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Évolution du sida au Sénégal : Le temps des sourdes interrogations - Le Sud - Sénégal - 15/02/2005
83 450 personnes infectées par le virus du Vih, peut-être quelque 136 000 dans moins de cinq ans si on se fie aux projections, soit un rythme de progression alarmant. Les statistiques de la maladie de l’mmuno-déficience acquise, communément appelée Sida, inquiètent de plus en plus au Sénégal. Malgré la stabilisation de la moyenne nationale de séroprévalence à 1,5% et la probabilité de ne pas effleurer le seuil fatidique des 3% en 2006, les sujets de préoccupation concernant l’évolution du Sida dans le pays demeurent encore vivaces.

De façon minimale, ils sont liés autant à l’évolution de la maladie, à la diversification des groupes à risque qu’à la gestion des fonds consentis pour l’éradication du fléau. Pourtant, depuis longtemps, le Sénégal est considéré, à côté de l’Ouganda, de la Thaïlande et des Philippines, comme un pays-phare en matière de prévention et d’endiguement du Vih/Sida. Une situation consécutive à la diligence et de l’efficacité des stratégies mises en œuvre en direction des communautés et traduites en termes d’information, de communication, de mobilisation sociale et de généralisation des protocoles sanitaires, par le biais des relais communautaires, associatifs, religieux et culturels. Aujourd’hui, ces éléments de satisfaction pour les autorités de la santé, pour les partenaires techniques et financiers, pour les acteurs locaux, Ong nationales comme groupes sociaux, ont du mal à occulter la progression fort alarmante du Vih/Sida dans le pays et les disparités constatées dans ses diverses manifestations. De quelque 42 000personnes contaminées en 2002, le nombre national a presque doublé à moins de deux ans et rien qu’en 2004, 13 650 cas d’infections nouvelles ont été recensés, soient 38 personnes par jour. Quant aux déséquilibres dans la répartition par région, par sexe et par âge, elles demeurent criardes. Sur les 12 sites sentinelles du pays, 08 ont des taux de prévalence supérieur ou égal à 2% chez les femmes enceintes de plus de 25 ans, avec un pic de 4,5% dans le Fouladou Pakao, région de Kolda. Autre inquiétude majeure, le Vih 1 qui demeure la forme la plus violente du virus et dont le rythme de propagation reste élevé, commence à se généraliser dans plusieurs régions du pays. A Dakar par exemple, il est 16 fois supérieur au Vih2.

Particulièrement touchée par cette évolution ascendante de la maladie du Sida, la gent féminine l’est pour un certain nombre de raisons biologiques comme socioculturelles. Aux attributs génétiques de la femme qui concourent à une sensibilité plus affirmée à l’infection au Vih, il faut associer en effet la condition délétère de la femme sénégalaise dans le ménage, son faible pouvoir de décision, sa fragilité économique, son positionnement socio-culturel dans les mentalités et les représentations collectives. Autant de motifs justificatifs du statut précaire de la femme face à la contamination par le virus du Sida. Toutefois, la cartographie humaine de la maladie au Vih recense tout autant des groupes à risques particulièrement menacés face au fléau. Ainsi en est-il de la prostitution itinérante, celle des périphéries, des gares routières, des espaces communautaires d’interaction économique, comme de la frange jeune, très vulnérable. En effet, le relâchement substantiel et la relative démobilisation constatés dans les mécanismes de prévention et d’implication des groupes jeunes dans la lutte contre le Sida, à l’image du retour aux comportements de défiance, sont autant de signes annonciateurs de lendemains qu déchantent. A retenir pourtant qu’au cours de l’année 2004 seulement, 4300 adultes et 1360 enfants de moins de 15 ans seraient décédés à cause du Vih/Sida. En 2010, les statistiques tablent sur un nombre avoisinant presque 2200 décès d’enfants de ladite tranche d’âge.

De l’usage des fonds a la réponse au vih/sida.

Face à cette situation inquiétante qui requiert l’examen critique de la réponse multisectorielle et multidimensionnelle au Vih/Sida, la polémique sur la gestion financière des fonds alloués par les bailleurs et notamment la Banque Mondiale, pour lutter contre le fléau, s’amplifie de plus en plus. L’utilisation de dizaines et de dizaines de milliards de Fcfa, environ 36 selon les organisations de la société civile, par les organismes en charge du combat contre la maladie, avec le Comité national de lutte contre le Sida (Cnls) en tête de file, est aujourd’hui questionnée en même temps que les raisons de la faiblesse des taux de décaissement des budgets, tournant seulement à hauteur de 33% des ressources disponibles. Des interrogations qui touchent autant les partenaires, les organisations de la société civile que les pouvoirs publics. Et c’est ainsi qu’à la suite de l’adresse du Premier ministre Macky Sall, lors de l’ouverture des travaux de la revue annuelle conjointe 2004 et la planification 2005 du programme multisectoriel de lutte contre le Sida, appelant à la transparence dans la gestion des ressources financières, le ministre de la santé et de la prévention médicale, Issa Mbaye Samb a promis de diligenter des procédures d’audit et de diagnostic des fonds. Des opérations devant déboucher sur des sanctions et des mesures répressives contre tous les responsables de détournements et une manière de redimensionner les arbitrages dans la répartition des dites ressources pour un meilleur suivi de la lutte contre le Sida. En vérité, l’éradication du Vih/Sida reste un combat permanent qui, loin de dormir sur ses lauriers, doit à tout moment revisiter la pertinence de ses stratégies, dans la mobilisation sociale, dans l’équilibre zonal des dotations en antirétroviraux et leur gratuité, dans le suivi psychologique et social des Pv/Vih, dans le renforcement des capacités, dans l’amélioration du cadre de vie des populations touchées par les différents programmes etc. Autant de dispositions qui invitent à des actions urgentes, institutionnelles et communautaires, pour revigorer et mieux adapter la réponse sénégalaise au Vih/Sida.

Moctar DIENG

Lire l'article original : http://www.sudonline.sn/social.php?PHPSESSID=0165727af4eebcbcc7fad9a4ea5c60c0

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