Actualités de la santé
en Afrique
Mai 2005
Au sommaire de cette semaine :
Burkina Faso :
© Kassoum Zongo, responsable du CSPS urbain
de Saponé : "La pauvreté est un frein à la fréquentation
des formations sanitaires"
© 22e session ministérielle
du CAMES : Moustapha Sall reconduit, la Guinée-Bissau fait son
entrée
© Lutte contre le VIH/Sida : Un
centre de dépistage volontaire intégré et avancé
à Yako
Madagascar :
© Les maladies de l'oreille gagnent
du terrain
© Personnels paramédicaux -
20 nouveaux anesthésistes-réanimateurs
Maurice :
© Ces chirurgies qui vous changent la vue
© Un virus non identifié se
propage
Sénégal :
© Soins aux hémophiles : La Pharmacie
nationale va s’impliquer dans l’achat de médicaments
© Serpents - Quinze espèces dangereuses au Sénégal
: Dakarois, attention au cobra cracheur !
© Santé de la reproduction
: Bilan à mi-parcours de la contraception d’urgence
Togo :
© Palu : bilan plutôt positif au Togo
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Santé Tropicale
A Rufisque, Thiès et Mbour, la vipère heurtante (Bitis
arietans) pouvant atteindre deux mètres est à craindre
des populations. Bien qu’elle se réfugie le plus souvent
sous des feuillages, il n’est pas rare de la trouver à
proximité des habitations. «Son venin est très inflammatoire
et nécrosant, ce qui signifie qu’il détruit les
muscles et les os», explique M. Chippaux.
La petite vipère (Echis ocellatus) de cinquante centimètres
est fréquente dans les régions sèches que sont
le Ferlo et le Sénégal Oriental. Son venin entraîne
des saignements abondants qui peuvent causer la mort de la victime en
quelques jours. Les zones humides, la Casamance et les régions
aux alentours du fleuve Sénégal, abritent de nombreuses
espèces de serpent en plus de celles trouvées dans l’ensemble
du pays. «Globalement, les serpents sont plus abondants en zones
tropicales et davantage en forêt qu’en savane. Toutefois,
ils sont peu fréquents dans le Sahel ou dans les zones très
peuplées, rares dans les déserts», précise
le scientifique.
Et si M. Chippaux regrette la menace des importantes modifications de
l’environnement sur la plupart des espèces, comme la réduction
de la végétation naturelle et le phénomène
d’urbanisation, force est de reconnaître que la peur des
serpents et de leur morsure est ancrée dans les diverses cultures.
«Mais curieusement, la peur du serpent n’est pas proportionnelle
au risque de morsures ou à leur gravité», indique-t-il.
Il n’en reste pas moins que la peur pousse les populations à
chasser ces êtres aux corps cylindriques et allongés même
si ce n’est pas toujours pour les mêmes raisons.
Guermia BOUBAAYA
Santé publique - A cause du retard des consultations : 200 décès par an au Sénégal - Le quotidien - Sénégal - 30/04/2005
Ce sont environ 150 à 200 personnes qui décèdent
chaque année au Sénégal suite à des morsures
de serpent, avec un nombre de cas qui oscille entre 7 000 et 8 000.
En Afrique subsaharienne, la fréquence des morsures de serpent,
évaluée à plus d’un million par an et des
envenimations au nombre de cinq cent milles à six cent mille
par an, provoquent environ vingt mille morts. Selon Jean-Philippe Chippaux,
directeur de recherche de l’Institut de recherche pour le développement
(Ird), «le retard des consultations qui est en moyenne toujours
supérieur à douze heures» constitue le gros du problème
en Afrique. Et a-t-il ajouté hier à Dakar, lors d’une
conférence sur le thème «Les serpents d’Afrique
subsaharienne et leurs venins», «la forte demande de soins
n’est pas couverte par les services de santé en raison
de leur dispersion ou éloignement, de l’inaccessibilité
des sérums antivenimeux et de la médiocre formation du
personnel de santé dans ce domaine».
