Justin Andriamamonjy déplore l’insuffisance
de neurochirurgiens.
Insuffisant, l'offre ne suit plus la demande. La Grande île ne compte
que trois neurochirurgiens spécialisés pour 16 millions d'habitants.
Cette information émane du Pr Justin Andriamamonjy, chef du service
de neurochirurgie au Centre hospitalier universitaire Joseph Ravoahangy
Andrianavalona (CHU/JRA).
De plus, nous ne disposons que d'un seul service de neurochirurgie, celui
de l'hôpital Ravoahangy, sur le territoire national. Neuf médecins,
dont un professeur agrégé (le chef de service), deux neurochirurgiens,
un neurologue, un chef de clinique, quatre assistants de chirurgie et sept
infirmiers le font fonctionner.
“Près de 1 528 malades sur les 11 054 hospitalisés au
CHU / JRA en 2001, soit 13, 82 %, étaient issus du service de neurochirurgie”,
souligne le Pr Justin Andriamamonjy. “En moyenne, 1 557 hospitalisations,
208 interventions, 1 200 consultations externes d'urgence et 3 300 consultations
externes de médecins par an y ont été enregistrées
ces cinq dernières années”, souligne le Pr Justin Andriamamonjy.
Hausse perpétuelle
La neurochirurgie est une spécialité chirurgicale qui traite
les pathologies du système nerveux central, c'est-à-dire le
cerveau et la moelle épinière avec leur squelette de protection,
le crâne, et la colonne vertébrale, et du système nerveux
périphérique à savoir les nerfs de la tête, du
tronc et des membres. Les soins sont payants. “Il faut au moins débourser
la somme de Ar 50 000 pour faire un bilan, Ar 70 000 pour les médicaments,
et Ar 200 000 pour le scanner”, confie une patiente.
Le taux de fréquentation du service est en hausse continue. Le nombre
des malades hospitalisés est passé de 1 488 en 2003 à
1 633 en 2004 et les interventions de 317 à 362 pour la même
période. Il en est de même pour les consultations externes
qui sont passées de 1 476 à 1 633 entre 2003 et 2004. Avec
une salle à 42 lits, à laquelle s'ajoutent celles de consultations
externes, d'opération et de cours, ce service reçoit et prend
en charge les malades neuro-chirurgicaux en provenance des six provinces,
voire de l'océan Indien.
“Les statistiques démontrent que 103 malades en provenance
de Toamasina, 21 de Fianarantsoa et de Mahajanga, 17 d'Antsiranana, neuf
de Toliara et huit
d'Antananarivo ont fait l'objet d'une évacuation sanitaire au service
de neurochirurgie pour cause de traumatisme crânien, de pathologies
neurochirurgicales, d'infections cérébrales.”, précise
le Dr Josoa Martin, neurochirurgien.
“Les traumatismes crâniens sont les cas les plus fréquents
dans ce service. “Près de 30 % des malades qui y sont hospitalisés
en sont affectés contre 16 % pour l'hydrocéphalie, un enflement
de la boîte crânienne de l'enfant dû au stagnement du
liquide cérébro-spinaldans les cavités à l'intérieur
du cerveau”, poursuit-il. Les tumeurs cérébrales, bénignes
ou malignes, ne représentent que 6 % des maladies qui y sont traitées.
Manque crucial : Les neurochirurgiens tirent la sonnette d’alarme
sur leur cas
L'augmentation du taux de fréquentation du service fait que l'offre
n'arrive pas à suivre la demande.
Pourtant, le Dr Bruno Andriamiarina, neurologue, indique qu' “un travail
à la seconde est requis au service de la neurochirurgie. Les chances
de guérison peuvent être à 100 % si la maladie est détectée
à temps. Il en est de même pour le décès dans
le cas contraire”, explique-t-il.
“L'inexistence de certains équipements nous contraint à
l'évacuation sanitaire”, précise le Pr Justin Andriamamonjy.
“Actuellement nous avons un manque crucial de matériel et équipements
au bloc opératoire. Ce qui ne nous permet pas de traiter certaines
pathologies comme les malformations vasculaires artéro-veineuse”,
ajoute-t-il. Les équipements en neuro-réanimation, tels que
l'appareil respirateur et le monitoring, l'appareil neuroradiologique comme
le scanner et l'angiographe, brillent aussi par
leur carence.
“Ces différents problèmes méritent une attention
bienveillante des autorités si l'on veut réduire les évacuations
sanitaires des malades neurochirurgicaux à l'extérieur”,
conclut le chef de service. D'ailleurs, onéreuses, celles-ci ne sont
pas à la portée de toutes les bourses.
Henintsoa Andriamiarisoa
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l'article original : http://www.lexpressmada.com/article.php?id=36655&r=13&d=2005-10-07