[DAKAR] A l’occasion de la journée mondiale de la santé célébrée le 7 avril dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé une campagne d’un an sur la santé maternelle et néonatale. L’idée étant de renforcer la sensibilisation sur la nécessité de protéger la mère et le bébé depuis la grossesse jusqu’à quelques années après l’accouchement.

Dans un texte publié sur son site web, l’organisation situe le contexte de cette campagne : « près de 300 000 femmes perdent la vie suite à des complications liées à la grossesse ou à l’accouchement chaque année, tandis que plus de deux millions de nourrissons meurent avant l’âge d’un mois et on compte environ deux millions d’autres enfants mort-nés ».

Pour analyser cette situation, SciDev.Net a rencontré Samba Sow, ministre de la Santé du Mali entre 2017 et 2019 et actuel directeur général du Centre pour le développement des vaccins (CVD-Mali). Dans cet entretien, il livre sa lecture de la condition de la santé maternelle et infantile au Mali et en Afrique subsaharienne, au regard de l’actualité.

Pourquoi la santé de la mère et de l’enfant est-elle généralement considérée comme capitale dans le programme sanitaire ?

Cette question est tellement importante qu’on peut passer le reste de l’année à en débattre. Pourquoi la mère et l’enfant ? Je dirais justement, pourquoi pas la mère et l’enfant ?

Parce qu’avant même d’arriver au niveau santé, prenez au niveau population, ménage, concession, village. Qu’est-ce qu’on peut faire sans la mère et l’enfant ? C’est vraiment le pilier de la vie. Quand on vient au monde, on passe des âges et à un certain moment, on pense à quoi ? A constituer un foyer. Et pour cela, il faut la mère et l’enfant.

Qu’est-ce qui peut donc justifier que l’année 2025 soit dédiée à cette cause ?

La santé maternelle et infantile et les soins de santé primaire en général se trouvent dans un état de souffrance incontestable qu’on n’a jamais connu. Il s’agit d’un système qui souffrait déjà bien avant les crises actuelles. Mais aujourd’hui, avec la succession de crises sanitaires, géopolitiques et sécuritaires, les soins de santé primaire sont en pleine souffrance.
Et les soins de santé primaire sont des soins surtout destinés à la santé maternelle et infantile et à la santé de la reproduction. Ils sont destinés à des communautés qui n’ont pas souvent l’accès facile à des soins de qualité, qui sont dans des zones enclavées et qui ont, dans la plupart des cas, des ressources limitées. Ce sont des communautés qui sont souvent situées à plus de cinq kilomètres du premier niveau de soins de santé primaire.

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