Et M. Chippaux de préciser que «le taux de morsure est
plus élevé lors de travaux agricoles et d’activités
comme le ramassage du bois ou la collecte de l’eau». Néanmoins,
les serpents sortent à certaines saisons, il existe donc «une
saisonnalité des morsures». Comme l’indique ce chercheur,
dans tous les pays d’Afrique, le taux de morsure est encore plus
marqué lorsqu’il y a deux saisons des pluies plutôt
qu’une. D’ailleurs, au Sénégal, la majorité
des morsures ont lieu en saison des pluies.
Mais si un tiers des morsures n’est suivi d’aucun signe
clinique, donc sujette à aucune envenimation, la moitié
des morsures entraîne des troubles plus ou moins sévères.
«Dans le cas de la vipère, après la morsure, le
premier signe caractéristique est une douleur vive que même
une injection de morphine ne suffit pas à atténuer»,
étaye M. Chippaux. «Après quelques heures, on observe
des œdèmes et des saignements locaux. Seulement, les saignements
peuvent s’étendre et poser le problème du syndrome
hémorragique. La victime se vide alors de son sang et meurt généralement
d’une anémie», complète-t-il. Le cobra, tout
aussi dangereux, contient dans son venin des neurotoxines qui agissent
sur le système nerveux. «Si les premiers signes cliniques,
faisant suite à une morsure, sont locaux et discrets, l’effet
centripète du venin provoque des larmoiements, une hyper-salivation,
des nausées, des crampes abdominales et surtout des troubles
respiratoires», poursuit le scientifique. Généralement,
au bout de douze heures, la personne est victime de paralysie respiratoire
suivie d’un décès irrémédiable.
Toujours est-il que les serpents responsables d’envenimations
sévères sont considérés en Afrique comme
un véritable problème de santé publique. D’autant
que le Sénégal compte seulement deux centres de distribution
du sérum antivenimeux : à Dakar et Kaolack. Alors que
paradoxalement, le besoin est plus élevé à Kédougou,
en Casamance et dans les régions proches du fleuve Sénégal.
Guermia BOUBAAYA
Remède contre les morsures : L’antivenin, seul traitement efficace - Le quotidien - Sénégal - 30/04/2005
«80% de la population sénégalaise se rend chez
des tradipraticiens suite à des morsures de serpents»,
informe Jean-Philippe Chippaux, directeur de recherche à l’Institut
de recherche pour le développement (Ird). Seulement, d’après
lui, les méthodes traditionnelles sont loin d’avoir prouvé
leur efficacité même s’il reconnaît que dans
20 % des cas, ce recours a été «un peu efficace,
mais pas suffisamment».
Toutefois, regrette M. Chippaux, le sérum antivenimeux qui est
le seul traitement thérapeutique occidental connu actuellement
et efficace contre les morsures de serpents est inaccessible. Et parmi
les principales raisons avancées par ce chercheur : son coût
élevé oscillant entre 40 000 et 50 000 francs Cfa. Au
regard de la fréquence des morsures en Afrique, les besoins s’élèveraient
à 2 millions environ d’ampoules par an, alors que les ventes
de sérums antivenimeux aux centres de soins dépassent
rarement cent mille unités. «En 2004, 250 ampoules de sérum
antivenimeux ont été vendues au Sénégal
alors que le besoin était de dix mille», déplore
M. Chippaux. Il se trouve aussi que les populations rurales d’Afrique
ne bénéficient pas toujours d’infrastructures sanitaires
de proximité et que la formation lacunaire du personnel de santé
pour traiter des envenimations reste un problème.
C’est pourquoi, informe le spécialiste des serpents, l’Ird
s’inscrit dans un partenariat avec des producteurs du Sud «pour
fabriquer un sérum antivenimeux tout aussi efficace et bien toléré
des victimes de morsures». Mais moins cher et surtout plus facile
à l’emploi pour améliorer sa distribution en Afrique.
«Les essais cliniques vont commencer en juin et le sérum
devrait être commercialisé dans le courant de l’année
2006», soutient M. Chippaux.
Guermia BOUBAAYA
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