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Choléra dans la région de Diourbel : Des chiffres en forte régression et une situation sous contrôle - Le Soleil - Sénégal - 27/06/2005
Le choléra n’est pas encore parti de la région de Diourbel, mais il est pour le moment sous le contrôle des autorités sanitaires qui suivent quotidiennement son évolution. Notre équipe de reportage y est descendue vendredi dernier pour voir sur place la situation avec les autorités sanitaires locales.

L’épidémie qui a atteint des pics de 400 cas de malades par jour dans la période du « grand Magal » de Touba en fin mars dernier, est en forte régression avec un total de 26 cas déclarés pour la journée du mardi 22 juin dernier et 21 cas pour la journée du mercredi 23 juin dernier au niveau de la région de Diourbel.
Le médecin-chef de région le Dr Masserigne Ndiaye explique « qu’en matière d’épidémie, il est inutile de donner des chiffres qui ne font qu’alarmer les populations ». Le suivi quotidien épidémiologique permet au comité régional d’apprécier l’évolution de l’épidémie et de prendre les mesures idoines pour freiner la maladie.

Si les premiers cas de la maladie du choléra ou « maladie des mains sales » ont été observés au mois d’octobre dernier dans la région de Dakar, force est de contacter que deux mois après, l’épicentre de l’épidémie s’est retrouvé dans la région de Diourbel. Les raisons de ce revirement de situation sont multiples.
« Mais il convient de reconnaître, selon le médecin-chef de région, que la région de Diourbel en tant qu’entité régionale est très ouverte. Non seulement les évènements sont très fréquents, mais la région a toujours été le réceptacle de dépouilles mortuaires qui transitent par Diourbel pour aller vers la ville de Touba ».
Donc pour revenir à l’évolution de la maladie dans la région, les autorités sanitaires de Diourbel ont dès le mois de janvier dernier attiré l’attention du niveau centrale de la Santé à Dakar sur une recrudescence de cas suspects de diarrhée qui s’avéreront, après des examens de prélèvements, comme étant de véritables cas de choléra. Pour ce qui est des causes de cette maladie, il est évident selon, le Dr Masserigne Ndiaye, qu’elles sont multiples. Pour le cas particulier de la région de Diourbel, elles se résument par des problèmes d’hygiène.

Les problèmes d’hygiène se manifestent de plusieurs façons. Il faut noter, à en croire le médecin-chef de Diourbel, l’existence de mauvais comportements liés à l’eau.
C’est le cas de Touba, épicentre de l’épidémie, où des bassins sont creusés dans nombre de concessions pour conserver de l’eau avec tous les risques de contamination du précieux liquide que cela comporte dans ce centre du Sénégal où il fait très chaud. Certaines populations, toujours dans le cadre du non-respect des règles élémentaires de l’hygiène, n’ont pas pris cette habitude qui consiste à se laver les mains avant de manger, tout comme à la sortie des latrines. « Et comme dans notre pays, il est pour habitude de ne saluer son prochain qu’en serrant sa main, il est aisé de faciliter la propagation de l’agent pathogène de la maladie des mains sales », précise le médecin-chef régional.
« La pauvreté dans cette région du Baol, dit-il, fait que la disponibilité du savon chez certains sujets de la population pose un réel problème ». Il s’ensuit la défectuosité du réseau d’assainissement de certaines localités comme Touba, où les travaux de réhabilitation et d’extension sont en cours. Il cite aussi le problème d’étanchéité de certains réseaux d’approvisionnement d’eau susceptibles de contaminer les populations à partir de leur voisinage avec les fosses septiques.

Un taux de létalité très faible de 0,8 %
Les premières mesures dans le cadre de la lutte pour éradiquer l’épidémie du choléra dans la région de Diourbel ont consisté à neutraliser cette flambée de l’épidémie pouvant provenir des cimetières. Pour le médecin-chef de Diourbel : « des mesures ont été prises pour la gratuité des médicaments destinés aux soins. Ainsi, aussi bien les produits de désinfection, la chimio-prophylaxie des sujets est restée gratuite pour les populations ».
A côté de ces actions thérapeutiques, une large campagne de sensibilisation a été menée à travers les radios par des causeries sur les mesures de prévention de la maladie et dans les quartiers par des relais sanitaires, les agents du Service d’Hygiène, les membres de la Croix-Rouge, des Organisations Non-Gouvernementales de la place, les communicateurs traditionnels, les Groupements de Promotion Féminine, les « dahiras » et la police d’hygiène dont l’effectif mériterait d’être revu à la hausse, à en croire le Dr Masserigne Ndiaye, pour accroître l’efficacité de ses actions sur le terrain.

