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Mortalité maternelle en Côte d’Ivoire : Ces chiffres qui font peur - Le Patriote - Côte d'Ivoire - 14/07/2005
Malgré l’évolution de la médecine moderne, l’accouchement demeure un «voyage» à haut risque en Côte d’Ivoire. Nombreuses sont les femmes qui ne reviennent pas de ce voyage.
La grossesse, cette grâce de Dieu, se termine souvent en drame pour certaines femmes et familles. Très vite, le rêve d’avoir un bébé se transforme en cauchemar. Beaucoup de femmes meurent sur le lit d’accouchement. Tout comme pour le VIH/SIDA, la Côte d’Ivoire a le taux le plus élevé de la mortalité maternelle en Afrique subsaharienne. En la matière, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Chaque année, plus de 200 femmes meurent suite à une grossesse ou à un accouchement dans les seuls centres hospitaliers et universitaires (CHU) d’Abidjan. En 2002, le CHU de Cocody à lui seul, est passé de 203 à 229 décès en 2004. Au niveau national, les statistiques sont encore plus évocatrices. 597 décès pour 10.000 naissances vivantes. Ces chiffres ne prennent pas en compte les décès qui ont lieu chaque jour dans les domiciles, villages et contrées du pays. Devant l’ampleur d’un tel phénomène, le premier constat que l’on fait est que la grossesse reste une aventure périlleuse qui engage la femme dans une épreuve entre la vie et la mort. Et beaucoup sont les femmes qui n’en sortent pas vivantes.

Des causes multiples
La mortalité maternelle n’est pas un fait ex nihilo. C’est la combinaison d’un certain nombre d’éléments qui conduit à cette situation tragique. Selon des témoignages, les malheurs d’une femme en travail commencent avec l’apparition des premières complications. Ce qu’on pourrait assimiler à des scènes d’une pièce de théâtre dramatique subdivisée en quatre actes. Le premier tableau a trait à l’incompétence de la sage-femme en charge de la parturiente. L’exemple le plus évoqué de cette incompétence souvent décriée réside dans la détection des causes d’une hémorragie et dans la capacité à la stopper. Et le drame survient en général dans la décision prise, à l’emporte-pièce, d’évacuer la pauvre dame vers l’un des CHU de la place.

A ce niveau, les statistiques sont alarmantes. 78 % des décès sont dus à des hémorragies mal maîtrisées. Cette carence des sages-femmes est le résultat d’une formation inachevée. Plusieurs d’entre elles sortent des locaux de l’Institut national de la formation des agents de santé (INFAS) sans avoir fait un stage pratique. Selon le professeur Bohoussou Kouadio, président du réseau régional de prévention de la mortalité maternelle en Côte d’Ivoire (RPMM-CI), un cas pratique s’est posé dans une clinique de la place. Le médecin était en train de faire accoucher une femme par césarienne lorsque s’est présenté un autre cas jugé urgent. Tout naturellement, il demande à la sage-femme de s’occuper de cette dernière. C’est donc avec stupeur qu’il apprend qu’elle n’a jamais fait d’accouchement dans sa carrière. Le docteur, poursuit-il, a été obligé d’avoir recours aux services d’un autre médecin pour se sortir de cette situation embarrassante.

Malheureusement, ce cas n’est pas isolé. Dans bon nombre d’hôpitaux et cliniques de la place, à en croire, le professeur Bohoussou, des sages-femmes exercent sans avoir ‘’la main’’. Après la décision d’évacuer de la patiente au CHU, le deuxième problème qui se pose est celui de la disponibilité des moyens de locomotion que sont l’ambulance et le délai d’évacuation. Soit l’ambulance est en panne, soit elle est affectée à des tâches extra-sanitaires. Ce problème de véhicule est encore plus crucial pour les communes situées aux alentours d’Abidjan. En effet, des villes comme Jacqueville, Bingerville, Grand-Lahou… n’ont pas de bloc opératoire. En cas de complication, les femmes doivent être évacuées sur l’un des CHU d’Abidjan.

Une enquête démographique de la santé a montré que 50 % de la mortalité maternelle est liée à un retard de transfert des parturientes. Une fois arrivée au CHU s’ouvre le troisième tableau. Un tableau sombre et scandaleux. Les CHU d’Abidjan sont de véritables mouroirs en raison du manque presque total de matériels sanitaires, parfois de fait de premier ordre. Au CHU de Cocody par exemple, le délai d’attente pour un accouchement par césarienne varie entre 10 h 27 mn et 5 h. Pendant ce temps, la femme est livrée à elle-même sans aucun soin obstétrical d’urgence (SOU). Le retard de ces soins est à l’origine de 41,2 % de décès des femmes. Le professeur Bohoussou impute cette longue attente à l’insuffisance du bloc opératoire. (Un seul dans les différents CHU).

Le jeudi 7 juillet dernier témoigne le Dr. Bohoussou, quatre femmes étaient en attente d’une césarienne entre 10 h et 11 h 30 mn au CHU de Cocody. Après l’attente survient un autre problème. Le manque criant de matériels de soins. Surtout les kits de césarienne. Lesquels, distribués par la pharmacie de la santé publique (PSP), sont souvent en rupture de stock. Et quand ces soins existent, ils coûtent très chers. Cela nous conduit directement au dernier acte de notre « pièce ». Relatif aux difficultés financières des parents. Un kit de césarienne coûte au moins 21500 Fcfa. Sur cinq médicaments prescrits, les parents achètent 2 ou 3 par manque d’argent. Aujourd’hui, pour une seule nuit de couche, l’on dépense entre 30.000 et 50.000 Fcfa pour les frais de prise en charge et d’ordonnances. Tout (seringue, alcool, coton) s’achète.

Un parcours de combattant
L’accouchement est un véritable trajet de long à haleine. Si notre pays ne manque pas d’atouts pour une meilleure prise en charge des complications de la grossesse, les résultats sont néanmoins extrêmement décevants. Insuffisance de la prise en charge des grossesses à risque, des maternités incompétentes, délais inadmissibles des prises en charges dans certains services spécialisés. Le taux moyen d’utilisation de la césarienne est de 0,78 %. La norme moyenne recommandée par l’organisation mondiale de la santé (OMS) est 5 %. Au risque de donner raison à un spécialiste qui disait. ‘’Aucun pays n’envoie ses soldats défendre leur patrie sans se préoccuper de les voir revenir sains et sauf. Et pourtant, depuis des siècles, l’humanité envoie des femmes au combat pour le renouvellement de l’espèce humaine sans les protéger’’. Il faut des décisions politiques et techniques qui dépassent sans doute de loin le seul cas des femmes enceintes, mais dont elles seraient les premières bénéficiaires.

D. Maïmouna (Stagiaire)

Lire l'article original : http://lepatriote.net/lpX3.asp?action=lire&rname=Société&id=18478

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