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Dr Bénié Bi Vroh Joseph, Directeur du Programme Santé de la réproduction : Contraceptifs dans le public : “Nous ne sommes pas loin d’une rupture” - Fraternité Matin - Côte d'Ivoire - 12/05/2005
Fraternité Matin : Les ONG américaines organisatrices de l’atelier auquel vous venez de prendre part à Saly Portudal pensent que sans produits contraceptifs, il n’y a pas de programme de planification familiale. Le programme ivoirien a-t-il des produits ?

Docteur Bénié Bi Vroh Joseph : Pour répondre franchement à la question, aujourd’hui au mois de Mai 2005 le programme dispose de produits contraceptifs. Mais je ne suis pas sûr de ce que sera demain. Cela dans la mesure où tous les partenaires au développement qui appuyaient le programme pour l’approvisionnement en contraceptifs sont entrain de se désengager. Nous sommes donc à une étape très critique si nous nous interrogeons sur le futur.

Fraternité Matin : Quels sont ces partenaires qui sont entrain de se désengager ?

Docteur Bénié Bi Vroh Joseph : Comme principal partenaire, nous avons le fonds des nations unies pour la population (UNFPA). Pendant pratiquement deux décennies le programme a été financé par ce partenaire. Mais durant ces deux dernières années, le programme a été plus appuyé par le programme de développement de soins et de service intégré (PDSSI) financé par la banque mondiale. Aujourd’hui ce projet a pris fin et nous n’avons pas de sources de financement sûres.Le programme que vous dirigez a un lendemain incertain en matière d’approvisionnement en produits contraceptifs.

Fraternité Matin : Ce demain est ce dans un an, deux ans ?

Docteur Bénié Bi Vroh Joseph : A la fin de l’année 2005, il faut envisager très sérieusement de faire quelque chose. Nous avons encore quelques produits jusqu’à la fin de l’année, et cela parce que tout le territoire n’est pas couvert. Mais nous ne sommes pas loin d’une rupture.

Fraternité Matin : Quels sont les produits contraceptifs dont dispose le programme ivoirien en matière de contraception ?

Docteur Bénié Bi Vroh Joseph : Nous avons toute la gamme pratiquement sauf le Norplant. A un moment donné pour des problèmes institutionnels la Côte d’Ivoire n’a pu avoir ce produit, mais cela ne saurait tarder.
Nous ne faisons pas en Côte d’Ivoire les méthodes irréversibles notamment la ligature des trompes chez les femmes et la vasectomie chez l’homme. En dehors de ces trois méthodes, toutes les autres sont disponibles en Côte d’Ivoire.

Fraternité Matin : Vous voulez faire un plaidoyer pour le Norplant, je crois. Pourquoi, qu’est ce qu’elle offre cette méthode ?

Docteur Bénié Bi Vroh Joseph : Le Norplant est une méthode simple, facilement supportée et de longue durée. Avec le Norplant, la polémique a été que les sages femmes n’étaient pas des chirurgiens pour administrer le Norplant qui se place sous la peau de l’avant bras après une petite incision. Cela a bloqué l’utilisation de la méthode. Mais aujourd’hui, je pense que tous les chirurgiens ont compris qu’il faut que nous puissions déléguer des charges aux sages femmes qui font les activités de santé de la reproduction au quotidien pour insérer ces pastilles. Qui donnent une certaine sécurité à la femme parce que c’est pour au moins cinq ans que la femme est protégée et elle peut prendre ainsi en charge sa fécondité. C’est vraiment un plaidoyer que nous faisons.

Fraternité Matin : Le Norplant parmi les produits de la SR c’est pour quand exactement ?

Docteur Bénié Bi Vroh Joseph : Pour avoir le Norplant il y une démarche à avoir. Nous l’avons commencé, mais nous pensons être prêt à la fin de l’année. Car cela suppose des fonds pour former les prestataires, pour l’acquisition du matériel. Nous avons programmé tout cela pour la fin de 2005. Le Norplant sera certainement dans notre gamme de produits en 2006.

Fraternité Matin : Vous n’avez pas d’argent, les sources de financement sont entrain de tarir et vous créer de nouvelles dépenses avec l’introduction d’un autre produit. N’est ce pas un peu risqué pour la sécurité des produits ?

