Après Uige, Cabinda et Lunda, la fièvre
hémorragique de Marburg vient de gagner la province de Kwanza Norte,
la quatrième province touchée par le virus. Entre temps le
bilan s'alourdit d'heure en heure dans le pays, avec déjà
163 cas, dont 150 décès, dans la seule province de Uige, dans
le nord de l'Angola, a rapporté l'Afp.
Selon le bilan établi, la semaine dernière, on dénombre
un total 150 cas dont 142 morts dans la province Uige , épicentre
de l'épidémie, a annoncé le gouverneur de cette province,
Bento Kangulo, interviewé par la radio privée Luanda Antena
Comercial (Lac) et cité par l'Afp. Il a précisé que
huit malades étaient "en isolement à l'hôpital
de Uige (chef-lieu de la province du même nom, environ 300 km au nord
de Luanda)". "Le problème c'est que les malades ne veulent
plus aller à l'hôpital et qu’il y a des malades qui sont
en train de mourir chez eux", a-t-il déploré.
A Genève, l'Oms a fait état de deux cas suspects en RDC, qui
est "en alerte générale", et de neuf personnes placées
en isolement en Italie, après avoir été en contact
avec un malade de Marburg. Après le Congo, le Kenya, ainsi que Sao
Tome et Principe, le Gabon, la Zambie et le Cap- Vert ont pris des "mesures
préventives". Le ministère angolais de la santé
a appelé "toute la population à collaborer pour le contrôle
de l'épidémie, recommandant d'informer les autorités
sanitaires en cas de décès à domicile, de ne pas toucher
les cadavres, d'informer les autorités sanitaires sur les personnes
ayant été en contact direct avec des malades ou des morts
par hémorragie".
"C'est le nombre le plus élevé de morts jamais répertorié,
au cours d'une éruption de cette rare mais extrêmement grave
maladie", a souligné l'Oms dans un communiqué diffusé
sur son site internet. Le virus de Marburg qui a été découvert
en 1967, dans un laboratoire de la ville allemande du même nom, avait
déjà fait123 morts sur 149 cas recensés en RDC, entre
fin 1998 et fin 2000. Il n'existe ni vaccin, ni traitement pour l'infection
à virus Marburg, dont l'issue peut être rapidement fatale.
Au cours de la flambée actuelle, la plupart des décès
se sont produits dans les 3 à 7 jours suivant l'apparition des symptômes.
Les flambées antérieures donnent à penser que le risque
infectieux augmente, lorsqu'il y a un contact étroit avec des liquides
biologiques ou des personnes infectées, ce qui est le cas dans les
établissements de soins ou au cours des rites funéraires.
L'OMS soutient l'action du Ministère de la Santé angolais
qui vise à renforcer la lutte anti-infectieuse dans les hôpitaux,
à intensifier le dépistage des cas et la recherche des contacts
et à améliorer la connaissance qu'a le grand public de la
maladie et de ses modalités de transmission.
Un virus extrêmement dangereux
L'infection à virus Marburg est une fièvre aiguë s'accompagnant
de sévères hémorragies. On observe une période
d'incubation de 3 à 9 jours. Aux premiers stades de l'infection,
les symptômes ne sont pas spécifiques et peuvent être
facilement confondus avec ceux de maladies plus courantes, paludisme, fièvre
jaune ou typhoïde par exemple. Une diarrhée liquide profuse,
des douleurs abdominales, des nausées et des vomissements font partie
des premiers symptômes, de même que des douleurs thoraciques,
une irritation de la gorge et de la toux. De graves manifestations hémorragiques
se développent entre le cinquième et le septième jour,
dans une très grande proportion des cas, et elles touchent le plus
fréquemment le tractus digestif et les poumons. Une éruption
caractéristique, couvrant parfois tout le corps, apparaît en
général à ce moment. Cette maladie a été
identifiée en 1967, au moment où des flambées ont affecté,
simultanément, des personnes travaillant dans des laboratoires à
Marburg et Francfort, en Allemagne, ainsi qu'à Belgrade. On a ensuite
établi un lien entre les 31 cas de ces flambées, dont 7 mortels,
et des singes infectés importés d'Ouganda.
Le virus a ensuite disparu jusqu'en février 1975, lorsqu'un homme,
présentant une pathologie aiguë et ayant voyagé récemment
au Zimbabwe, a été hospitalisé dans un établissement
en Afrique du Sud. L'infection a ensuite atteint son compagnon de voyage
et une infirmière de l'hôpital. L'homme en question est mort,
mais les deux autres ont guéri.
En 1980, deux cas, dont un mortel, se sont produits au Kenya. En 1987, un
autre cas unique, mortel, est survenu au Kenya. Le bilan de la plus grande
flambée connue, de fin 1998 à fin 2000, en République
démocratique du Congo, s'établit à 149 cas, dont 123
mortels. A l'origine, elle a concerné principalement les employés
d'une mine d'or à Durba.
L'infection à virus Marburg se produit très rarement et semble
être géographiquement confinée à un petit nombre
de pays, au sud du continent africain. Lorsque des cas se produisent, la
maladie a un potentiel épidémique et elle peut se propager
d'une personne à l'autre, la plupart du temps dans le cadre des soins
donnés aux patients. Pour cette raison, il faut prendre de strictes
mesures de lutte anti-infectieuse, pendant la prise en charge des cas. Pour
endiguer les flambées, il faut aussi rechercher et isoler rapidement
les contacts. L'éducation sanitaire s'impose pour informer les communautés
des risques allant de pair avec les rites funéraires traditionnels.
Malgré des recherches approfondies pendant plusieurs années,
il a été impossible de trouver un réservoir du virus
chez l'animal et de déterminer où il se dissimulait dans la
nature, entre deux flambées.
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