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Le quotidien | Sénégal | 15/04/2009 | Lire l'article original
«Quand j’ai lu l’article (paru dans le journal Le Quotidien n°1867 et qui s’intitulait : Un labo canadien découvre un vaccin contre le Sida), c’était presque un effet d’annonce. Je crois qu’on est encore très loin d’un vaccin au stade actuel de nos connaissances.» Telle est, en partie, la réaction du Professeur Souleymane Mboup, suite au communiqué rendu public par le laboratoire de recherche canadien Mymetics, qui annonce le lancement de l’étude de phase 1 chez l’humain d’un vaccin préventif contre le Vih/Sida. Pr Mboup, co-découvreur sénégalais du virus du Vih2, par ailleurs chef du service de bactériologie-virologie du Centre hospitalier universitaire de l’hôpital Aristide Le Dantec est formel : «Jusqu’à présent, tous les essais qu’on a faits et qui ont suscité des espoirs, se sont avérés inefficaces.» De quoi refroidir les ardeurs de ceux qui ont cru au miracle d’un remède contre le Vih/Sida qui a infecté, aujourd’hui, plus de 40 millions de personnes de par le monde.
Interrogé sur le pessimisme dont il fait montre par rapport aux arguments soutenus par Mymetics, Souleymane Mboup explique qu’«il est très difficile de faire un vaccin contre le Sida» pour plusieurs raisons, parmi lesquelles «la diversité génétique du virus». Pour lui, malgré les assurances données par Mymetics quant à la fiabilité de son vaccin, le chemin reste encore long, car un vaccin, quel qu’il soit, pour prouver son efficacité, doit passer par différentes étapes. «Ça fait aujourd’hui 25 ans qu’on parle de la découverte d’un vaccin dans les 5 ans à venir, mais jusque-là rien», rappelle-t-il. Avant de poursuivre : «Le vaccin, c’est une sorte d’entonnoir où on a plusieurs produits au départ, mais au bout du compte, on se retrouve avec un échec.» A ce propos, il s’est souvenu des derniers essais que des spécialistes avaient effectués et qui avaient montré des résultats «très encourageants». «Ces résultats se sont tous avérés des échecs», regrette-t-il encore. Néanmoins, le professeur Titulaire de Bactériologie-virologie de l’Université Cheikh Anta Diop Dakar indique : «Le dernier grand essai se déroule actuellement en Thaïlande et les résultats sont attendus en 2009-2010 et qui pourront nous donner d’autres résultats.»
Pourtant, les résultats de Mymetics présentés comme une «percée décisive dans la prévention du Vih/Sida», semblent séduire les pays européens qui ont autorisé des tests précliniques chez l’être humain. Mais, même là encore, Mboup s’alarme : «Il y a une cinquante de candidats vaccins qui ont déjà fait l’objet d’une étude de phase 1 chez l’humain. On est au tout début et c’est prometteur, mais cela ne veut pas dire qu’il y aura un vaccin.» C’est clair, le premier récipiendaire du Prix de la pharmacie francophone pour l’année 2000, décerné par l’Académie nationale de pharmacie de France, prend avec des pincettes les arguments avancés par Mymetics. Puisqu’il ne semble pas convaincu par les «nombreux essais pré cliniques réalisés en Chine et vérifiés par un laboratoire indépendant». A l’en croire, ces spécialistes sont allés trop vite en besogne, car il y a tout un processus à adopter et chacune des phases peut aller de 18 mois à deux ans et même plus. Mieux, tranche-t-il : «Il n’y a que chez l’homme, pour le Vih, qu’on peut prouver l’efficacité d’un vaccin.» Une façon pour lui de commenter les propos de Mymetics assurant que «les animaux qui ont été vaccinés (lors des essais précliniques) ont soit pu prévenir l’infection, soit la contrôler à un niveau resté sous le seuil de détection».
Souleymane Mboup, qui soutient avoir reçu ces documents de Mymetics, estime que «ce sont des gens (les spécialistes de Mymetics) qui font un effet d’annonce parce que certainement ils ont une stratégie différente qui garantit l’efficacité du vaccin». Mais, prévient-il : «Beaucoup de chercheurs sont allés à la phase 2 de leurs essais, sans pour autant aboutir à une phase 3.» Tout simplement parce les scientifiques n’ont «pas de connaissances scientifiques suffisantes pour faire un vaccin». L’idée est, pour lui, de pousser encore la recherche pour mieux connaître le virus.
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