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Gbéri-Amoukro: 50% de la population est aveugle - Fraternité Matin - Côte d'Ivoire - 16/05/2005
Les ravages de l’onchocercose dans la S/P de Kokoumbo

Le village de Gbéri-Amoukro situé dans la sous-préfecture de Kokoumbo est miné par l’onchocercose. De tous les 15 villages en proie à cette maladie, il est le plus touché avec 50% de sa population désormais aveugle et 30% malvoyant. Les simulies, vecteurs de cette maladie continuent d’infecter cette localité et ses environs.

Ce qui frappe le visiteur qui arrive pour la première fois à Gbéri-Amoukro, c’est son délabrement avec ses cases de fortune aux murs lézardés et croulants. A ce triste décor viennent s’ajouter les allées et venus d’enfants (6 à 8 ans) un torse nu, offrant innocemment leur corps aux piqûres des simulies. Leurs parents, aveugles pour la plupart, l’iris opaque, cherchant leurs chemins à travers le village et les sentiers…
Ce qui est impressionnant, c’est que ces aveugles malgré leur handicap, peuvent se déplacer d’un point à l’autre du village. Certains d’entre eux comme Kouakou Kindo, président de la section départementale de l’Association des aveugles de Côte d’Ivoire, et le Pasteur Kouakou Norbert, évangéliste pour les non-voyants, tous natifs du village, voyagent seuls à travers des villes…

A Gbéri-Amoukro, les populations jeunes et les bras valides ont fui le village, de peur de contracter la maladie. Les terres fertiles sont de ce fait sous exploitées. Un rapport du 24 juillet 2003 de la sous-préfecture de Kokoumbo confirme la situation socio-économique actuelle de Gbéri-Amoukro. Les difficultés que vivent les populations sont de plusieurs ordres. Cette localité enclavée est en bordure des rives du fleuve Bandama. Malgré le récent reprofilage de la piste menant à ce village par le conseil général de Toumodi, Gbéri-Amoukro reste difficile d’accès en saison pluvieuse. La voie étant impraticable par endroits.
Sous-équipé, Gbéri-Amoukro ne dispose ni d’eau courante, ni d’électricité. Les trois pompes d’hydraulique villageoise qui alimentaient jadis le village, sont en panne et à l’abandon depuis 10 ans. “Pour l’eau de boisson, ceux qui le peuvent se rendent dans des villages voisins situés à au moins 15 km, pour trouver un peu d’eau potable. En général nous buvons directement l’eau du Bandama ”, confie Mme Koffi Adjo, une jeune ménagère malvoyante. Quant à Mme Boty Lou Akissi, elle fait bouillir l’eau du fleuve ou de puits recueillie avant de la consommer en famille. Elle le fait depuis trois ans qu’elle est obligée de vivre au village à cause de sa mère malade.

Pour Gbéri-Amoukro, il n’existe pas de projet d’électrification. Une situation qui retarde l’ouverture du centre rural d’alphabétisation en braille, d’agro-pastoral et artisanal (RAA), que vient de construire l’O.N.G “Fraîche Rosée ”. Il n’existe pas aussi de logements modernes. Même les cinq classes de l’école primaire, ne fonctionnent que de moitié. Les instituteurs ayant fui le village. Pour le fonctionnement de l’école, il n’y a que deux instituteurs, aidés de quelques bénévoles pour enseigner les enfants.
Paradoxalement, ce village où sévit avec acuité l’onchocercose, ne dispose d’aucune structure sanitaire. Les malades sont abandonnés à eux-mêmes. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré, depuis 1997, la Côte d’Ivoire zone hors endémique pour l’onchocercose et a cessé toutes prestations au profit des malades, dont ceux de Gbéri-Amoukro. Depuis lors, il n’y a plus, selon le Dr Tia André, directeur du district sanitaire de Toumodi, de séances d’épandage d’insecticides le long des cours d’eau en général, ni du Bandama où vivent les populations de Gbéri-Amoukro. Et pourtant les vecteurs de la maladie sont présents et continuent de faire des ravages au sein de la population.

