Actualités de la santé
en Afrique
Juillet 2005
Au sommaire de cette semaine :
Burkina Faso :
© Pharmacopée et médecine moderne : La nécessaire
collaboration au profit de la santé
© Docteur Christophe Longuet : "Le vaccin
contre le Sida n'est pas pour demain, soyons honnêtes"
Cameroun :
© Paludisme : le Forum mondial à
Yaoundé
© Radiologie : l’enfant au scanner
© Sida : éclairage sur l’échec
thérapeutique
Madagascar :
© Les médicaments sous contrôle
Sénégal :
© 5ème réunion de l’Ordre
des Pharmaciens : 100 millions pour la « Maison du pharmacien »
© Vaccination des enfants : Un
important dispositif mis en place
© Assises des sages-femmes d’Afrique :
Résolution ferme contre la mortalité maternelle et néonatale
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Santé Tropicale
Selon Amado Wendyellé Ouédraogo, président de
l’Association des tradipraticiens au Sanmatenga, leur association
a été reconnue le 1er août 1991 et compte 470 membres
dont une centaine de femmes.
Leur arrivent-ils de se voir confier des patients par les docteurs ?
Sur ce point, l’un des membres Madega Zambendé, dit : «A
ma connaissance, les docteurs ne nous ont jamais confié un malade.
Très souvent, ce sont les malades qui, ne sentant pas d’amélioration,
viennent nous voir pour les traiter.
Sinon en ce qui concerne notre collaboration avec les structures sanitaires,
j’ai accompagné plusieurs fois des patients chez les docteurs
mais je n’ai jamais vu l’échelle de retour. Très
souvent lors de nos rencontres ou réunions il nous est dit que
notre travail est le même car nous contribuons tous à l’amélioration
de la santé des populations». Pour M. Madega, lors des
bilans ou de l’élaboration des plans annuels, les tradipraticiens
devraient être associés, donner leurs avis et faire des
propositions.
Ce que nous voulons savoir, qu’est-ce que les structures sanitaires
de la santé attendent de nous ? a-t-il dit. Selon Madega, il
est toujours à la direction régionale de la Santé
ou du district sanitaire pour des informations susceptibles de les intéresser.
Il se demande si un agent peut être désigné pour
être un relais entre les tradipraticiens et les structures de
santé. Cela facilite la circulation de l’information entre
eux. L’association des tradipraticiens du Sanmatenga est au niveau
national, coordonnateur de la région du Centre-Nord.
L’association nationale les a toujours informés de tout
ce qui se passe et la coopération entre eux est parfaite. Selon
Madega, il ne vend pas des produits comme des associations le font lors
de certaines expositions. Quand leur contribution est demandée
à ces occasions, l’association désigne ceux qui
aiment exposer leurs produits à la vente pour y aller. Il se
trouve que des tradipraticiens ont trouvé que la location des
stands était chère. Alors ils refusent d’y participer.
Autrefois, les produits se donnaient gratuitement. De nos jours, cela
se monnaie. Sur ce point M. Madega a dit : « Je connais des gens
comme moi qui sont du bureau et qui n’exposons pas nos produits
à la vente. Nous sommes nés trouver que les remèdes
se donnaient gratuitement, donc nous ne vendons pas. Nous sommes chez
nous à domicile et si un patient entend parler de nos produits
et vient pour des soins, nous le traitons et s’il plaît
à Dieu, il recouvrera la santé. Certains ont déréglé
en prenant les produits de la pharmacopée comme si c’était
du mil ou des galettes qu’on vendait au marché. C’est
ainsi que les utilisateurs qui s’en procurent ne sont pas guéris
parce que la voie a été détournée».