Docteur Bénié Bi Vroh Joseph : Non et nous sommes très optimiste parce que nous pensons que notre cri d’appel sera entendu. Nous espérons que les décideurs vont s’investir dans la planification familiale en dotant le programme de moyen conséquent afin de faire face à toutes ces dépenses.
La formation qui devra se faire par rapport au Norplant ne coûte pas plus chère que les contraceptifs. Pour le Norplant lui-même qui a un coût additionnel, nous l’avons programmé dans notre planification pour l’année prochaine.

Fraternité Matin : En matière de contraceptifs, j’ai comme l’impression que la pénurie dans le public ne touche pas le privé ? Comment vous collaborez ?

Docteur Bénié Bi Vroh Joseph : Dans le public, il y a un certain nombre d’aléas que nous n’arrivons pas à prendre en compte. Le budget peut être voté et ne pas être disponible. Cela fait partie des aléas. Alors que dans le privé, l’argent liquide est disponible en permanence. Je pense que cela se gère plus facilement. De plus il y a le fait que dans le privé, le recouvrement des coûts étant plus important, on a tendance à avoir plus d’argent et le coût même des contraceptifs est plus élevé dans le privé que dans le public. Alors que nous   faisons pratiquement du social. Par exemple un dispositif intra-utérin (DIU ou stérilet) que nous faisons à 1000 FCFA coûte 48000 F dans le privé. Vous voyez que nous n’avons pas les mêmes problèmes, nous sommes suspendu à la manne gouvernementale.

Fraternité Matin : Il est déploré au cours de cet atelier que les états ne prévoient pas de budget pour l’approvisionnement en produits contraceptifs. Quelle est la situation en Côte d’Ivoire ?

Docteur Bénié Bi Vroh Joseph : Au jour d’aujourd’hui, il n’est prévu que sept millions de francs pour l’approvisionnement en produits contraceptifs en Côte d’Ivoire en 2005 sur un total de 800 millions que nous espérions. A la conférence budgétaire au ministère de l’économie et des finances, nous avons fait un plaidoyer, malheureusement nous n’avons pas eu ce budget, mais nous avons obtenu une augmentation conséquente que nous espérons effectivement obtenir après la notification budgétaire.

Fraternité Matin : Les sept millions prennent ils en compte cette augmentation conséquente ?

Docteur Bénié Bi Vroh Joseph : Non, les sept millions concernent la ligne budgétaire médicaments dans laquelle nous mettons les contraceptifs. Sinon il n’y a pas de ligne budgétaire contraceptifs. Ce que nous espérons c’est qu’il y ait une ligne clairement définie, réservée exclusivement pour les contraceptifs. Malheureusement nous n’avons pas eu gain de cause, mais nous espérons que l’année prochaine les choses iront mieux.

Fraternité Matin : La tendance comme l’a souligné cet atelier est d’inclure les infections sexuellement transmissibles y compris le VIH/SIDA dans la planification familiale. Il se trouve que les femmes sont plus touchées par le VIH/SIDA et malheureusement, le contraceptif qui leur est propre lui n’est pas suffisamment promu ou pris en compte dans les produits de la SR.

Docteur Bénié Bi Vroh Joseph : Le programme national de santé de la reproduction et planification familial prend en compte le préservatif féminin même si nous avons eu une petite dotation.
Pour 2006, nous l’avons prévu dans le budget que nous demandons. Et donc il n’y a pas de raison que nous ne fassions pas la promotion du préservatif féminin, qui est une méthode efficace.
Nous souhaitons que les décideurs comprennent que certes il faut se battre pour le développement, la lutte contre le VIH/SIDA, mais il y a la planification familiale. Il faut lui accorder une place importante. Qu’elle soit repositionnée. On a eu des résultats probants. Et pour preuve, de 1888 à 1994, la prévalence contraceptive est passé de 3,4 à  5,2 puis à 10, 5. Avec cet investissement qu’on a fait l’indice synthétique est passé de 7,2 à 5,4. Il y a eu une chute importante, nous étions sur la bonne voie quand il y a eu le désengagement des partenaires et puis cette guerre qui est venue compliquée la situation. Raisonnablement si les pays est doté de moyens, il n’ y a pas de raison que les choses ne reprennent pas. Et que nous ne relancions pas la planification familiale pour avoir des bons résultats en vue surtout de réduire la mortalité maternelle.

