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Le soleil | Sénégal | 17/02/2009 | Lire l'article original
Avec les nombreux cas de grossesses précoces et multiples, la prévalence élevée des complications liées à la grossesse comme l’hypertension artérielle, l’obésité, le diabète, pourquoi la Planification familiale n’a pas la cote à Guet-Ndar ?
« Les femmes n’étaient pas informées », lance tout de go Khady Sylla, agent d’Iec (Information, éducation, communication) à la maternité de Guet-Ndar. Elle évoque également d’autres facteurs tels le refus des maris et les rumeurs pour justifier le manque d’intérêt des femmes de cette partie de la commune de Saint-Louis pour la Planification familiale.
Selon elle, avec les rumeurs persistantes qui faisaient état de complications et qui parlaient de limitation des naissances et non d’espacement des naissances, les hommes interdisaient systématiquement à leurs épouses de pratiquer la Planification familiale.
Cependant, elle fait savoir que maintenant les femmes s’intéressent de plus en plus à la Planification familiale. Même si c’est encore timide. C’est d’ailleurs le cas de Marième, 42 ans, 7 enfants dont le dernier né est âgé de moins de deux ans. Selon elle, sa dernière grossesse était tellement difficile qu’elle a failli y laisser sa vie à cause d’une hypertension artérielle. C’est ainsi qu’après avoir accouché, elle n’a pas, pour une fois, attendu l’aval de son mari pour réclamer une méthode contraceptive.
« J’ai pris seule ma décision d’adhérer à la Planification familiale, parce que je tiens à ma santé et à celle de mes enfants », confie-t-elle.
Pour Khady Sylla, agent d’Iec de la maternité de Guet-Ndar, les campagnes de sensibilisation qui sont destinées aux femmes ont beaucoup contribué à changer les attitudes et comportements de cette population analphabète à 90%.
Dans ce cadre, les jeudis, qui sont les jours de vaccination des enfants, sont choisis pour entretenir les mamans de la nécessité de planifier la naissance de leurs enfants aussi bien pour préserver leur santé que celle de leur progéniture. Cela leur permet également de mener correctement leurs activités génératrices de revenus comme la vente de poissons frais et la transformation et commercialisation des produits halieutiques.
Les regroupements périodiques des femmes ou « tours » sont d’autres occasions ciblées pour accroître la sensibilisation sur la Planification familiale. Etant aussi mobiles que leurs maris, on informe ces femmes quand elles se déplacent vers une autre zone de pêche pour qu’elles puissent continuer à utiliser les produits contraceptifs. C’est ainsi qu’informe l’agent d’Iec Khady Sylla, on leur demande d’amener avec elles leur carnet afin de pouvoir fréquenter sur place les structures sanitaires qui leur sont les plus accessibles et où on peut leur offrir les mêmes services.
Outre les rumeurs, si les maris, qui sont des pêcheurs, s’opposent à la Planification familiale, c’est parce que, pro-natalistes, ils veulent avoir beaucoup d’enfants capables de les aider dans leurs activités quotidiennes et de prendre le relais plus tard, d’autant plus qu’ils ont une carrière qui ne dure pas trop longtemps. Car, beaucoup d’entre eux prennent « la retraite » aux environs de la quarantaine, informe notre interlocutrice. Mais, la tendance est au changement depuis peu. Car, maintenant, souligne l’agent d’Iec, on constate que les Guet-Ndariens, essentiellement des pêcheurs, s’intéressent à d’autres métiers comme la mécanique, la menuiserie, la maçonnerie, etc. En plus, ils sont de plus en plus nombreux ceux qui vont à l’école et poursuivent leurs études jusqu’à l’université, soutient-elle.
Pour démontrer le succès des séances de sensibilisation, l’agent d’Iec indique que des femmes l’interpellent dès fois dans la rue pour qu’elle éclaire leurs lanternes sur une question dont elles ont débattu lors d’une causerie.
Des visites à domicile sont également organisées pour s’enquérir de l’état de santé des femmes qui ont l’habitude de fréquenter le poste de Santé et qu’on a perdu de vue.
Pour lutter contre les grossesses à risque, les femmes sont sensibilisées sur l’importance de faire toutes les consultations prénatales pendant la grossesse. Pour cette raison, déclare Baby Diop, la sage-femme de la maternité du poste de Santé de Guet-Ndar : « Nous intégrons tout dans les soins. On fait la promotion de la Planification familiale, des consultations prénatales. Le renforcement nutritionnel des enfants mal nourris figure également en bonne place dans nos interventions ».
M. GUEYE
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