02/07/2009 - Le quotidien - Sénégal
Rassemblement de lutte contre les cancers de l’enfant dans les pays émergents et en développement, a suscité une vive émotion chez les participants à cette journée. Ismaïla Sow (14 ans) et Sounkamba Keita (16 ans), tous deux brillants élèves, ont vu leur avenir compromis par une maladie toujours inconnue du grand public : le cancer. Les poignants témoignages de Sounkamba ont mis à nu les insuffisances du système hospitalier du pays, qui n’ont jamais su lui venir en aide. Dès qu’ils ont été informés du statut de leur jeune fille, ses parents l’ont, en effet, baladée d’hôpital en hôpital sans qu’elle ne puisse bénéficier d’une prise en charge médicale convenable.
Pis, l’amateurisme dont ont fait montre certains infirmiers a fait perdre
à Sounkamba l’usage de ses jambes. C’est avec l’aide de béquilles qu’elle s’est
déplacée jusqu’au parloir pour raconter le calvaire qu’elle a vécu ainsi que
celui de ses parents, sous le regard éberlué du Premier ministre, Souleymane
Ndéné Ndiaye et du ministre de la Santé.
Aujourd’hui, Sounkamba se réjouit d’avoir connu le professeur Claude Moreira,
qui dirige la seule unité d’oncologie pédiatrique du Sénégal, installée à l’hôpital
Le Dantec. C’est à partir de cette unité, dit-elle, qu’elle a repris goût à
la vie et qu’elle croit «fermement» à sa guérison.
Mais, comme Ismaïla Sow et Sounkamba Keita, des milliers d’enfants sénégalais souffrent quotidiennement du cancer, pourtant guérissable sous réserve d’une prise en charge précoce. Selon des statistiques présentées hier, pas moins de 8 millions de personnes meurent du cancer chaque année et naturellement, les pays en développement paient le plus lourd tribut de cette hécatombe. Pour les cancers de l’enfant, des spécialistes ont fait remarquer que, dans les pays industrialisés, les enfants atteints peuvent espérer un taux de survie de 80 %, là où des pays comme le Sénégal espèrent 10 voire 20 %. Et ce qui est plus dramatique encore, ces pays totalisent la grande majorité des 160 mille nouveaux cas d’enfants diagnostiqués chaque année. Le Sénégal, lui, se contente de 800 nouveaux cas annuels.
Besoin de décentraliser les soins
Pr Claude Moreira, qui a longuement reçu des éloges de ses pairs pour «son travail impressionnant» avec son unité d’oncologie pédiatrique du Chu Le Dantec, a plaidé pour la prise en charge médicale de ses jeunes patients. A l’endroit du Premier ministre, du ministre de la Santé et de celui de la Famille et de la Petite enfance, il a demandé plus de volonté politique et de compassion à l’égard des jeunes cancéreux. Avant d’ironiser que dans un pays où l’unité de mesure s’est convertie en milliard depuis 2000, la prise en charge médicale de ces enfants ne devrait poser de problèmes. Puis, le chef de l’unité d’oncologie pédiatrique de Le Dantec de déplorer que son unité soit la seule au Sénégal. «Cette unité est saturée», a-t-il répété avant de souligner que la priorité aujourd’hui, c’est la décentralisation des soins. Puisque seule une toute petite minorité des 800 cas annuels a accès aux soins. Soit parce que leurs parents n’ont pas les moyens, soit parce qu’ils habitent au fin fond du Sénégal. Et vu l’état dans lequel ces structures régionales de santé sont, ces familles n’ont autre recours que faire le pied de grue devant l’hôpital Aristide Le Dantec.
Apparemment touché par cette situation, la première réaction de Souleymane Ndéné Ndiaye a été de déplorer le fait que certains personnels soignants mettent, de plus en plus, en danger les patients venus chercher des soins chez eux. Il a, sous ce rapport, plaidé pour que les structures de santé soient aussi dotées de moyens pour qu’elles puissent venir en aide aux enfants. Car, «ce qui est arrivé à la fille (Sounkamba Keita) est inadmissible».
Au nom de Viviane Wade qu’il est venu représenter à cette cérémonie, qui a regroupé d’éminents chercheurs venus de 21 pays, M. Ndiaye a lancé un appel à toutes les communautés «pour développer une alliance de lutte contre les cancers de l’enfant». Pour le Sénégal, assure-t-il, la signature, au-jourd’hui, par le président de la République du «Manifeste de Dakar» va constituer une «preuve» de son engagement dans cette croisade contre le cancer. Car, la lutte contre le cancer «ne doit pas être seulement l’affaire des professionnels de santé et des familles, mais aussi celle des pouvoirs publics et de toute la communauté». Dores et déjà, assure-t-il encore, le ministre de la Santé doit se préparer à recevoir des «ordres» en rapport avec la prise en charge gratuite des enfants atteints du cancer.
Par Aly FALL
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