«Nous sommes une association démocratique où on
trouve ceux qui exposent et vendent les produits et ceux qui se contentent
de rester chez eux. Il faudrait qu’on fasse la décantation
pour retenir ceux dont les remèdes sont efficaces et ceux qui
sont des charlatans». Pour Madega, les tradipraticiens n’ont
pas le mot méningite ou Sida dans leur vocabulaire, ce qui rend
le traitement difficile. Selon lui, les traditérapeutes ne peuvent
pas dire si oui ou non ils peuvent soigner ces maux. Tout ce qu’ils
savent, les maladies opportunistes comme la diarrhée, les démangeaisons,
les maux de ventre, ils peuvent les soigner. Donc pour les soins contre
le Sida, ils font très attention. Ce qu’ils reprochent
aux structures sanitaires, c’est de financer des séances
d’information, de sensibilisation, des recherches et ne pas y
impliquer les tradipraticiens qui peuvent eux aussi mener des expériences
car les plantes ont toujours des secrets.
Selon Madega, il faut arriver à choisir les tradipraticiens
performants et collaborer avec eux, sinon il y aura confusion. Les publicités
mensongères doivent cesser car la traditérapie demande
de la patience et de l’honnêteté. Autrefois, soigner
les malades se transmettait de père en fils ce qui n’est
plus le cas de nos jours, n’importe quel individu s’y met.
Pour Wendyellé, président et ancien combattant, il a été
initié à la pratique par son père. Une fois sous
les drapeaux, il a arrêté de soigner les gens et une fois
libéré, il s’y est mis. De nos jours, étant
âgé, fatigué et ne pouvant courir la brousse, il
a initié ses enfants qui s’en sortent comme l’un
d’eux, Boukari.
De l’autre côté, le docteur Abdoulaye Soulla, pharmacien de profession à la direction régionale de la santé du Centre-Nord nous a dit, qu’au niveau national, il y a la direction générale du médicament et de la médecine traditionnelle où se trouve la direction de la pharmacopée et de la médecine traditionnelle. Cette direction a défini l’ensemble des règles qui doivent régir les rapports avec les tradipraticiens. Au niveau du Sanmatenga, l’association des tradipraticiens a été mise en place avec l’appui des structures sanitaires qui les parrainent. Selon le docteur Soulla, des formations sont dispensées aux tradipraticiens sur le VIH-Sida et les IST, la tuberculose. Des séances d’alphabétisation ont été initiées pour permettre aux tradipraticiens de transcrire leurs recettes et d’analyser la présentation de leurs produits. Lors des Journées nationales de vaccination, des tradipraticiens qui sont des personnes ressources y sont associés pour la mobilisation. Pourtant, les tradipraticiens se plaignent de n’être pas impliqués aux activités. Sur ce point, le docteur Soulla a dit : «Peut-être que les tradipraticiens ne voient pas l’importance de leur association car ils sont consultés chaque fois pour savoir ce que nous attendons d’eux, qu’ils nous orientent un certain nombre de patients. C’est pourquoi ils ont été formés sur l’ensemble des signes précurseurs du VIH-Sida.
Néanmoins, il y a un certain nombre de pathologies que nous
pensons que les tradipraticiens sont à mieux de les soigner comme
la jaunisse ou l’hépatite en général. Aussi
nous orientons un certain nombre de patients vers eux pour les cas dont
nous estimons qu’ils sont bien outillés».
Le docteur Soulla souhaiterait que les tradipraticiens aient un lieu
fixe où ils dispenseraient les prestations. Un recensement a
été fait en 2004 pour avoir une idée exacte de
leur nombre. Le docteur Soulla a dit : «Nous leur avons demandé
où ils consulteraient et quelles étaient les pathologies
qu’ils maîtrisaient réellement dans toute la panoplie
qu’ils disent traiter. Cela a été fait au Bam, au
Namatenga, et au Sanmatenga. Il nous reste à établir un
fichier pour orienter les patients qui désireraient les consulter
pour des soins. La pharmacopée est très appréciée
même par nous les professionnels car le médicament moderne
dérive de la pharmacopée.
C’est à la dose des données issues de la pharmacopée
que nous arrivons à produire les médicaments vendus en
pharmacie. La collaboration va se poursuivre et une formation sur l’amélioration
de la présentation des produits est prévue. La direction
générale et le CSI se sont élevés sur la
publicité des produits traditionnels dans les médias.
Cette mesure doit être respectée pour tous et nous allons
poursuivre l’alphabétisation afin que les tradipraticiens
puissent noter les expériences qu’ils mènent».
