Actualités de la santé
en Afrique
Novembre 2005

Au sommaire de cette semaine :

Cameroun :
© Polio : l’inquiétante résistance
© Ophtalmologie : on forme des infirmiers spécialisés
© Nouvelle croisade contre le palu
© On vaccine contre la polio

Congo :
© Recul de la morbidité et de la mortalité dues à la rougeole en Afrique

Côte d'ivoire :
© Lutte contre le paludisme : Plus de 100 milliards consacrés à la recherche d’un vaccin

Ile Maurice:
© Diabète : Les décès liés aux amputations sur une courbe ascendante
© Aucune possibilité d’acheter du Tamiflu fabriqué en Inde
© Les diplômés en médecine de l’Ukraine seront acceptés
© Vers la fin de l’attente pour les interventions cardiaques

Madagascar :
© Accès aux soins - Un nouvel hôpital à Brickaville
© Méthode contraceptive : Un taux de prévalence de 25 % en 2009

RD Congo :
© Bandundu : Jnv 2005 : 82 à 106 % de couverture vaccinale réalisée à Kwango
© Des médicaments piratés causent du tort à la santé humaine
© Par manque de vaccins, deux millions d’enfants meurent

Sénégal :
© Journée nationale de vaccination contre la poliomyélite : 232.017enfants seront vaccinés dans la région de Kaolack
© Entretien avec… Dr Mamadou Diop, chirurgien viscéral, président du Cmsc

Togo :
© Mobilisation internationale contre le sida

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Entretien avec… Dr Mamadou Diop, chirurgien viscéral, président du Cmsc : «A Dantec, il se pose un problème de respect de la personne humaine» - Le quotidien - Sénégal - 08/11/2005
L’hôpital Arisitide Le Dantec croule sous le poids de la vétusté des infrastructures et du manque de matériel nécessaire pour assurer les soins de santé. Au niveau de la chirurgie, les interruptions fréquentes du fonctionnement du service sont souvent l’objet de nombreux reports de programmes opératoires aggravant parfois les pathologies. En marge de la conférence de presse du Cmsc, le Dr Mamadou Diop, chirurgien viscéral, décrit la situation sans complaisance.

Quel est l’état des lieux à l’hôpital Aristide Le Dantec ?
Cet hôpital pose des problèmes de plusieurs ordres. Il y a le problème de l’hygiène et de sécurité très sérieux. L’équipement et les infrastructures même de l’hôpital posent problème. Nous des services chirurgicaux, nous avons créé un collectif pour nous mobiliser parce que nous vivons une situation très grave. Les services chirurgicaux sont durablement et continuellement interrompus dans leurs œuvres. Surtout le bloc opératoire central et le service d’anesthésie et de réanimation. Et ces interruptions peuvent durer plusieurs mois avec des répercussions sur les patients. Imaginez un patient qui a un cancer du col et qui bénéficie d’une radiothérapie très chère, qui cherche difficilement cet argent, et qui doit impérativement être opéré au bout de six semaines. Et que ce malade ne soit pas opéré parce qu’il y a rupture d’approvisionnement en produits, des problèmes de maintenance. Ce malade va voir son cancer évoluer, il va perdre tout le bénéfice de la radiothérapie et peut en mourir. Ça, ce sont des situations que l’on vit tout le temps.

Quelles sont les véritables causes de ces interruptions au niveau de l’hôpital ?
C’est souvent des problèmes de maintenance, des groupes électrogènes qui ne marchent pas, le stérilisateur qui n’a pas fonctionné, des blouses qui doivent être stérilisés. Il arrive que l’on annule un programme opératoire parce que tout simplement le linge opératoire n’a pas été lavé. Ces problèmes sont multiples, mais ce qui nous dérange, c’est qu’il n’y a pas un mécanisme de fonctionnement qui doit faire qu’un bloc opératoire, un service des urgences, un service de réanimation fonctionnent dans la pérennité parce qu’il s’agit de vies humaines.

Est-ce que les autorités de l’hôpital sont au courant de cette situation ?
Les autorités de l’hôpital sont tenues d’être au courrant. Ensuite, nous les avons rencontrés pour leur dire notre mécontentement, on ne comprend pas que cet hôpital soit à l’abandon. Nous avons rencontré la Présidente de la commission médicale d’établissement. Il nous semble que cette commission est un peu bloquée dans son fonctionnement. Nous avons rencontré aussi le directeur de l’hôpital, il y a un problème de déficit, il n’a pas de moyens. Ce que nous disons, c’est que nous ne pouvons plus supporter cela, car c’est un problème de responsabilité médicale.

