26/09/2019 - Midi Madagasikara - Madagascar
En marge de la célébration de la Journée mondiale des pharmaciens, le président de l'Association des Grossistes Pharmaceutiques Malagasy (AGPM), le Dr Christian Razanabahiny Marojama, tire la sonnette d'alarme sur la situation à Madagascar en matière de vente de médicaments, rongée par des maux jusqu'ici restés... inguérissables : le marché illicite et surtout la contrefaçon, dix fois plus rentables que le trafic de drogue, selon l'OMS. Une porte ouverte à tous les abus.
Quel est précisément le véritable rôle du pharmacien dans le processus de vente de médicaments ?
Le métier de pharmacien est beaucoup plus complexe que le simple fait de vendre des médicaments dans une pharmacie. Plusieurs autres volets importants font partie de son métier. Entre autres, les conseils officinaux associés à l'utilisation, à la prise et à la conservation des médicaments, ainsi que la pharmacovigilance.
Mais à Madagascar, il semble que ce rôle ne soit pas compris par le grand public, amenant certains patients à se passer du pharmacien pour se procurer des médicaments...
C'est un fait. Mais il faut savoir que le médicament n'est pas un produit comme les autres et exige un certain nombre de conditions tout au long du circuit qu'il emprunte, jusqu'à son arrivée chez le patient. En ce qui concerne Madagascar, il y a deux circuits. Le premier, qui débute chez les laboratoires pharmaceutiques, en passant par la phase de certification, de contrôle et d'assurance qualité, puis l'obtention de l'autorisation de mise sur le marché (AMM). Dans ce circuit, le pharmacien exerce pleinement son rôle. Le médicament est, dans ce cas, un remède qui contribue à la guérison. Le second circuit passe par le marché illicite alimenté par des réseaux malveillants. Il peut s'agir de vols ou de détournements de médicaments, ou encore de contrefaçons. Les médicaments peuvent alors être périmés, sous-dosés, ou sans aucun principe actif, ou pire, contenant des substances toxiques. Le « médicament » devient dans ce cas un produit inefficace, voire un poison mortel. Le choix entre ces deux circuits, le patient doit le faire en connaissance de cause.
Le marché illicite reste pourtant florissant. Comment l'expliquez-vous ?
C'est surtout le pouvoir d'achat qui dicte ce choix. Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que le marché illicite, sans contrôle, est une porte ouverte à tous les abus. Le patient est exposé à des dangers sur sa santé et sa vie. Les données de l'OMS font état de 700.000 morts par an, causés par la contrefaçon de médicaments. Tout un chacun doit être conscient de cet énorme risque. En se procurant un médicament à un prix peut-être moins élevé, le patient risque de dépenser beaucoup plus en cas d'intoxication ou de complication de la maladie quand le « médicament » s'avère inefficace.
Y a-t-il une action entreprise avec l'Etat pour éradiquer le phénomène ?
Avec l'Agence du Médicament, des démarches ont déjà été entreprises en vue de résoudre ce problème. A mon avis, la clé de l'éradication réside avant tout dans la lutte contre la corruption car c'est la corruption qui permet l'expansion du fléau. La lutte contre la corruption menée par l'Etat est alors l'une des principales solutions. Nous, professionnels du médicament, aspirons à davantage de partenariat avec l'Etat pour résoudre le problème. De son côté, l'AGPM est déterminée à mener à bien sa mission. Notre association se fixe, en effet, trois objectifs : lutter contre les ventes illicites de médicaments ; réduire la rupture de médicaments, et contribuer à réduire les flambées des prix des médicaments importés.
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