Les Togolais pourront très bientôt appeler
une hotline gratuite qui les renseignera sur la tuberculose. Au bout du
fil des médecins et des conseillers pour fournir une aide immédiate
sur une maladie qui fait encore des ravages dans le pays. Cette ligne de
l’espoir intitulée « Spécial info tuberculose »
sera couplée à un site Web. L’initiative en revient
à une ONG togolaise.
Les promoteurs du projet précisent que le centre téléphonique
disposera de spécialistes à même de répondre
à toutes les questions que se posent les correspondants.
Le combat contre la tuberculose enregistre des progrès encourageants
dans la plupart des régions du monde, mais pas en Afrique où
la maladie, qui forme un duo meurtrier avec le sida, prend des proportions
alarmantes, selon le 9e rapport annuel de l'Organisation Mondiale de la
Santé (OMS). Et le Togo n'est pas épargné.
Selon ce rapport, il y a eu 8,8 millions de nouveaux cas de tuberculose
dans le monde en 2003, dont 670.000 chez des porteurs du virus du sida (VIH).
"Chaque jour, plus de 5.000 personnes meurent de la tuberculose dans
le monde. C'est l'équivalent de quinze gros avions qui tombent par
jour", relève le Dr Léopold Blanc, coordonnateur de l'unité
"stratégie et opération de lutte antituberculeuse, département
"Halte à la tuberculose" de l'OMS.
Le rapport 2005 analyse l'évolution de la situation grâce aux
données de la période 1990-2003.
"Bonne nouvelle, le nombre total de cas de tuberculose dans le monde
a reculé de plus de 20% depuis 1990", note le Dr Blanc.
Selon le rapport, en 2003 les taux d'incidence (nouveaux cas) fléchissaient
ou se stabilisaient dans cinq des six régions du monde étudiées
par l'OMS, mais augmentait de 1% à l'échelle mondiale.
"Mauvaise nouvelle", la situation en Afrique, confrontée
à la double épidémie sida-tuberculose, tranche avec
ce tableau encourageant : le nombre de tuberculeux continue à progresser
de 3 à 4 % par an.
"Sur 1,7 million de décès par tuberculose enregistrés
dans le monde en 2003, autour d'un demi-million concerne l'Afrique",
calcule ce spécialiste.
Le sida et la tuberculose forment en effet une association meurtrière :
"l'infection par le virus du sida (VIH) favorise l'éclosion
de la tuberculose en affaiblissant les défenses immunitaires",
rappelle le Dr Blanc. La tuberculose est ainsi une cause majeure de mortalité
chez les sujets porteurs du VIH.
Le coût du traitement anti-tuberculeux est de 10 euros pour malade
et le "scandale" est que tous n'en bénéficient pas,
poursuit-il.
"C'est un devoir d'investir dans la santé en Afrique et en particulier
dans la lutte contre la tuberculose" car "c'est une maladie contagieuse
qui ne connaît pas de frontière et constitue une menace pour
la santé dans le monde", commente-t-il.
Plus de 17 millions de patients ont bénéficié de la
stratégie "DOTS" de 1995 à 2003. Cette stratégie
efficace de dépistage et de traitement adoptée dans 182 pays,
implique "un engagement des pouvoirs publics dans la lutte contre la
tuberculose", souligne le rapport. Elle vise aussi à prévenir
l'apparition de tuberculose résistante aux traitements comme on en
observe notamment en Europe de l'Est.
Si l'on ne fait rien contre la tuberculose au cours de ces 20 prochaines
années, près d'un milliard de personnes seront infectées,
200 millions contracteront la maladie, et 35 millions en mourront, souligne
"Halte à la tuberculose".
L'un des objectifs du Millénaire pour le développement définis
par l'ONU est de réduire de moitié d'ici à 2015 la
fréquence de la tuberculose et sa mortalité.
La moitié des nouveaux cas de tuberculose enregistrés chaque
année dans le monde se produisent dans six pays d'Asie : le Bangladesh,
la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Pakistan et les Philippines.
Dans la plus grande partie de l'Afrique orientale et australe, où
les fréquences de la double infection tuberculose/VIH sont les plus
élevées du monde, seul un tuberculeux sur trois environ reçoit
un traitement antituberculeux complet.
La lutte contre la tuberculose nécessite 2,2 milliards de dollars
en 2005, mais le plan mondial Halte à la tuberculose évalue
le déficit financier annuel (2001-2005) à au moins un milliard.
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