Fraternité Matin : Dans les années 80 il y a eu de bons résultats vous avez dit et pourtant la mortalité maternelle n’a pas chuté, elle est allée croissante...

Docteur Bénié Bi Vroh Joseph : La mortalité maternelle est allée croissante du fait que à un moment donné il y a eu un désintéressement. Donc les chiffres ont stagné.  Je pense que cela va ensemble. Il faut surtout faire cette corrélation entre mortalité maternelle et planification familiale (PF) dans la mesure où la PF permet d’éviter un certain nombre de décès. Par exemple quand on investit 500 millions de FCFA dans la planification familiale, on récolte en retour des vies humaines que l’on sauve. C’est-à-dire qu’on évite 150.000 avortements, 11.000 décès d’enfants de moins de un an, ce qui est vraiment un gain important. Ce sont autant de résultats qui devraient nous pousser à opter pour la planification familiale. Le fait de diminuer cette population devra permettre d’avoir une population valide qui participera effectivement au développement surtout quand on sait que la population féminine est la pilier du développement. Sauver des vies humaines, des vies de femmes, c’est vraiment gagner en développement. Nos états ont donc l’obligation, fort de l’engagement qu’ils ont pris au niveau des nations unies d’œuvrer pour l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement.

Fraternité Matin : C’est vrai que la SR souffre de financement dans nos pays, on en parle beaucoup mais on oublie aussi le manque de lois en faveur de cette santé...

Docteur Bénié Bi Vroh Joseph : Oui, c’est bien de disposer de médicaments, mais il est aussi important de baliser le terrain, c’est-à-dire de faciliter l’activité sur le terrain. Car s’il y a des lois qui constituent des entraves au bon déroulement des activités, s’il y a des cultures qui s’opposent à l’utilisation des contraceptifs, il va s’en dire qu’on ne pourra pas avoir une bonne prévalence contraceptive .C’est d’ailleurs pour cette raison, qu’un avant projet de loi   va être proposée à l’assemblée. Elle prend en compte tous les aspects de la santé de la reproduction en dehors de l’avortement qui pose encore problème. Si cet avant projet de loi est adopté, cela nous permettra de travailler facilement et il contribuera certainement à l’adhésion de la population aux messages que nous véhiculons.
Cet atelier a posé les jalons de la collaboration entre journalistes, parlementaires et techniciens de la santé de la reproduction. Une collaboration qui sera bénéfique pour les populations dans la mesure où les techniciens que nous sommes, avons le devoir de mener des activités que les journalistes vont relayer et les parlementaires qui vont nous faciliter le vote des lois à l’assemblée. L’un dans l’autre, cette coalition tripartite devrait nous permettre de faire avancer les choses et de travailler en étroite collaboration et surtout chaque fois que le besoin se fera sentir de pouvoir nous mettre ensemble pour réduire un tant soi peu cette mortalité maternelle.

Fraternité Matin : Ce n’est pas le premier atelier entre journalistes, parlementaires et techniciens de la santé, le problème est qu’au sorti des salles après les promesses, une fois sur le terrain, la langue de bois demeure, la lourdeur administrative et c’est toujours le manque de confiance. Pensez vous que cet atelier va changer quelque chose ?

Docteur Bénié Bi Vroh Joseph : Ce que vous dites est une réalité, mais c’est déjà très important que nous puissions nous approcher les uns des autres. C’est sûr il y a peut être cinq ans, il n’était pas évident d’avoir ce contact avec les journalistes. Chacun regarde l’autre en chien de faïence. Les techniciens ne veulent pas donner l’information de peur d’être ridicule ou de faire des erreurs, les journalistes qui n’ont pas l’information quand eux ils le veulent etc. Je pense que cet atelier qui nous a quel que peu rapproché et au cours duquel chacun a fait son mea culpa, que chacun ait vu un peu l’importance de l’autre, peut faire changer les choses. Ce ne sera pas comme un coup de bâton magique, mais je pense que progressivement les choses vont aller dans le bons sens. Les journalistes sont sensibilisés, les parlementaires le sont, les techniciens aussi, maintenant il nous reste à nous mettre ensemble. Nous sommes condamner à le faire.

BAKAYOKO Zeguela

Lire l'article original : http://213.239.215.195/fratmat/content/detail.php?cid=5GQ64ffXJ51

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