Situation rassurante, mais le danger couve...
Selon le patron de la Santé de la région de Diourbel : « la situation est maîtrisée et les chiffres de recensement des cas de malades au niveau des trois départements de la région (Diourbel, Mbacké et Bambey) sont en baisse. Dans certaines villes de la région, la situation est rassurante, puisque pour les journées de mardi et mercredi derniers, les chiffres recensés se présentent comme suit : Bambey (1 cas et 0 cas), Mbacké (11 cas et 10 cas), Touba (6 cas et 8 cas) et Diourbel (8 cas et 3 cas). Des chiffres, commente le médecin-chef de Diourbel, qui « sont très bas avec un taux de létalité (*) de 0,8% ».
Pour la journée de jeudi dernier dans la ville de Diourbel, nous avons visité le district sanitaire de Diourbel où deux malades prenaient leurs « bouteilles » de perfusion sous la haute surveillance d’un élément des Sapeurs Pompiers.
Les renseignements recueillis auprès de cet agent sur l’évolution de l’épidémie sont satisfaisants, puisque, au plus fort de l’épidémie, nous explique-t-on, les autorités sanitaires du district étaient obligées de dresser plusieurs tentes pour recueillir les malades. Il en est de même pour le médecin-chef de Diourbel qui avoue que depuis un certain temps, il peut bien disposer de son temps le week-end pour vaquer à d’autres occupations autres, que celles de suivre les malades du choléra.
Pour l’heure, le médecin-chef de la région de Diourbel se veut très rassurant, puisqu’il affirme que l’épidémie tire actuellement vers sa fin. Et ce dernier de souligner que le système de prise en charge du contrôle du suivi de l’épidémie doit continuer.
Pour le Dr Ndiaye : « il est aujourd’hui obligatoire de renforcer la sensibilisation, d’aider les populations à disposer du savon et de l’eau de Javel et de trouver des stratégies pour mieux impliquer les populations dans la sensibilisation ».

La périphérie de la ville de Touba n’est pas épargnée
Le choléra n’aime pas les grands rassemblements. Cette réalité, les populations de la ville religieuse de Touba sont en train de la vivre, puisqu’elles ont livré au plus fort de l’épidémie du choléra au Sénégal les chiffres les plus significatifs de cas de contaminés. Avec 300, voire 400 sujets contaminés par jour. Ce sont des chiffres jamais égalés dans les autres localités où la maladie avait sévi.
Le Magal de Touba, qui a coïncidé avec cette période d’épidémie, n’aura fait que faciliter la propagation de la contamination qui a été vite maîtrisée avec le concours des autorités sanitaires du plus haut niveau, jusqu’à la plus petite structure sanitaire.
Les cérémonies religieuses, les baptêmes et autres mariages et surtout tout récemment, le démarrage des travaux de défrichage des champs du Khalife (période du 20 mai dernier) et le décès de Serigne Mbacké Sokhna Lô ont eu pour conséquences de drainer des foules immenses et du coup, occasionner un retour en puissance de l’épidémie.
Néanmoins, les efforts consentis par les autorités sanitaires, les agents du Service d’Hygiène et tous leurs partenaires ont permis de stabiliser, voire de faire régresser l’épidémie. Dans la matinée du vendredi dernier (24 juin 2005), le district de Santé où sont acheminés tous les sujets suspects de la ville de Touba grouillait de monde. Les hommes de Mamadou Sarr (sous-officier et adjoint du chef de service de la Brigade du Service d’Hygiène de Touba) s’affairaient pour effectuer une de leur mission quotidienne qui consiste à désinfecter les maisons des personnes atteintes par la maladie des mains sales, à prodiguer des conseils à tous les membres de la famille du malade et à donner des soins et des produits de chimio-prophylaxie.
En cette matinée de vendredi, 7 cas de malades atteints par le choléra étaient recensés au niveau du district sanitaire de Touba où un espace entouré de nattes était aménagé pour le traitement des malades. Pour Mass Diop, chef des équipes techniques de la Brigade du Service d’Hygiène de Touba : « au plus fort de l’épidémie, plusieurs tentes étaient dressées dans la cour du centre de Santé et plusieurs véhicules étaient mobilisés pour la désinfection du domicile des malades ».
Pour cette tâche quotidienne en cette période d’accalmie, il n’y avait sur place que deux véhicules pour s’acquitter des missions. Lors de cette sortie, à laquelle nous avons d’ailleurs pris part, il a été facile pour nous de comprendre les raisons parmi tant d’autres de la présence de l’agent pathogène de la maladie, le vibrion cholérique dans la ville de Touba.

