« Nous pensons que le virus polio sauvage identifié en Centrafrique ne va pas traverser la frontière de la RDC », assure le consultant du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (Unicef), M. Nicolas Kuyaku, qui a supervisé la zone de santé de Libenge frontalière avec la RCA à la 1ère phase de la campagne des Journées nationales de vaccination contre la polio, journées organisées en synchronisation avec les pays frontaliers que sont le Congo-Brazzaville et la République Centrafricaine. L’expert de l’Unicef a fait le point, à la fin de la campagne, du déroulement des opérations de vaccination qu’il a supervisées dans cette zone de santé, à l’occasion de la dernière réunion d’évaluation desdites journées de vaccination par le comité de coordination du district du Sud-Ubangi. La substance des confidences de M. Kuyaku est contenue dans l’interview ci-après.

M. Kuyaku, quelle aire de vaccination avez-vous supervisée aux Journées de vaccination synchronisées avec les pays frontaliers ?

M. Nicolas Kuyaku : J’ai travaillé dans la zone de santé de Libenge au Sud-Ubangi.

Et quelle est la situation à cette frontière avec la RCA ? Est-ce que les opérations de vaccination s’y sont bien déroulées ?

M. Nicolas Kuyaku : La situation aux frontières : disons que les opérations de vaccination s’y sont bien déroulées. Du côté de la Rdc nous avons vacciné tous les enfants, parce qu’on avait positionné des équipes au niveau de la rivière Sud-Ubangi qui fait frontière avec la RCA, et avec la collaboration de nos amis de DGM (Direction générale des migrations), nous sommes arrivés à vacciner aussi les enfants qui venaient de Centrafrique. Tout s’est bien passé sur le plan de la mobilisation sociale et sur le plan de la vaccination. Mais de l’autre côté, en Centrafrique, nous devons signaler qu’il n’y a pas eu d’engouement, parce que l’attention y avait été détournée par un autre événement d’intérêt national, en l’occurrence les élections. Nous avons demandé à ce que les équipes puissent sensibiliser davantage, pour qu’à la deuxième phase qui interviendra en mai, tous les enfants qui n’étaient pas vaccinés le soient pour l’intérêt de toute la communauté.

A quelle époque les précédentes journées de vaccination étaient-elles organisées à cette frontière ?

M. Nicolas Kuyaku : L’année passée. Il y a eu la vaccination entre Bangui et la Rdc. Tout ceci pour bouter la polio, puisqu’on a notifié beaucoup de cas au niveau de Bangui. C’est pourquoi la communauté internationale a décidé que la Rdc puisse vacciner en synchronisation avec les pays frontaliers.

Et la vaccination de routine a-t-elle toujours été organisée normalement ?

M. Nicolas Kuyaku : Bon, elle se déroule, mais il se pose un problème logistique. Il n’y a pas suffisamment d’intrants. Ici je vois les boîtes d’isothermes et la chaîne du froid qui posent problème. C’est pourquoi nous pensons qu’avec la campagne multi-antigènes prévue vers la fin de l’année, avec tout ce qu’on aura comme intrants à cette occasion, je crois que le Pev (programme élargi de vaccination) de routine sera bien organisé, afin d’atteindre tous les enfants.

Est-ce que face à la menace du virus polio sauvage identifié récemment en Centrafrique, et après les journées de vaccination synchronisées qui viennent de se dérouler, peut-on s’assurer d’avoir écarté cette menace aux portes de la Rdc ? Peut-on garder l’espoir que la Rdc ne va pas être envahie par le virus polio sauvage de Centrafrique ?

M. Nicolas Kuyaku : Il y a toujours espoir parce que le Pev de routine sera amélioré et appuyé et nous allons aussi intensifier les activités en rapport avec la surveillance des maladies avec les points focaux que nous avons formés dans la communauté. Nous pensons que le virus ne va pas traverser la frontière pour envahir notre pays la RDC.

Les équipes des vaccinateurs et des surveillants déployés sur terrain, avez-vous eu les facilités de les suivre dans leurs opérations et ainsi contrôler et s’assurer du bon déroulement de leurs activités ?

M. Nicolas Kuyaku : Oui. En tous cas, je dois saluer aussi la collaboration de nos amis du PNLO (Programme national de lutte contre l’onchocerchose) qui ont mis à notre disposition un engin grâce auquel a été assuré notre mobilité sur terrain, au niveau de Batanga, de Sakasa, et d’Elanga où j’ai suivi toutes les équipes. Je les ai approvisionnées, même celles qui étaient à court d’intrants. Il ne s’est pas posé beaucoup de problème. Je salue aussi la collaboration du médecin chef de zone et toute son équipe. Nous avons bien travaillé ensemble.

En terme de chiffres, à combien vous pouvez évaluer grosso modo le nombre d’enfants que vous avez pu vacciner dans la zone de santé que vous avez supervisée ?

M. Nicolas Kuyaku : Nous avons vacciné 33.240 enfants sur les 29.122 attendus, soit une couverture vaccinale d’environ 103 % pour cette zone de santé de Libenge.

MMC

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