Selon un rapport de juillet 2003 du district sanitaire de Toumodi, sur la situation à Gbéri-Amoukro, 899 malades étaient atteints de l’onchocercose en 2001, et 952 malades en 2002. Ces derniers étaient encore sous traitement, lorsque la guerre a éclaté le 19 septembre 2002. Depuis lors, les malades ne reçoivent plus régulièrement le traitement à l’Iermectime (comprimé buvable). Des comprimés qui étaient fournis par le Programme Oncho de l’O.M.S.
A partir du centre de santé de Bonikro (S/P de Kokoumbo), les malvoyants recevaient annuellement jusque-là, par personne, deux comprimés d’Ivermectime. Soit un comprimé par semestre. Les activités champêtres sont devenus pour elles de véritables corvées. On ne vend ni n’achète presque plus rien dans le village de Gbéri-Amoukro.

La situation est presque identique à Didablé, Sawué, Yobouébo, Gbovia, Zougoussi, pour ne citer que ces villages atteints par l’onchocercose. Le Dr Tia André, directeur du district sanitaire de Toumodi, qui dira le contraire. Lui qui a vu la résurgence et les ravages de certaines maladies endémiques dont l’onchocercose, souhaite vivement que l’OMS revienne sur sa décision. “Que l’O.M.S, reprenne en main la situation car l’onchocercose est loin d’être enrayée. Il faut que l’épandage par hélicoptère d’insecticides sur les plans d’eau des rivières et fleuves de la région, reprenne”. Avant d’annoncer que la lutte contre cette maladie va reprendre bientôt avec 92 agents de santé communautaires formés cette année.

Malgré tout, un centre d’étude, pour enfants non ou malvoyants, a ouvert ses portes en 1999, à Toumodi. Des enfants des villages de la sous-préfecture de Kokoumbo y prennent des cours. La situation dramatique que vit Gbéri-Amoukro, ce village de 1259 âmes, selon le rapport de juillet 2003, appelle des solutions urgentes, afin d’éviter une catastrophe. Cela avec l’aide et l’appui d’organismes internationaux et d’agences humanitaires, pour épargner Gbéri-Amoukro et les autres villages atteints, de cette maladie de la déchéance humaine, afin de redonner à la localité aurifère de Kokoumbo toute sa productivité.

KOUASSI ARISTIDE K. - Correspondant régional

Lire l'article original : http://213.239.215.195/fratmat/content/detail.php?cid=m5u8pHUKh27

 

Dr Tia André, Directeur départemental de la Santé de Toumodi : “92 agents ont été formés pour combattre l’onchocercose” - Fraternité Matin - Côte d'Ivoire - 16/05/2005

Fraternité Matin : Quelle est la situation actuelle de l’onchocercose dans le département de Toumodi ?

Docteur Tia André : Nous n’avons pas encore la situation exacte. Le point est en cours.

Fraternité Matin : Les villageois disent que l’OMS n’est plus présente sur le terrain. Qu’est-ce qui explique ce retrait ?

Docteur Tia André : Nous n’avons pas connaissance des raisons officielles de ce retrait. Il faut cependant noter que la crise dans notre pays a fait que nombre de programmes au niveau de la santé ont arrêté leurs activités. C’est pourquoi les activités sur le terrain ont pris un retard. Mais depuis le début de l’année 2005, tous les programmes ont repris sur le terrain. Concernant l’onchocercose, nous avons reçu la visite du programme de lutte contre l’onchocercose depuis mars 2005 à Yamoussoukro où tous les infirmiers des centres de santé concernés ont été formés. A l’issue de cette formation, les agents de santé dans les villages ont été identifiés et formés. Il leur a été remis des médicaments et des registres pour la prise en charge des patients.

Fraternité Matin : Mais au cours de notre visite à Gbéri-Amoukro, les villageois nous ont appris que l’OMS n’est plus sur le terrain depuis 1997. Selon eux l’OMS a déclaré que la Côte d’Ivoire n’est plus une zone endémique en matière d’onchocercose. Qu’en est-il exactement ?

Docteur Tia André : Effectivement, concernant l’épandage des insecticides le long des cours d’eau dans ces zones-là, l’OMS avait en son temps déclaré que ce n’était plus un problème majeur de santé publique dans certaines zones de l’Afrique de l’Ouest, en l’occurrence la Côte d’Ivoire. Mais avec la guerre, toutes les affections endémiques ont commencé à resurgir. De même que l’onchocercose. Nous sommes donc interpellés. C’est pour cela que tous les agents de santé communautaire, les infirmiers ont été formés pour la bonne prise en charge des patients. Je pense alors que vu la nouvelle situation, l’OMS pourrait revenir sur sa décision.