Cela voudrait-il dire que ce problème est seulement spécifique à l’hôpital Aristide Le Dantec ?
Les problèmes que cet hôpital rencontre ne se posent qu’ici à ma connaissance. Dans cet hôpital, on nous parle d’un déficit de plus d’un milliard. Quand on a rencontré le directeur, il nous a montré une liste très importante de fournisseurs de l’hôpital qui doivent être payés. La structuration même de cet hôpital pose problème parce que vous voyez les premiers bâtiments datent de 1912. Ça ne répond donc à aucune norme hospitalière internationale. Les installations électriques posent problème et nous l’avons vu avec le service d’anatomopathologie. Cela aurait pu être beaucoup plus dramatique. Le bloc opératoire était à côté avec des bonbonnes d’oxygène. On vous a montré aussi des salles d’hospitalisation où les toits se sont effondrés alors que quelques minutes avant, une malade y était hospitalisée. Il y a des fissures graves au niveau de certains bâtiments, donc il y a des risques d’effondrement graves.
Au service des urgences, c’est le dénuement total. Vous avez vu dans la salle d’hospitalisation provisoire, là où les malades doivent attendre avant d’entrer en bloc opératoire ou être transférés dans d’autres services. Il y a un problème de respect de la personne humaine.

Quels sont les plus grands problèmes que l’on rencontre au niveau des services chirurgicaux ?
Nous avons un gros problème de matériels. Au niveau du service d’anesthésie réanimation, nous fonctionnons seulement avec deux respirateurs. Il y a un cimetière d’appareils que les gens n’arrivent pas à réparer qui sont entreposés ici. Je ne parle pas des consommables et du matériel chirurgical, des pinces, des ciseaux etc. Ils ne sont plus adaptés, ils ne fonctionnent plus. Il y a toute une logistique pour une bonne pratique chirurgicale.

Parlez-nous des rendez-vous mortels que vous évoquiez tantôt ?
Nous avons toujours accepté de travailler, car il nous est très difficile d’arrêter de travailler puisque ces malades sont là et démunis. Cela veut dire que nous sommes tout le temps sur la brèche. Nous arrivons même à travailler avec ce matériel qui n’est pas très adapté. Nous nous débrouillons avec ce qui n’est déjà pas normal. Ce sont ces interruptions qui posent problèmes, car on ne peut pas dire que le bloc ne marche pas parce que le linge opératoire n’a pas été lavé. Pendant longtemps, c’est l’Hôpital principal qui s’occupait du linge de l’Hôpital Aristide Le Dantec. Donc, il y a des retards qui ne dépendaient pas de nous.
Il y a des problèmes de maintenance pour beaucoup d’appareils au niveau du bloc opératoire et de l’anesthésie réanimation, le problème des installations électriques, de l’aspiration qui est très importante en anesthésie réanimation. A chaque fois, il y a ceci ou cela qui pose problème et qui fait que l’on interrompt le programme opératoire pour une ou deux semaines. La dernière interruption a duré deux mois. Il n’y avait pas de produits anesthésiants au niveau de Dantec. Nous nous sommes mobilisés maintenant, mais ce problème existe depuis plusieurs années. Ce qui explique que les malades sont renvoyés jusqu’à ce que la pathologie ne soit plus opérable. C’est cela que nous ne pouvons plus accepter. Ces malades sont démunis. Les interventions que nous faisons ici à 100 000 F Cfa peuvent coûter dans une clinique privée 750 000 F Cfa. Ce n’est pas évident pour un Sénégalais. Alors, que ces gens soient pris en charge correctement. Parce que chacun a droit à des soins de santé de qualité.

Ces problèmes sont-ils spécifiques à la chirurgie ?
Je pense que les collègues des autres services ont les mêmes problèmes. Nous ne voulons pas faire pour l’instant un mouvement qui est ingérable. Le Collectif s’occupe, pour l’heure, des services chirurgicaux, mais les problèmes sont partout pareils à l’hôpital Le Dantec. La maternité a été fermée pour vétusté et les médecins sont ventilés dans les différentes structures secondaires. Ça ne règle pas les problèmes. Il faut un grand hôpital qui est fonctionnel parce qu’il y a toutes les compétences, toutes les spécialités nécessaires pour prendre en charge ces malades.

Qu’est-ce que le Collectif des chirurgiens propose pour remédier à tous ces problèmes ?
Dans l’immédiat, il y a des appareils à renouveler ou réparer. Il y a les consommables qu’il faut mettre à la disposition des chirurgiens en quantité suffisante. Tout ceci figure sur la plate-forme. Que des moyens financiers conséquents soient mis à la disposition de la direction.
Pour le moyen et le long terme, les conclusions sont dans le rapport final. Il y a eu des journées de réflexions qui se sont tenues les 10 et 11 mars 2005 où tous les problèmes de l’hôpital ont été soulevés et des propositions faites. Maintenant cela fait huit mois que rien ne se passe.

Asse Bahaid SOW

Lire l'article original : http://www.lequotidien.sn/articles/article.CFM?article_id=29529

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