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Traitement du cancer : Les médicaments coûtent entre 180000 et 5 millions de FCfa… - Le Soleil - Sénégal - 23/04/2005
Les maladies cancéreuses se posent aujourd’hui comme l’un des problèmes de santé publique les plus préoccupants. Les journées scientifiques annuelles de l’hôpital Principal de Dakar, en plus de l’espace d’échanges et de partage d’expériences qu’elles ont créé, lèvent un coin du voile sur la dure réalité de prise en charge des malades cancéreux qui reste très élevée. Les médicaments coûtent très cher et il faut dépenser entre 180000 et 5 millions de FCfa… Par ailleurs, leur insuffisance, même si elle est imputable à la faiblesse des commandes, pose la question du lancement d’un programme national de lutte contre le cancer au Sénégal.

Les sixièmes Journées médicales de l'Hôpital Principal de Dakar (Hpd), qui ont pris fin jeudi dernier, au Méridien-Président a été l’occasion de montrer la place de plus en plus importante prise par la pathologie cancéreuse dans les coûts des soins de santé. Elles ont révélé également l’inscription honorable de cette manifestation dans l'agenda des rencontres scientifiques internationales. Elle constitue aujourd'hui un espace d'échange d'expériences et de partage entre praticiens hospitaliers sénégalais et des experts venant de pays développés comme la France et la Tunisie. “ C’est un temps fort de la formation continue à Dakar ”, a indiqué le Médecin général Francis Klotz de l’Hpd.
À travers le thème retenu, “ les tumeurs malignes ”, les organisateurs ont voulu faire montre d’une réelle volonté de prendre en considération les maladies posant de véritables problèmes de santé publique au Sénégal et dans le monde.
Pour le cas de la pathologie cancéreuse, le débat prend des allures de confrontations intéressantes et fructueuses pouvant déboucher sur une meilleure compréhension des réalités sur le terrain, articulée à la lancinante question de prise en charge. Dans cette perspective, les différentes communications ont essayé d'apporter un éclairage sur les outils de diagnostic, de dépistage ainsi que les modes de traitement. Par conséquent, il se dessine dans les schémas restitués des soucis relatifs au malade qui n’a pas les moyens de faire face aux charges médicales.

Traitement coûteux

“ Cela est d'autant plus évident que la chimiothérapie des cancers coûte cher ”, note-t-il. En clair, si des mesures d'accompagnement ne sont pas envisagées par l'État, dans sa politique de santé, la courbe de développement de la maladie cancéreuse continuera de connaître une ascension. Pour le Dr Coumba Mame Coumba Fall, de l’Institut Curie de l’Hôpital Le Dantec, “ la chimiothérapie entre en droite ligne avec la stratégie globale de traitement du cancer à côté d’autres traitements ”. “ Et contrairement à la radiothérapie et la chirurgie, qui sont des traitements locaux et régionaux, la chimiothérapie constitue, selon elle, une démarche systémique dont l’objectif consiste à éradiquer totalement les cellules cancéreuses ”. Mais, cela ne va pas sans grandes difficultés puisque, précise-t-elle, les doses thérapeutiques dans ce domaine présentent une certaine toxicité. En outre, le Dr Mame Coumba Fall a mis l’accent sur le fait que le traitement est des plus chers.
“ Rien que pour les médicaments, les prix varient de l’ordre de 180 000FCfa à plus de 5000 000FCfa ”, laisse-t-elle entendre. Sans compter les examens, l’hospitalisation, voire les honoraires du médecin !
“ Quand on sait que l’efficacité du traitement requiert un certain suivi, l’on comprend pourquoi la maladie fait autant de victimes,200 cas par an ”.

