Cette revue de presse est faite par nos services en accord avec les sources.
Seuls ces journaux détiennent les droits de reproduction de ces articles.
Si vous souhaitez exploiter autrement que pour votre propre usage, l'une des informations de cette rubrique, nous vous demandons de bien vouloir vous mettre en relation aves les responsables afin de solliciter leur autorisation.
Chaque article reproduit comporte le lien vers la page d'accueil du journal ainsi qu'un lien vers l'article original.
Merci de votre compréhension.

Nous vous souhaitons d'agréables moments sur
Santé Tropicale



Abonnez vous gratuitement à l'édition numérique de Médecine d'Afrique Noire
4826 abonnés - 20 nouveaux abonnés cette semaine !

Chirurgie maxillo-faciale : Dr Yacouba Guigma dissèque une spécialité peu connue - Le pays - Burkina Faso - 15/05/2005
Dans les différentes déclinaisons de la chirurgie suivant les parties du corps, il y a la chirurgie maxillo-faciale. En d'autres termes, la chirurgie des maxillaires (mâchoires) et de la face. Quelles sont les maladies pour lesquelles une intervention chirurgicale est nécessaire au niveau de ces parties ? La chirurgie maxillo-faciale est-elle une chirurgie esthétique ? Comment devient-on chirurgien maxillo-facial ? La recherche de réponses à ces quelques questions nous a conduit à la rencontre d'un praticien de cette spécialité qui est d'ailleurs présenté comme l'un des tout premiers chirurgiens maxillo-faciaux du Burkina. Il s'agit du Docteur Yacouba Guigma, propriétaire de la Clinique Fatima où il exerce depuis 2002 après avoir pris sa retraite de la Fonction publique.

"Votre Santé" : Qu'est-ce que la chirurgie maxillo-faciale ?

Docteur Yacouba Guigma : La stomatologie chirurgie maxillo-faciale est une spécialité médico-chirurgicale qui s'intéresse aux parties molles de la face, de la bouche, à la pathologie des dents, des glandes salivaires, des os - c'est-à-dire des maxillaires supérieurs et des maxillaires inférieurs - et à la pathologie de l'articulation temporo-maxillaire. C'est une chirurgie pas tellement connue, même dans les pays où nous avons fait nos études.

"Votre Santé" : Comment devient-on chirurgien maxillo-facial ?

Docteur Yacouba Guigma : A l'époque où je suivais ma formation, il fallait d'abord faire des études médicales, ensuite faire l'internat des hôpitaux et enfin choisir la spécialité.

"Votre Santé" : Quelles est la situation de cette spécialité au Burkina ?

Docteur Yacouba Guigma : A l'heure actuelle, en plus du retraité que je suis, il y a 2 chirurgiens maxillo-faciaux au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo et 2 autres à l'Hôpital de Bobo. Il s'agit de jeunes qui ont commencé à exercer à partir de 1998 après des études en Europe, à Cuba et à Abidjan.

"Votre Santé" : Qu'est-ce qui explique ce petit nombre de praticiens ?

Docteur Yacouba Guigma : Jusqu'à ce que le Burkina ouvre une école de médecine, tous les médecins étaient formés dans les universités africaines ou en Europe. Les médecins se comptaient sur le bout des doigts et leur nombre était insuffisant pour satisfaire les hôpitaux. Il faut également signaler le manque d'informations, la longue durée des études et la rareté des bourses. Tout cela explique le petit nombre de praticiens.
Les chirurgiens maxillo-faciaux du Burkina ont-ils un cadre de regroupement comme un ordre ou un syndicat ?
Jusqu'à présent, et vu notre nombre, nous n'avons pas un regroupement en tant que tel. Jusqu'en 1998, j'étais le seul praticien avant que les jeunes ne rentrent des études. Aujourd'hui, nous sommes intégrés à l'association des chirurgiens dentistes.

"Votre Santé" : A la longue allez-vous vous retrouvez dans un cadre qui vous est propre ?

Docteur Yacouba Guigma : Je vous rappelle qu'au niveau continental, il y a eu en 1992 un regroupement : le Collège odonto-stomatologie et de chirurgie maxillo-faciale (COSACMF) et la Fédération africaine de chirurgie (CAF). Au niveau national, comme je le disais tantôt, il n'y a pas un regroupement spécifique mais je pense que cela viendra un jour.

"Votre Santé" : Bien que vous soyez à la retraite, arrive-t-il que l'on vous sollicite à l'hôpital pour des soins ou à l'Université pour des cours ?

Docteur Yacouba Guigma : Non. Depuis ma retraite, j'évolue dans le privé et c'est à ce niveau que certaines cliniques m'ont souvent appelé.

"Votre Santé" : Quelle est l'utilité d'un chirurgien maxillo-facial dans un pays comme le Burkina ?