Fraternité Matin : Quels conseils pouvez-vous donner pour la prise en charge des malades ?

Docteur Tia André : En matière de prise en charge des malades de l’onchocercose dans les villages concernés, nous avons toujours demandé aux villageois de se tendre dans les centres de santé les plus proches dès qu’ils sentent les premiers signes de la maladie. Les premiers signes de cette affection, c’est essentiellement des nodules, des éruptions qui apparaissent sur la peau, qui démangent. Les nodules, ce sont des boules qui apparaissent sous la peau, elles sont indolores et dures. En plus de cela, il y a aussi des risques oculaires, essentiellement des larmoiements, des troubles oculaires. C’est passager mais lorsqu’on les a constatés, il faut se rendre à l’hôpital. Il ne faut pas attendre le stade tardif où l’atteinte oculaire est irréversible, une fois la cécité installée. A ce moment-là on ne peut plus rien faire pour la personne.

Fraternité Matin : Peut-on sauver le malade lorsque les premiers signes apparaissent ?

Docteur Tia André : Evidemment ! C’est comme toutes les maladies. Si le patient se rend à l’hôpital dès les premiers instants, on le prend en charge et cela évite les complications. Dans le cas de l’onchocercose, les complications oculaires surviennent généralement après 10 à 15 ans. Généralement, nos patients traînent les maladies au village pendant des années. Ils ne viennent à nous que lorsque les complications tardives apparaissent.

Fraternité Matin : Que faites-vous sur le terrain ?

Docteur Tia André : Nous menons des actions de prévention sur le terrain. Les agents de santé ont été formés à la prise en charge des patients. Nous avons les médicaments qu’ils distribuent à titre préventif aux populations vivant dans les zones concernées. Nous avons déjà au cours de l’année 2005 formé 92 agents de santé.

Fraternité Matin : Y a-t-il d’autres maladies qui sévissent dans le département de Toumodi ?

Docteur Tia André : Il s’agit de l’ulcère de Buruli. Nous enregistrons régulièrement des cas.  Djékanou a été identifié comme centre de prise en charge des malades de l’ulcère de Buruli. Cela dénoté de l’importance de l’affection dans la région. Par le passé, il y avait le vers de Guinée. Mais il est actuellement en train de reculer.

Fraternité Matin : Quelles sont les maladies que vous soignez le plus dans vos centres de santé ?

Docteur Tia André : Le paludisme vient en tête des consultations. Au titre de l’année 2004, nous avons enregistré 14.211 cas (soit 45%). Viennent ensuite les affections respiratoires aiguës avec 6.216 cas. Puis les diarrhées d’origines diverses avec 1976 cas. Les anémies viennent en quatrième position avec 1.025 cas enregistrés le plus souvent chez les enfants de 1 à 14 ans. A ces maladies il faut ajouter les lésions cutanées, les hypertensions artérielles et les IST.

Fraternité Matin : Les populations fréquentent-elles vos services comme vous l’espérez ?

Docteur Tia André : De façon générale, les populations ne fréquentent pas les centres de santé. Elles n’y viennent qu’au stade tardif. Et cela nous crée d’énormes difficultés dans la prise en charge. Parce qu’à ce moment-là, les complications sont déjà installées et nous n’avons pas les moyens nécessaires pour y faire face. Prenons le cas des maternités. Nous avons par exemple un taux d’accouchement à domicile qui avoisine les 30%.
Pour diverses raisons. Il y a des raisons d’ordre culturel, des problèmes de moyens et d’accessibilité au centre. Mais la principale cause de cette attitude est liée au manque de moyens. Les populations trouvent que l’hôpital coûte cher, tout comme les médicaments malgré la promotion, la vulgarisation des médicaments génériques qui sont à bas prix.

Interview réalisée par  Niangoran Martial - Correspondant local

Lire l'article original : http://213.239.215.195/fratmat/content/detail.php?cid=m5u8pHUKh27

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