13/07/2023 - Le Faso - Burkina Faso
L’État burkinabè veut réglementer les interventions des agents publics de santé dans le secteur privé, minimiser les conflits d’intérêts, améliorer la disponibilité des agents publics dans les structures publiques. Ce sont entre autres les raisons qui ont poussé le gouvernement à adopter le décret portant modalités d’interventions des agents publics de santé, dans les structures sanitaires privées au Burkina Faso. La décision a été entérinée en conseil des ministres le jeudi 6 juillet 2023 à Ouagadougou. Pour Dr Arouna Louré, médecin anesthésiste-réanimateur, les conséquences de l’application d’un tel décret seront dévastatrices aussi bien pour le secteur privé que pour le public.
Lefaso.net : Que pensez-vous du décret adopté par le gouvernement, portant modalités d’interventions des agents publics de santé dans les structures sanitaires privées au Burkina Faso ?
Dr Arouna Louré : Si l’on veut rester formaliste, au Burkina Faso, les lois qui portent la fonction publique disent que l’ensemble des agents sans exception sont dévolus uniquement au service public. À ce titre, l’on pourrait dire que le ministre en charge de la santé est dans son rôle quoiqu’il existe déjà un décret qui permet aux médecins d’exercer les huit heures deux après-midi de leur temps au niveau du privé.
Cependant, tel que dit dans ce nouveau décret, le ministre jette les agents de la fonction publique hospitalière en pâture. Cela, en faisant croire que l’hôpital public ne fonctionne pas, parce que les agents laissent le service public pour faire de la vacation dans le privé. Ce qui est totalement faux. Je ne nie pas qu’il y a des agents de service public qui quittent leurs postes pour faire de la vacation. Mais le constat aujourd’hui, est que la majorité fait de la vacation sur ses temps libres. Et ce, après avoir rempli les 40 heures de service qu’elle doit à la fonction publique.
Donc, si le ministre va jusqu’au bout de l’idée qui est d’interdire la vacation, c’est tout le système de santé qui va en pâtir et de manière drastique. Le secteur privé de santé avec toute sa bonne volonté, face aux contraintes des lois qui régissent le domaine, n’a pas suffisamment de moyens pour employer surtout à plein temps les médecins spécialistes. Les Béninois l’on essayé, beaucoup de structures ont fermé.
Ils sont revenus aujourd’hui à l’ancienne méthode. Il fallait d’abord analyser l’expérience du Bénin avant de s’engager dans cette dynamique. Donc l’application de ce décret va jouer négativement sur le système privé sans améliorer le système public qui risque d’être boycotté. Si l’on veut faire croire que c’est parce que les gens ne travaillent pas que ça ne marche pas, les gens vont vraiment arrêter de travailler en respectant les principes de la loi. Il y a des services où des gens font plus de 40 heures de service avec bonne volonté.
Il est notamment autorisé aux agents public de santé une intervention d’au plus huit heures par semaine dans les formations sanitaires privées. Comment appréciez-vous cela ?
...
Montrez cette courte vidéo à vos patients afin qu'ils comprennent pourquoi.
Montrez cette courte vidéo à vos patients afin que l'efficacité soit maximale.
Adresse
Téléphone
Revue MAF
Revue OST
Actualités
Rubriques spécialités
Webinaires
Espaces labos