du Service de Chirurgie thoracique et cardiovasculaire de l’Hôpital de Fann, il est désormais possible d’opérer les maladies cardiaques, vasculaires et pulmonaires. En ce qui concerne les maladies cardiaques, les gestes chirurgicaux les plus fréquents sont les remplacements des valves. Ils sont effectués pour les malades qui souffrent de cardiopathies rhumatismales, explique le Pr. Mouhamadou Ndiaye, chef du Service de Chirurgie thoracique et cardiovasculaire de l’Hôpital de Fann. «Depuis que nous sommes installés en 2004, nous avons effectué plus de 400 interventions de chirurgies de remplacement de valve mitrale ou aortite. La valve mitrale étant la valve entre l’oreillette gauche et le ventricule gauche, la valve aortique est située entre le ventricule gauche et l’aorte», confie-t-il. Ces interventions sont pratiquées uniquement par une équipe locale qui a été formée suffisamment au Sénégal et à l’étranger. Elles se déroulent avec de bons résultats qui ont été appréciés par les collègues qui viennent visiter de temps en temps, se réjouit le Pr. Ndiaye.
Seulement, reconnait-il : «Pour prendre en charge les malades indigents, surtout les enfants, nous recevons des collègues qui travaillent dans les organismes non gouvernementaux». Pendant une durée d’une semaine ou deux, ces derniers, avec l’équipe locale, réalisent des interventions chirurgicales sur les enfants à l’Hôpital de Fann. «Le reste du temps, les malades sont opérés par une équipe locale», précise le chef du Service de Chirurgie thoracique et cardiovasculaire qui fait savoir que le coût d’une intervention chirurgicale dépend du type d’acte à réaliser. «Nous faisons de la chirurgie vasculaire, de la chirurgie thoracique. Ce sont des actes réalisés par les autres chirurgiens, les coûts sont moindres comparés à ceux pratiqués en orthopédie», avance le Pr. Mouhamadou Ndiaye.
Par contre, le coût est plus élevé quand il s’agit de la chirurgie cardiaque. «Pour la chirurgie à cœur ouvert où nous utilisons des implants très coûteux, un circuit extracorporel, du matériel de réanimation et d’anesthésie très diversifié le coût est plus élevé», justifie le spécialiste révélant que le remplacement d’une valve cardiaque est de 2.100.000 francs Cfa. Celui d’une intervention chirurgicale sans valve est d’un million de francs Cfa. Cependant, «pour les interventions qui ne nécessitent pas de circulation extracorporelle, les coûts sont similaires avec les tarifs des autres services de l’hôpital», indique le chef du Service de Chirurgie thoracique et cardio-vasculaire.
Concernant la prise en charge de la crise cardiaque, il informe qu’il est exceptionnel qu’elle nécessite une intervention immédiate. «Le traitement doit se faire sur les lieux de l’accident», conseille-t-il. Et d’ajouter : «La réanimation du malade, en particulier quand il s’agit du trombolisme, doit continuer pendant le transport. C’est le rôle du Samu (Service d’assistance médicale d’urgence)». L’autre étape dans la prise en charge se passe en milieu hospitalier. «Une fois à l’hôpital, où les investigations vont être menées, en particulier la coronographie pour savoir si le malade a besoin d’être opéré ou pas. Mais, l’opération n’est nécessaire que de façon exceptionnelle», réitère le Pr. Mouhamadou Ndiaye.
Pr Mouhamadou NDIAYE, chef du service de chirurgie cardiovasculaire : « L’hypertension artérielle précipite la survenue de la crise cardiaque »
«Lorsque les facteurs de risque cardiovasculaire sont répandus dans une population, le nombre de cas de crise cardiaque augmente». Cette thèse est défendue par le Pr. Mouhamadou Ndiaye, chef du service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire de l’Hôpital de Fann. Il donne l’exemple du Sénégal où l’hypertension artérielle, le diabète, la surcharge en graisse, le tabagisme, la sédentarité ont eu une prévalence croissante ces dernières années. Résultat : il y a de plus en plus de crise cardiaque.
Le lien entre Hypertension artérielle et arrêt cardiaque est évident. «L’hypertension artérielle est un facteur de risque de l’insuffisance coronaire. Elle aggrave la maladie et précipite la survenue de l’infarctus du myocarde», indique le Pr. Mouhamadou Ndiaye, chef du Service de Chirurgie cardiovasculaire de l’Hôpital de Fann.
Selon lui, «la pression artérielle, élevée dans tous les vaisseaux artériels, l’est aussi dans les artères coronaires. Cette pression excessive fragilise la paroi du vaisseau, favorise la formation de plaques d’athérome et peut contribuer à la rupture de celle-ci pour provoquer l’infarctus». Ainsi donc, explique le Pr. Ndiaye, «la crise cardiaque, encore appelée infarctus du myocarde, est la conséquence de l’arrêt de la circulation sanguine dans les artères nourricières du cœur (les artères coronaires)».
Poursuivant, il fait savoir qu’elle est causée par une lésion préalable qui est une plaque graisseuse calcifiée appelée «Plaque d’athérome». «Quand elle se rompt, la coagulation est initiée et le vaisseau est bloqué par un caillot», soutient le Pr. Mouhamadou Ndiaye évoquant la conséquence de cette lésion à savoir la mort d’une partie plus ou moins large du myocarde (le muscle cardiaque) avec soit des douleurs atroces, soit un arrêt cardiaque, soit des troubles du rythme. D’ailleurs, précise-t-il : «même si le malade survit, il peut développer une insuffisance cardiaque». Si aujourd’hui, l’on assiste à un nombre croissant de cas de crise cardiaque, c’est parce que, justifie le chef du Service de Chirurgie thoracique et cardiovasculaire, «lorsque les facteurs de risque cardiovasculaire sont répandus dans une population, le nombre de cas de crise cardiaque augmente». Il en veut pour preuve le cas du Sénégal où «l’hypertension artérielle, le diabète, la surcharge en graisse, le tabagisme, la sédentarité ont eu une prévalence croissante ces dernières années». Cela, concomitamment avec «la disparition des modes de vie africains traditionnels qui interdisent l’oisiveté, la boulimie, l’usage du tabac et les désirs multiples sources de stress».
