03/10/2007 - Walfadjri - Sénégal
Ce mathématicien français et son équipe de chercheurs ont montré que la stratégie de lutte contre l’hépatite B mise en place dans certains pays, conformément aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), suit une logique aveugle qui ne recoupe pas la réalité sur le terrain. ‘C‘est un mauvais par cœur que l’on continue à appliquer’, s’insurge le Français.
Pr Sallet a rappelé les travaux d’une équipe de recherche de l’université de Dakar dirigée par le Professeur Aminata Sall Diallo, spécialiste des hépatites virales. Le Pr Diallo a notamment découvert qu’au Sénégal, et en Afrique en général, environ 20 % des mères sont porteuses de virus de l’hépatite B. Ce qui fait que, quand elles donnent naissance, il y a un risque non négligeable de transmission du virus de l’hépatite B à leurs enfants par l’intermédiaire des fluides. ‘Ces enfants seront contaminés, on ne se rendra pas compte, mais, plus tard, ils vont développer des cancers très tôt : c’est-à-dire vers l’âge de 20 ans à 40 ans’, note le Pr Sallet. ‘Les modèles mathématiques confirment ce qui a été démontré avec des mesures sur des patients par le Pr Diallo’, conforte le mathématicien.
Cette découverte est de nature à mettre en cause le calendrier vaccinal de l’hépatite B mis en place par l’Organisation mondiale de la santé (Oms) dans les pays africains, y compris le Sénégal. ‘Nos modèles contredisent les assertions qui sont soutenues par l’Oms. En conséquence, une campagne de vaccination doit être faite relativement très tôt pour éviter la transmission mère-enfant de l’hépatite B. Alors que l’Oms propose de vacciner assez tard les enfants’, relève Gauthier Sallet.
Depuis 1991, l'Oms recommande à tous les pays d'ajouter le vaccin contre l'hépatite B à leur programme national de vaccination. Mais un démarrage plus précoce du calendrier vaccinal, tel que le suggèrent les travaux de modélisation, pourrait aider à éviter les effets néfastes de cette maladie cancérigène à long terme. Des études publiées par l’Oms montrent que ‘les personnes infectées dans leur petite enfance sont celles qui ont le plus de risques de devenir des porteurs chroniques’. En plus, le ‘risque de décès par cirrhose et cancer du foie dû au virus de l'hépatite B est approximativement de 25 % si l'infection a eu lieu pendant l'enfance’.
Lutte contre le Sida et le paludisme : ‘Les modélisations peuvent
jouer un rôle considérable dans la prévention des épidémies’
Au-delà de l’hépatite virale, les modélisations mathématiques
peuvent jouer un rôle considérable dans la lutte contre la propagation
des épidémies en Afrique. ‘Pour n’importe quelle maladie
transmissible, le Sida, le paludisme, l’hépatite B, les modèles
mathématiques permettent de voir les points faibles, c’est-à-dire
les endroits où l’on peut agir pour être plus efficace’,
indique le Pr Gauthier Sallet, mathématicien et chercheur à Institut
national de recherche en informatique et en automatique (Inria) et à
l’Institut de recherche pour le développement (Ird).
Bien qu’étant des sciences relativement nouvelles, les modèles mathématiques s’attaquent aujourd’hui aux deux plus grandes pandémies du 21e siècle. Avec des fortunes différentes pour le moment. ‘Sur le Sida, nous avons développé ce qu’on appelle le modèle humain, qui montre qu’il faut utiliser une multi-thérapie avec trois, voire quatre traitements pour espérer maintenir stable le taux de vrillons (les virus libres dans l’organisme), voire les faire disparaître’, indique Pr Sallet. Si des avancées sont notées dans la lutte contre le VIH, pour le paludisme, par contre, les mathématiciens cherchent encore la bonne formule. ‘On sait qu’il faut combattre le paludisme, mais comment s’y prendre ? Faut-il lutter contre les larves, les moustiques adultes ou éliminer les eaux stagnantes, etc ? s’interroge le chercheur français. Toutefois, il réitère son optimisme sur sa science : ‘Les modélisations peuvent dire là où il faut agir pour être beaucoup plus efficace.’ Pour une meilleure précision, le mathématicien rappelle cependant la nécessité de confronter les modèles théoriques à la réalité : ’Il faut travailler avec les biologistes qui vont confirmer si nos modèles sont bons et si on n’a rien oublié’, souligne Gauthier.
Abdou Rahmane MBENGUE
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