Approche Pluridisciplinaire

Les débats ont, contrairement à une opinion répandue, démontré que la maladie du cancer peut bien être guérie, si le diagnostic est fait à temps. Cela ne peut être possible que dans le cadre d'une politique d'éducation sanitaire, apte à inculquer aux populations les comportements préventifs à avoir vis-à-vis de n'importe quelle maladie. Mais, également, dans le cadre d’un programme national de lutte contre le cancer. “ Le cancer tue beaucoup plus que le Sida, mais on n’en parle pas ”, se désole le Pr. Pape Touré, directeur de l’Institut Curie de l’Hôpital Le Dantec. Dans sa plaidoirie, il privilégie une approche pluridisciplinaire. “ Il urge pour les spécialistes d’aller vers une démarche unitaire. Ce qui ne peut se faire qu’au sein d’un cadre de concertation permanente ”, insiste-t-il. Étant donné que la chaîne de décision implique plusieurs acteurs, il y a lieu de donner plus de cohérence à l’intervention de chacun d’eux. Il en est de même de la nécessité de sensibiliser les populations sur les causes du cancer.

Le casse-tête de l’approvisionnement

La disponibilité des médicaments sur le marché a occupé une grande partie des débats et discussions en plénière. “ Sans une implication directe des pouvoirs publics, le problème restera toujours entier ”, note encore une fois le Pr. Pape Touré. À côté des médicaments génériques qui ne coûtent pas cher, il existe d’autres qui ne sont pas accessibles aux bourses faibles. À cet effet, il considère que l’État doit pouvoir les inclure dans le registre des médicaments orphelins comme il le fait pour les malades du Sida qui reçoivent gratuitement les antirétroviraux. Il en est de même des diabétiques qui bénéficient de mesures facilitant leur accès à l’insuline humaine. Mieux, il est d’avis que le fait de mettre les médicaments, en quantité suffisante, à la disposition des patients, constitue aussi un moyen de prévention.
S’appuyant sur des statistiques prévisionnelles, il soutient “ qu’en l’an 2015, il y aura plus de cancers dans les pays pauvres que dans les pays riches ”. Il impute l’insuffisance des stocks au fait que le quota du Sénégal passe par le Ministère français de la Santé avec des phases de validation des commandes d’approvisionnements pouvant prendre trois mois. “ Il nous faut donc avoir à disposition l’ensemble de la dotation en début d’exercice budgétaire ”, plaide-t-il. Pour lui : “ il est inadmissible qu’un malade continue de souffrir du fait de rupture de stock ”.
Le Dr Papa Birama Ndiaye, directeur général de la Pharmacie Nationale d’Approvisionnement (Pna), une telle situation est due au caractère infime, voire faible, des commandes en produits anticancéreux. Déclinant la mission de la Pna, qui se pose comme un établissement pharmaceutique, mais également un grossiste répartiteur du secteur public, il rappelle que l’un des objectifs est d’arriver à assurer la disponibilité des médicaments sur le marché.
“ Nous nous attelons aussi à rendre accessibles les produits essentiels au niveau des structures sanitaires publiques et parapubliques du pays ”, explique-t-il. Comme pour déplacer l’axe de contradiction, il n’en soutient pas moins que dans les appels d’offres de la Pna, les soumissionnaires ne répondent pas aux besoins exprimés et relatifs aux anticancéreux. “ Les quantités exprimées dans l’appel d’offres international sont très faibles et entraînent des majorations en ce qui concerne les prix. L’autre chose, c’est que les laboratoires ont souvent l’exclusivité de tel ou tel produit. Ce qui constitue une situation de monopole ”, affirme-t-il.
Pour rompre d’avec cette situation, la Pna, selon lui, ambitionne dans le cadre de sa mission de service public d’assurer la disponibilité des anticancéreux, qui sont inscrits sur la liste des médicaments essentiels. Pour cela, il préconise de regrouper les besoins de toutes les structures du pays en vue d’augmenter le volume des commandes. Il s’agit, pour lui, d’inclure les anticancéreux sur la liste sociale des officines privées en les incitant à renoncer à leur marge bénéficiaire.

ABDOULIE JOHN

Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=49126&index__edition=10467

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