07/03/2006 - Le soleil - Sénégal
C’est en tout cas ce qu’a révélé une enquête
réalisée récemment par l’organisation Population
council au niveau des régions de Dakar, Saint-Louis, Louga et Kaolack.
L’étude a également révélé que bon
nombre d’acteurs de la santé concernés n’étaient
pas formés dans ce domaine. Pourtant, en 2002, la fondation Compton,
l’Ong française Équilibre et population, ainsi que la Fédération
internationale pour la planification familiale (Ippf) avaient initié
un projet pour la promotion de ce type de contraception dans quatre pays d’Afrique
dont le Sénégal où il avait été piloté
par l’Asbef.
En vue d’élargir l’accès et l’utilisation de
ce mode de contraception au Sénégal, le Population council, en
partenariat avec la Direction de la santé de la reproduction a organisé,
le mardi 28 février, un atelier visant à analyser la situation
de la contraception d’urgence au Sénégal pour ensuite formuler
des recommandations afin d’améliorer l’offre et l’accès
à ce mode de planification.
Dans sa communication, Mme Aïssatou Sano Coly de la division de la santé
de la reproduction, a rappelé que les pays d’Afrique de l’Ouest
ont les taux les plus élevés au monde en matière de besoins
non satisfaits en planification familiale. Cela entraîne chaque année,
d’après les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé
(Oms), vingt millions d’avortements clandestins suite à des grossesses
imprévues. Une situation dangereuse qui occasionne le décès
de quelque 80.000 femmes.
Au Sénégal, le taux de femmes ayant un besoin non satisfait en
planification familiale est de 35 %, selon l’Enquête démographique
de santé (Eds) de 1997. Il s’agit de toute femme féconde
sexuellement active, n’utilisant aucun moyen de contraception, et qui
pourtant souhaiterait espacer ses grossesses d’au moins deux ans ou limiter
ses naissances. Il en résulte qu’une grossesse sur trois est non
désirée.
Et pourtant, estime Mme Coly, le recours à une contraception d’urgence
aurait pu éviter bon nombre de situations déplorables.
Bien que cette méthode figure dans le dernier curriculum de formation
en planification familiale au Sénégal, datant de 1998, et que
le premier document de protocole en santé de la reproduction de 2000
y a fait allusion, ce n’est qu’après la dernière révision
des documents, en 2005, qu’elle a été introduite en tant
que méthode dans les normes et protocoles en santé de la reproduction,
regrette-t-elle.
Pour Mme Youmané Faye de Population council, le besoin non satisfait
en planification familiale est en partie dû au manque d’information
sur les méthodes de contraception en général et à
l’accès financier et géographique limité. Il devient
dès lors urgent de former les acteurs de la santé qui, à
leur tour, sensibiliseront les clients, et d’approvisionner les structures
sanitaires pour garantir la disponibilité de la méthode.
Ceci d’autant plus, fait-t-elle remarquer, que la contraception d’urgence,
tout comme les autres formes de contraception, a un rôle important à
jouer dans la réduction de la mortalité maternelle, conformément
à l’Objectif du millénaire pour le développement
(Omd).
Un couteau à double tranchant
Dans la vie de couple, la contraception d’urgence est une méthode
d’appoint utilisée dans des cas extrêmes. En cas d’oubli
d’une pilule, par exemple, ou par la femme dont le mari, en voyage, arrive
inopinément et qui n’a pas eu le temps de se mettre sous contraceptifs.
Ou encore, en cas de déchirure inopinée d’un préservatif.
Cependant, l’accès de ce mode de contraception aux adolescents,
comme l’a signalé dans un de ses bulletins le réseau Ec
Afrique qui a pris part à l’atelier, a suscité presque partout
dans le monde un débat houleux.
Au Sénégal, certains prestataires, ainsi que les enquêtes
menées ont permis de le constater, évitaient, par souci moral
ou par conviction religieuse de conseiller cette méthode aux adolescentes,
de crainte qu’elle ne les incite à la débauche. Dans le
même souci, certaines personnes interrogées se sont montrées
réticentes face à la vulgarisation de ce type de contraception
à travers les médias et ont préféré une approche
de proximité au niveau des centres de santé.
Toutefois, pour les acteurs de la santé présents lors de l’atelier,
il faudrait mettre en avant les conséquences socio-économiques
et psychologiques que les grossesses indésirées peuvent engendrer,
ainsi que les risques liés aux avortements clandestins. Car, il y va
de la santé et du bien-être des jeunes. Une autre enquête
menée à Dakar dans les établissements scolaires et universitaires
et réalisée par le Centre de formation et de recherche en santé
de la reproduction (Ceforep) montre, en effet, que les jeunes, même s’ils
ne connaissent pas cette méthode, en ont besoin. Les pratiques, souvent
issues de croyances erronées qu’ils utilisent dans l’espoir
de se débarrasser d’une éventuelle grossesse, témoignent
de ce fait.
Les participants ont insisté sur la nécessité, dans tous
les cas, de sensibiliser les jeunes sur cette méthode afin qu’ils
puissent y avoir accès en cas de nécessité, en mettant
toutefois l’accent sur le fait qu’elle ne protège pas des
Infections sexuellement transmissibles (Ist) et ne peut se substituer à
une contraception régulière.
Au secours des victimes de viol
Se retrouver enceinte après avoir subi une agression sexuelle est la pire chose qui puisse arriver à une femme. En tant que composante du traitement clinique des victimes, la contraception d’urgence peut, dès lors, jouer un rôle important en réduisant la probabilité de grossesse résultant de cette expérience traumatisante. Le réseau international Ec Afrique, qui a consacré un de ses bulletins à ce thème, fait savoir que des études récentes ont montré que très peu d’hôpitaux, bien que cette méthode soit connue au niveau de la communauté médicale depuis des décennies, offraient ce service vital. Aux Etats-Unis, des efforts sont en cours, car certains Etats exigent, désormais, que les salles des urgences des hôpitaux offrent la contraception d’urgence et /ou l’information afférente à toutes les victimes d’agression sexuelle. En Afrique, l’accès à cette contraception est beaucoup moins assurée et dépend des connaissances du prestataire de soins de santé officiant. Le Kenya, cependant, a fait un pas important dans la lutte pour élargir l’accès à cette méthode à travers notamment la police locale, les centres de dépistage volontaires du Vih /sida, les hôpitaux privés et bientôt le service public.
Salimata Gassama Dia
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