Promouvoir les gestes qui sauvent
Pour le Pr. Ndiaye, «la récupération après une crise cardiaque dépend de la rapidité et de la qualité de la prise en charge thérapeutique». En effet, «le traitement doit débuter sur les lieux de la crise par un massage cardiaque externe, et éventuellement une défibrillation, s’il ya un arrêt cardiaque», préconise ce spécialiste qui estime que ces deux gestes devraient être à la portée de tout citoyen. Quant à la deuxième phase de la prise en charge, elle devra être assurée par le Service d’assistance médicale d’urgence (Samu) avant l’arrivée à l’hôpital où la troisième phase sera effectuée dans un service de soins intensifs cardiologiques ayant la possibilité de réaliser une coronarographie, explique le patron de l’unité de Chirurgie thoracique et cardiovasculaire de l’hôpital de Fann. Seulement, le Pr. Mouhamadou Ndiaye précise que le manque de spécialistes, pour prendre en charge la crise cardiaque, est réel. «Actuellement, en dehors de la coronarographie conventionnelle, toutes ces possibilités sont offertes, mais en qualité et en quantité insuffisantes. Il serait utile de mettre en place une coordination efficace de ces opportunités, grâce à la formation des ressources humaines et à l’équipement des structures de soins aux malades», préconise-t-il.
Poursuivant, il fait savoir que «si un traitement complet et à temps n’est pas entrepris, l’infarctus du myocarde peut générer des complications». En effet, outre la mort subite, l’infarctus peut avoir d’autres conséquences fâcheuses dont certaines sont immédiates comme le choc cardio-génique et l’arrêt cardiaque par exemple et d’autres plus tardives comme l’insuffisance cardiaque qui peut amener à recourir plus tard à la transplantation cardiaque. A ce niveau, il serait opportun de commencer à réfléchir sur une stratégie de prise en charge, conseille le Pr. Mouhamadou Ndiaye. D’autant que, selon lui, «la prévalence de la crise cardiaque ne fait qu’augmenter». Et d’ajouter : «Nous ne restons pas une semaine sans entendre plusieurs cas». Malheureusement, il estime que l’organisation et la mise en œuvre des moyens matériels pour dérouler cette stratégie, font défaut. Seulement, le Pr. Ndiaye insiste sur la nécessité d’informer et de sensibiliser pour une meilleure prise en charge des cas de crise cardiaque. Mais, cela ne sera possible que si les structures publiques seront suffisamment dotées de ressources humaines et d’un équipement adapté, souligne le chef de l’unité de Chirurgie thoracique et cardiovasculaire de l’Hôpital de Fann.
Prévention : le pari du dépistage et de la prise en charge précoce
Prévenir la crise cardiaque, c’est lutter contre les facteurs de risque cardio-vasculaires. «La première cause d’Avc (accident vasculaire cérébral), c’est l’hypertension artérielle», répète le Pr. Mouhamadou Ndiaye. Pour cette raison, le spécialiste est d’avis qu’il serait illusoire de régler les problèmes de l’hypertension artérielle, sans l’intégrer dans le cadre de la réduction des facteurs de risque cardiovasculaire. «L’hypertension artérielle, qui est très fréquente, mérite d’être mieux connue et mieux traitée», explique-t-il. Aussi, plaide-t-il pour le renforcement des stratégies de lutte contre le tabagisme. L’information des jeunes est une autre bataille à engager pour réussir le pari de la sensibilisation sur une maladie comme l’hypertension artérielle. «Il faut les empêcher de tomber dans le tabagisme», insiste-t-il. Et d’ajouter : «Il faut une politique de dépistage et de prise en charge plus soutenue chez les jeunes qui ont plus de 20 ans. Après 30 ans, chacun doit savoir s’il est hypertendu ou non». Le cas échéant, «il doit accepter de se prendre en charge», recommande le spécialiste. Par contre, ceux qui sont atteints doivent bénéficier d’un traitement et d’une prévention secondaire, suggère le chef du Service de Chirurgie thoracique et cardiovasculaire de l’Hôpital de Fann. Cependant, le Pr. Mouhamadou Ndiaye, reconnait la difficulté à faire face à certains facteurs de risque de l’Hypertension artérielle comme l’obésité, dans la mesure où ils sont relatifs à la sédentarité et aux nouvelles habitudes alimentaires. «Il faudrait les modifier», préconise le spécialiste. Malheureusement, regrette le Pr. Ndiaye, «nous consommons plus de graisse. Et, nous ne respectons pas l’économie qui fait que les apports doivent être équilibrés aux dépenses. Nous consommons beaucoup et nous bougeons peu. Cela va favoriser le stockage excessif de graisse, mais aussi le stockage de l’énergie». Compte tenu de toutes ces raisons avancées, le patron de l’Unité de Chirurgie thoracique et cardiovasculaire de l’Hôpital de Fann encourage «à développer les activités sportives, à commencer par les jeunes et faire en sorte que les stratégies préventives, à long terme, apportent beaucoup de bénéfices».
Dossier réalisé par Maïmouna GUEYE et Idrissa SANE
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