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Le soleil | Sénégal | 02/04/2015 | Lire l'article original
Pour accélérer la riposte et mettre fin au Sida en Afrique de l’Ouest et du Centre, l’Onusida a élaboré une nouvelle stratégie allant de 2016 à 2021. Ce document a fait l’objet d’une consultation régionale, hier, à Dakar. Le directeur régional de cet organisme onusien a révélé que le Sénégal offre des atouts pour jouer un rôle central dans la fabrication des médicaments antirétroviraux.
« Le Sénégal est plus que candidat pour être le principal fournisseur en médicaments antirétroviraux ». Ces propos du directeur régional de l’Onusida, Mamadou Diallo, remettent au goût du jour la nécessité de briser le monopole de la fabrication des médicaments essentiels dans la lutte contre le VIH/Sida.
Il estime que notre pays est bien placé pour créer un marché régional de médicaments. « Le Sénégal a une très longue tradition de production pharmaceutique nationale, et les ressources humaines sont bien formées et compétentes. En plus, il existe ici un système de contrôle et de régulation de qualité aux normes internationales.
De même, il y a une volonté politique affichée et un intérêt des investisseurs », laisse-t-il entendre. Poursuivant son argumentaire, M. Diallo affirme : « Avec autant de paramètres, on ne doit plus aller chercher des médicaments ailleurs. Le Sénégal est déjà un pays carrefour dont les industries pharmaceutiques rayonnent dans la sous-région. Donc, nous voulons qu’il prenne le leadership dans ce domaine et utilise son industrie pharmaceutique pour commencer à produire des médicaments contre le Sida dans le cadre d’un partenariat public-privé ». Faudrait-il le rappeler, l’Onusida et ses bailleurs ont réussi à négocier la baisse des prix de ces médicaments qui sont passés de 12.000 à 15.000 dollars sur le plan international à 80 et 100 dollars par personne et par an dans la sous-région. Et la prochaine étape, d’après lui, est d’arriver à produire ces médicaments dans la région. Auparavant, l’Onusida a réitéré ses ambitions de mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030. Pour ce faire, elle mène des consultations régionales afin de recueillir les avis et opinions des acteurs de la riposte à cette pandémie. Ces dernières permettront l’élaboration d’une stratégie quinquennale (2016-2021) qui prendrait en compte l’ensemble des défis et les facteurs susceptibles de favoriser l’atteinte de cet objectif de zéro Sida dans 15 ans. C’est tout le sens de la rencontre qui s’est ouverte, hier, à Dakar.
Faisant le point sur la riposte au Sida en Afrique de l’Ouest et du Centre qui couvre 25 pays, le directeur régional de l’Onusida considère que « le verre est à moitié plein ». Selon Mamadou Diallo, des progrès essentiels ont été enregistrés dans plusieurs domaines. Il s’agit notamment de l’augmentation du taux de la prise en charge et du traitement des personnes porteuses de la maladie, de la réduction forte de la transmission mère-enfant et du recul du nombre de décès qui est passé à 20 %.
Baisse de 35 % de nouvelles infections
A cela s’ajoute la baisse de 35 % de nouvelles infections à la fin de l’année 2013. « Aujourd’hui, il nous faut faire des efforts supplémentaires pour que, les cinq prochaines années, nous parvenions à remplir ce verre à moitié plein », estime M. Diallo. Il ajoute que la stratégie pour arriver à l’objectif fixé par l’Onusida se résume en quatre points : « faire tomber les barrières qui empêchent les personnes de chercher à savoir si elles sont malades, lever les obstacles à l’accès aux médicaments, avoir un sous-système de santé plus efficace et briser le tabou sur le test de dépistage ». Le directeur exécutif adjoint de l’Onusida, Luiz Loures, est catégorique. Pour lui, il faut changer rapidement d’approche dans la lutte contre le Sida au risque de se retrouver avec les mêmes problèmes dans 15 ans. « Si nous ne changeons pas de paradigme, nous ne pourrons pas vaincre cette épidémie. Pour ce faire, il nous faut accélérer la riposte et, dans ce domaine, le Sénégal est un bon exemple sur lequel on peut s’appuyer », dit-il. En effet, au Sénégal, les efforts combinés de l’ensemble des gouvernements ont permis d’avoir l’un des meilleurs programmes en Afrique et au monde. Le pays n’a jamais atteint une prévalence de 1 %. Ce taux est stabilisé à 0,7 % et les autorités sanitaires ambitionnent de l’amener à 0,5 %.
Safiétou Thiam, secrétaire exécutif du Conseil National de Lutte contre le Sida (CNLS), se félicite de la démarche de consultation participative de l’Onusida, car, selon elle, « la réponse contre le Sida trouvera sa source dans les résultats de ces consultations ». Mme Thiam de rappeler que la lutte contre cette maladie se trouve à un tournant important et que les défis sont nombreux. « Le Sida sort de l’urgence, c’est vrai, mais il y a, à chaque fois, de nouvelles perspectives qui se dressent devant nous. Il est important de réfléchir à intégrer cette pandémie dans les systèmes sociaux et de développement, y compris celui de la santé. De ce point de vue, il est urgent que la riposte contre le Sida se réajuste et se restructure, et que tous les ressources soient réorientées vers les priorités », soutient l’ancien ministre de la Santé.
Le défi de connaître le statut sérologique de 90 % des malades
En décembre 2013, le Conseil de coordination du Programme de l’Onusida a invité cette organisation à soutenir les efforts des pays et des régions afin de déterminer de nouvelles cibles pour le passage à l’échelle du traitement du Vih au-delà de 2015. En réponse à cet appel, un fort élan a vu le jour en faveur d’un nouvel argumentaire. Cette stratégie repose sur un triple « 90 % ». Il s’agit, à l’horizon 2020, d’arriver à faire connaître leur statut sérologique à 90 % des personnes vivant avec le VIH. Ensuite, parvenir à mettre sous traitement 90 % de ces personnes infectées pour couper la chaîne de transmission. Enfin, à l’horizon 2020, arriver à supprimer la charge virale chez 90 % des personnes qui reçoivent un traitement antirétroviraux. « En agissant sur ces trois facteurs, nous pourrons atteindre notre objectif qui est d’éliminer le Sida en tant que problème majeur de santé publique d’ici à 2030 », parie Mamadou Diallo.
Elhadji Ibrahima THIAM
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