La Communauté rurale de Ngoye Aliou Sylla, dans le département de Bambey, a été mercredi, la capitale de la Santé du Sénégal, pour avoir abrité le lancement de la Journée nationale de mobilisation contre les bilharzioses. Maladies dont l’Oms estime à 500 millions, le nombre de sujets exposés et à 200 millions le nombre de sujets atteints par ces affections dans le monde. Dans la région de Diourbel, c’est le département de Bambey qui s’illustre avec un taux de prévalence de 73 % constaté à Ngoye Aliou Sylla où les enfants sont les plus vulnérables, surtout en ce qui concerne la bilharziose urinaire.
En procédant au lancement officiel de la Journée nationale de mobilisation contre les bilharzioses, le ministre de la Santé et de la Prévention médicale, Abdou Fall, accompagné de sa collègue Aïda Mbodj Mbacké, du représentant de l’Oms, du Gouverneur Mamadou Ibrahima Lô, des autorités médicales de la région de Diourbel, ainsi que des élus locaux, n’a pas manqué de souligner qu’au Sénégal, la bilharziose urinaire constitue, de par sa prévalence, la seconde endémie parasitaire après le paludisme. Il a justifié le choix porté sur le village de Ngoye Aliou Sylla par le fait que l’enquête nationale d’évaluation des bilharzioses menée en 2003 avait révélé que la prévalence de la bilharziose urinaire était de 84, 1 % dans ledit village « où il existe de nombreuses mares temporaires qui sont à l’origine de la contamination ». Pour Abdou Fall, l’ignorance et les comportements des populations, ainsi que le développement des aménagements hydro-agricoles occupent une place prépondérante dans les facteurs favorisant les bilharzioses. Il n’a pas manqué de noter que la création de nombreux bassins de rétention à travers le pays, créant des habitats propices au développement des mollusques, hôtes intermédiaires, risque de favoriser l’extension des bilharzioses, si des mesures adéquates ne sont pas prises.
Selon Abdou Fall, son département, conscient de cette situation, a mis en œuvre, depuis 1998, le Programme national de lutte contre les bilharzioses (Pnlb) dont la stratégie majeure repose sur la prévention à travers l’information, l’éducation et la communication.
Cette journée a plusieurs objectifs dont : « la sensibilisation des populations des zones endémiques en particulier, les enfants, les jeunes, les femmes et les leaders d’opinion, susciter la création de comités de lutte contre les bilharzioses dans les régions et les districts, assurer une large diffusion des stratégies de lutte retenue par le Pnlb et enfin sensibiliser les décideurs ; les Collectivités locales et les partenaires au développement pour obtenir leur implication dans la lutte contre la bilharziose ».
Abdou Fall a aussi saisi l’opportunité de cette journée pour lancer un appel à toutes les couches de la société : « étant entendu que la lutte contre la bilharziose n’est pas seulement l’affaire du ministère de la Santé, mais elle concerne tous les autres secteurs ». Pour cette raison, il a invité les uns et les autres à s’engager davantage dans la sensibilisation des populations « pour les amener à adopter des comportements adéquats dans les domaines de l’hygiène et de l’assainissement ». Il a aussi promis d’affecter dans le village, une sage-femme.
Mobilisation à tous les niveaux
Maladies parasitaires dues à des vers plats appelés bilharzies ou schistosomes, les bilharzioses sont de deux formes au Sénégal. La bilharziose urinaire, qui est la forme la plus répandue et qui sévit dans presque toutes les régions du pays (en particulier dans celles de Saint-Louis, Tamba, Diourbel, Kolda et Louga) et la bilharziose intestinale qui se localise surtout dans le Delta du Fleuve Sénégal et le long du Lac de Guiers, leur mode de transmission se fait généralement au cours des baignades dans les eaux douces (mares, marigots, etc.).
À Ngoye Aliou Sylla (qui compte 64 mares et marigots et un bassin de rétention), 75 % des 499 élèves de l’école Ndiouly 1 du village sont atteints par la bilharziose urinaire. D’ailleurs, c’est le jeune Elhadji Ngom, élève en classe de 4e au Cem de Ngoye, qui a lu l’engagement de ses camarades à ne ménager aucun effort pour mener des campagnes de mobilisation à tous les niveaux : « afin de bouter cette maladie hors de notre terroir et du pays en général ». Le représentant de l’Oms a, pour sa part, indiqué que face à cette forte progression de la maladie enregistrée au cours des dernières années, le Sénégal a élaboré le Pnlb dont les principales stratégies recoupent celles préconisées par l’Oms, « à savoir le dépistage et le traitement des malades, l’Iec, l’assainissement et l’approvisionnement en eau potable et la lutte contre les mollusques ».
BABACAR DIENG
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