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Le soleil | Sénégal | 29/06/2013 | Lire l'article original
Quelle est la situation de la pédiatrie et de l’hôpital Abass Ndao ?
«Le service de pédiatrie de l’hôpital Abass Ndao a été créé, il y a quelques années, dans le souci d’élargir l’offre de soins au Sénégal. Depuis lors, des efforts ont été faits de la part des autorités de la structure sanitaire. Malheureusement, il reste beaucoup à faire. Il nous faut plus de soutien de la tutelle, parce que si nous nous battons chaque jour, c’est pour soulager et apporter des solutions aux malades. L’hôpital Abass Ndao a besoin d’être soutenu en termes de ressources humaines, en équipements. Les autorités doivent nous aider à surmonter toutes les difficultés, surtout d’ordre matériel que nous sommes en train de vivre. Sincèrement, nous ne sentons pas trop ce soutien. Je le dis dans la franchise, parce que mon seul objectif, c’est de tout faire pour que les patients se sentent bien et qu’ils soient bien pris en charge en bénéficiant de soins de qualité. Et mieux, que leurs parents, leurs familles se sentent aussi en sécurité. Depuis plusieurs années, l’hôpital est obligé de se débattre avec ses propres moyens qui sont très maigres et qui ne permettent pas de relever tous les défis, notamment l’atteinte des objectifs qui nous étaient assignés en matière de santé dans notre pays».
Pourquoi un hôpital qui est sous tutelle du ministère de la Santé et de la Ville de Dakar rencontre autant de problèmes ?
«Je pense que ce sont des décisions qui ont été prises pour simplifier une situation initialement complexe. Quelles que soient les personnes qui chapeautent une structure, si les rôles sont bien clarifiés, les choses devraient marcher correctement. Cependant, il faut préciser que, dans toutes les situations difficiles de l’hôpital, le ministère de la Santé a toujours été présent».
Quelles sont les difficultés que l’hôpital Abass Ndao rencontre actuellement ?
«Il y a des difficultés d’ordre matériel et celles liées aux ressources humaines en quantité et qualité. Je prends l’exemple du service de néonatologie qui, pendant longtemps, a été une référence au Sénégal en ce qui concerne la prise en charge des nouveau-nés. Aujourd’hui, il est presque en déliquescence totale, parce que manquant de beaucoup de choses. Les couveuses sont en panne et personne ne s’en offusque. Cette structure ne reçoit même pas de visite. Dans ce service, il y a du matériel qui existe depuis le temps de l’ancien maire de Dakar, Mamadou Diop. On doit le remercier, parce qu’il est le seul maire qui a joué un rôle positif pour cet hôpital. Le matériel dont nous disposons remonte de son magistère et de la Coopération avec le Luxembourg. Dans le service de pédiatrie, il n’y a que deux couveuses qui fonctionnent. Comment voulez-vous prendre en charge de grands prématurés, alors que toutes les couveuses sont en panne. Pis, on nous demande de prendre en charge tous les malades en détresse au Sénégal. Bien sûr que nous sommes un service public obligé de répondre à la demande, mais nous avons nos limites. Je crois qu’il faut que les autorités le comprennent et qu’elles fassent des efforts en nous aidant, car nous sommes là pour les populations. Ce ne sont pas nos intérêts personnels qui sont mis devant. Notre seul souci est que l’on règle les problèmes de la santé».
En vous écoutant, on a l’impression que le plateau technique de l’hôpital est inexistant…
«Je ne peux pas dire que le plateau technique est inexistant, parce que la direction de l’hôpital se bat pour que la structure ait un minimum. En réalité, nous sommes un établissement public de santé qui peut générer des ressources financières. Et, avec ces maigres ressources, nous essayons de faire quelque chose avec la direction. Mais, il y a beaucoup à faire pour répondre au statut d’établissement public de santé de niveau 3. Le plateau technique qui doit nous permettre de répondre à ce statut n’existe pas dans cet hôpital. Nous nous battons pour avoir un plateau technique relevé pour le bonheur des populations. Nous avons une équipe dynamique et nous allons continuer à nous battre et à user de diplomatie pour amener les autorités à comprendre que les hôpitaux dans lesquels nous travaillons doivent répondre aux besoins des populations».
Combien d’enfants sont admis à la pédiatrie ?
«Nous avons deux services, celui de néonatologie et de pédiatrie générale. Au niveau du service de néonatologie qui concerne les enfants de 0 à 28 jours, nous avons en moyenne, chaque année, 2 000 admissions. A la pédiatrie générale, c’est également la même chose avec un service de consultations externes qui fonctionne 24h/24h, puisque nous avons une garde. Nous avons aussi un service de santé maternelle et infantile qui fait de la vaccination, en vue de participer à améliorer la couverture vaccinale au niveau de notre pays.
De ce fait, nous avons une charge de travail très élevée et la demande est forte, parce que nous sommes dans un environnement de quartier populaire où ce sont des indigents qui viennent souvent se faire consulter dans cette structure. Donc, nous avons besoin de plus de moyens, d’une volonté et d’un engagement politique pour changer les choses. Sinon il sera très difficile d’atteindre les objectifs fixés par notre pays pour la santé».
Est-ce que vous enregistrez souvent des pertes en vies humaines au niveau des nouveau-nés ?
«Tout à fait. Les nouveau-nés constituent la plus grande majorité de nos décès. C’est le cas également dans l’ensemble des structures de santé au Sénégal et dans les autres pays. Nous perdons surtout les grands prématurés qui ont de très faibles poids à la naissance, c'est-à-dire moins de 1,5 kg ou moins de 1 kg, mais également des nouveau-nés atteints d’infections nosocomiales. Ces situations sont également courantes dans les services de pédiatrie. C’est pourquoi, aujourd’hui, nous avons beaucoup renforcé les mesures d’asepsie».
Propos recueillis par Eugène KALY
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