Docteur Yacouba Guigma : La chirurgie de la face est exactement la chirurgie de l'organisme. Ce sont les mêmes tissus, les mêmes pathologies. Autant il y a des fractures, des traumatismes causés par exemple par les accidents de la circulation routière, autant il y a des maladies qui apparaissent soit au niveau du ventre, soit au niveau de la face. Prenons un exemple : il peut avoir des fibromes au niveau de l'utérus ou de l'ovaire, au niveau de la face. L'utilité de la chirurgie maxillo-faciale est d'aider à soigner les gens, à prendre en charge toutes les pathologies d'une façon plus appropriée.

"Votre Santé" : Arrive-t-il que le chirurgien maxillo-facial délaisse la face pour intervenir sur une partie du corps comme le ventre ?

Docteur Yacouba Guigma : Personnellement, j'ai eu à le faire mais pas pour opérer au niveau des intestins, du foie. La plupart des chirurgiens maxillo-faciaux vont au niveau du ventre mais s'intéressent plus aux parties molles, c'est-à-dire la peau, parce que les malformations, les séquelles d'accident, les pertes de substances sont telles qu'il faut aller ailleurs chercher de quoi pallier. Et le ventre est une partie où on peut prélever des tissus à des fins de reconstitution en vue de permettre au patient d'être socialement accepté.

"Votre Santé" : La chirurgie maxillo-faciale est-elle une chirurgie esthétique ?

Docteur Yacouba Guigma : La chirurgie esthétique est tenue à avoir le souci de l'esthétique eu égard à son champ d'action. La face représente l'homme. Une chirurgie mal faite à cette partie du corps transforme la personne. Quand on parle de l'esthétique, on voit le visage. Mais c'est au niveau de la face que se concentre l'attention de tout chirurgien car c'est à ce niveau que s'épanouissent les deux nerfs faciaux dont le bon équilibre donne l'harmonie du visage. Il faut dire que le public confond chirurgie esthétique et chirurgie plastique. La première s'intéresse à la peau et aux parties superficielles du visage. La deuxième est une chirurgie lourde reconstitutive des différentes parties de la face et même du visage. A titre d'exemple, quand l'infirmière utilise le dermatome pour supprimer les érosions de la peau du visage, nous disons qu'elle fait de la dermabrasion éventuellement appelée chirurgie esthétique. Quand je vais prélever la peau du ventre, du cou ou du cuir chevelu pour reconstituer une partie du visage (pyramide nasale, lèvre), je fais de la chirurgie plastique. Avec la technologie moderne (laser) nous assistons à une grande transformation des possibilités.

"Votre Santé" : Avez-vous déjà eu à pratiquer ce qui s'apparente un peu à de la chirurgie esthétique ?

Docteur Yacouba Guigma : Nous incluons la chirurgie esthétique dans tous les actes que nous pratiquons. C'est le développement de la privatisation qui a détaché cette partie de la chirurgie maxillo-faciale. Actuellement, on parle des plasticiens pour désigner les chirurgiens qui pratiquent la chirurgie plastique.

"Votre Santé" : La chirurgie maxillo-faciale est-elle accessible à tout le monde en terme de coût ?

Docteur Yacouba Guigma : Le degré d'accessibilité est le même que pour les autres spécialités chirurgicales. Mais c'est la banalisation de cette pathologie qui diminue l'élan de la prise en charge. Les aides sont facilement mises en disponibilité pour une malade présentant un fibrome de l'ovaire qu'à une qui le présente sur le maxillaire.
La nomenclature internationale sur le coût des actes chirurgicaux est la même pour toute la chirurgie de l'organisme.

"Votre Santé" : Qui dit chirurgie dit "charcuterie". Est-il possible pour quelqu'un qui a peur du sang de devenir chirurgien ?

Docteur Yacouba Guigma : Effectivement, il y a des gens qui ont la phobie du sang. Il y a plusieurs cas où des gens se sont évanouis en voyant du sang. Mais c'est une question d'habitude. A force de voir du sang, on finit par s'habituer, à ne plus avoir peur. Mais il y en a qui n'arrivent pas et finissent par changer de spécialité.

"Votre Santé" : La chirurgie maxillo-faciale nourrit-elle son homme au Burkina ?

Docteur Yacouba Guigma : D'une façon spécifique, la chirurgie est un domaine où il faut regrouper des moyens convenables pour obtenir de bons résultats. La vie de l'homme est en cause à tout instant. L'idéal est que la structure soit publique ou subventionnée par les ONG. Nous les privés ressentons le poids du coût des appareils du bloc opératoire et surtout le fonctionnement qui demande chaque fois des moyens exceptionnels. C'est pourquoi on peut dire que la chirurgie maxillo-faciale ne nourrit pas son homme au Burkina, vu la modicité et le manque d'informations des patients.
L'harmonie viendrait du développement d'une sécurité sociale qui permettrait aux plus démunis de se prendre en charge.

Lire l'article original : http://www.lepays.bf/mensuel/invite2.asp?Numero=79

Retour au sommaire de l'actualité de la santé tropicale

Valid XHTML 1.0! Valid CSS!