Mauvaise hygiène de l’eau
Les deux maisons des 7 malades de la journée du vendredi avaient ceci de commun : « elles étaient habitées par des citoyens de la ville assez pauvres et dans des quartiers de la périphérie de Touba ». D’abord la famille de Mor Diop, dont le domicile est situé à près de 2.000 mètres de la grande mosquée de Touba plus précisément à Guédé Bousso, a reçu la visite d’une partie des 4 éléments de la Brigade d’Hygiène de Touba. Si dans cette maison les membres de la famille ont accès à l’eau du robinet, il n’empêche qu’un grand bassin mal couvert et dont le fond a fini par épouser la couleur verte, signe d’un mauvais entretien par curage assidu et d’un non-renouvellement régulier de l’eau, sont assez révélateurs d’une possibilité de gîte pour l’agent pathogène du choléra.
Après la désinfection de toutes chambres de la maison du vieux Mor Diop, les toilettes, la cuisine et le bassin de réserve d’eau auquel les agents d’hygiène ont demandé la destruction pure et simple, Mass Diop a entamé la séance d’explications qui consistent à prodiguer des conseils sur l’hygiène corporelle et surtout celle des mains avant la prise de repas et à la sortie des latrines avec l’aide d’une bouilloire.
Expliquant le fait que la maladie ne puisse être contractée que par tout ce qui est bu et mangé, Mass Diop a demandé aux membres de la famille Diop de javelliser l’eau contenue dans tous les canaris et de laver avec de l’eau javellisée tous les fruits et surtout les légumes qui rentrent dans la préparation des repas. Quant aux mesures concernant la chimio-prophylaxie, il a été demandé aux « sujets-contacts » (ceux qui ont été auprès des malades) de plus de 8 ans de prendre à la fin du repas trois comprimés. Une mesure qui n’est pas valable pour les femmes enceintes et les personnes malades.
La visite du domicile du malade Cheikh Guèye nous a conduit sur la route menant à Darah au quartier périphérique de Loyène, dans la famille de Baye Mor Niang. Dans ce quartier, le décor contraste avec celui de Guédé Bousso, puisqu’ici les belles villas partagent l’espace avec les maisons en huttes. Baye Mor Niang habite précisément dans une de ces concessions en huttes où vivent ceux qui ont abandonné leur village d’origine, pour venir s’installer tout bonnement à côté de leur marabout.

L’eau souillée des bassins de fortune
Comme au domicile du premier malade visité, la concession de Baye Mor Niang présente deux grands bassins de réserve d’eau qui compensent l’absence de robinet. L’autre signe de pauvreté dans cette concession est l’absence d’électricité et de latrines répondant aux normes en vigueur. Néanmoins, une imposante antenne de télévision est un signe de ce commun vouloir de cette famille pauvre à s’arrimer au luxe ambiant des quartiers du centre de Touba. Le procédé de traitement des agents de la Brigade d’Hygiène a été le même que celui effectué au domicile du malade de Guédé Bousso. La seule différence est qu’à Loyène, les agents du Service d’Hygiène ont beaucoup insisté sur le renouvellement de l’eau des deux grandes jarres de la concession de Baye Mor Diop.
Un tour dans la zone périphérique vers Dianahtoul Mawa, plus précisément au quartier naissant de Oumoul Khoura, donne une idée bien claire de la démographie galopante dans la ville de Touba et les installations spontanées (loin des points d’eau et du réseau d’électricité). Ils sont des milliers de personnes dont le statut de citoyen de la ville de Touba est un rêve réalisé à venir s’installer dans l’anarchie à la périphérie de Touba, malgré les nombreux risques de sinistres au sein de leurs huttes qui peuvent être réduites en cendres au moindre incendie déclaré et de maladies comme le choléra dont il est ici dramatiquement question.

BABACAR BACHIR SANÉ

Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/article.php3?id_article=341

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