Pour le cas de VIH-Sida, le docteur Soulla souhaite que les tradipraticiens
les orientent vers l’hôpital au lieu de les laisser passer
de tradipraticien au charlatan, a ainsi.
Une orientation précoce, précisera-t-il, permettra une meilleure prise en charge. Des patients font appel aussi bien à la médecine moderne qu’à la pharmacopée. Certains ont bien voulu répondre à nos questions. Pour Mme Tamboura Hortense au haut-commissariat, si la médecine moderne et la pharmacopée collaboraient, ce serait pour le plus grand bien des patients. Comme au niveau de la médecine moderne, on procède à des analyses, il va sans dire que cela fait une longueur d’avance sur la pharmacopée. Pour elle, la médecine moderne à des dosages, ce qui n’est pas le cas chez les tradipraticiens. Ainsi, si les tradipraticiens arrivaient à s’entendre avec les pharmaciens, il en sortirait des produits compétitifs et moins chers que ceux vendus en pharmacie et importés. Pour Camille Sawadogo qui est animateur-formateur, il y a de ces pathologies qui ne peuvent être soignées que par la pharmacopée et d’autres où il faut faire appel à la médecine moderne. M. Sawadogo dit avoir souvent recours aux deux méthodes selon les cas qui se présentent. Pour lui, il n’est pas âgé mais ce qu’il a constaté depuis sa tendre jeunesse, c’est qu’on ne se promène pas pour vendre un bon produit de la pharmacopée ou en faire sa publicité comme cela se constate de nos jours. Le tradipraticien est à son domicile et les gens, les malades le rejoignent. Ceux qui se promènent pour vendre les produits exagèrent, car très souvent ils proposent un produit qui soigne une multitude de maux, ce qui est faux. Soyons alors sérieux car un médicament ne soigne pas tout. M. Sawadogo dit avoir plus foi aux tradipraticiens qui sont à domicile et reçoivent les patients car ils sont plus crédibles. Par exemple, M. Sawadogo cite des cas d’ulcère, de jaunisse, diarrhée, maux de dents ou des tradipraticiens se sont avérés très compétents.
Il conseille aux malades de se rendre d’abord à l’hôpital
une fois que le mal est déclaré car le diagnostic est
très rapide et si la médecine moderne ne peut pas, elle
vous renvoie chez les tradipraticiens. Pour M. Emmanuel Winson Gaboga,
directeur provincial de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation
du Centre-Nord, la médecine traditionnelle s’est toujours
basée sur les dons de la nature pour soigner. Cette médecine
est bien utilisée et acceptée. Maintenant, il y a des
mythes qui entourent des procédures de soins, ce qui fait que
certains s’en méfient. De toute façon, cette médecine
est basée sur les dons de la nature. Pour M. Gaboga, les vrais
tradipraticiens ne vendent pas leurs produits car ils se disent que
c’est un don de Dieu et qu’ils n’ont pas le droit
de le monnayer. De nos jours, avec la recherche effrénée
du gain, certains font de la publicité. Peut-être que certains
ont de bons produits, mais comme il faut en informer la masse ils passent
par les canaux de la publicité. Dans les villages, les gens savent
où se trouvent les bons médicaments. Cela veut dire qu’au
niveau de la médecine traditionnelle on trouve des remèdes
très efficaces contre certains maux.
Ces recettes ont été transmises de père en fils
et ceux qui n’ont pas enfreint les règles ont toujours
les bons produits. Il y a ceux qui ne sont pas des tradipraticiens bien
qu’ils utilisent des feuilles, des racines et vendent des faux
produits. Pour un patient, il est bon d’opter pour la médecine
moderne qui a des principes.
Ainsi, tout le monde reconnaît l’utilité et l’efficacité de la pharmacopée. Les tradipraticiens sont contre l’étalage et la vente des produits alors que la direction générale compte les former pour une meilleure présentation de leurs produits. Bien que la publicité soit interdite, certains font passer des communiqués de temps en temps dans les radios. Ce que les patients souhaitent, c’est une collaboration parfaite entre les tradipraticiens et les médecins pour améliorer leur état de santé et soulager leurs maux.
Jacques NONGUIERMA
AIB/Sanmatenga
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